Correspondance de guerre

Ludger C., né à Lac-au-Saumon
Dorothée G., née à Saint-Luc-de-Matane
Envoyée de Gander (Terre-Neuve) et de Val-Cartier en 1943-1944
(durant la Deuxième Guerre mondiale) reçue à Matane par Dorothée G.
Âge de Ludger C. à la rédaction du texte : 26 et 27 ans –
Dorothée G., 19 et 20 ans

 
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LudgerC_001 
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10/7/43 
 
Ci dans la vie je savait d’être toujours isolé. 
Je n’aurait jamait assé de courage pour suporté 
Car il a rien de si triste sur Terre 
Que d’être éloigné d’un coeur qui nous est cher 
C’est petits mots ne son peut être pas compliqué.
Mais mon amour ne pouras jamait s’éfassé. 
Ludger 
 
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LudgerC_002 
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Valcartier 10/7/43 
 
Me voici seul assie desous un harbre 
il est dix heures de l’avant midi 
ou je pense a ma futur petite femme adorable 
mon coeur content de lavenir mais 
bien gros dans ce moment d’ennuit 
car il est triste d’être ici sans libertés 
mais Dieu qui a un ci grant 
pouvoir me donneras le courage et 
la volonté. Je traverce cette situation 
et jespère prochainement notre liberration.
Ludger 
 
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LudgerC_003 
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Mon coeur est mourant de grand chagrin 
D’être éloigné de ma chère Dorothy 
Mais dans quinze jours elle en sera le médecin 
Et il sera guérie pour l’éternellité. 
 
A l’heure mement je suis ton fiancée
Il c’est jamais passé 
une heure que je tés oublier 
Si Dieu le veut dans quinze jours je s’aurait ton petit mari 
Et de tout mon coeur et ma volonté 
tu seras la plus chéris pour la vie 
 
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LudgerC_005 
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Ce
« LIVRE-EST »
« AU »
« SOLDAT »
« CÔTE.L. E627344»
86 ST-PIERRE
MATANE P.Q.

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LudgerC_006 
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L’Amitier est 
le plus beau don que l’on puisse tirer de la vie 
Surtout une amitié comme la votre 
Voilà pourquoi je l’apprécie tant. 
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Tu te nomme Dorothy 
Et moi Ludger 
Deux noms a prenoncer 
Deux coeur a s’aimer. 
Garde ses mots gravé
Qui sont venus du 
coeur de ton fiancée 
Ludger 
 
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LudgerC_007 
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Le 19 mars 1944 
 
Je m’ennuie de toi ma belle 
Depuis que j’ai quitté le Canada 
Chaque soir mon coeur t’apelle 
Et te dit ne m’oublis pas 
Pense a moi je t’en suplie 
Car un jour je retourneré 
Souvien toi oh ma chérie 
De nos derniers baisers 
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C’est pensées sont écrite dans les heures de nuit où j’était sentinelle 
deux heures seule a pensés. 

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LudgerC_008 
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« Pensée » 
Dorothy, mon âme immortelle à ton âme, 
Te chante avec des vers de passion, 
Car je veux m’inspirer d’un idéal de flamme
En goûtant le divin par ton affection. 
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Je pense a toi, ma chérie, et ce clair paysage 
ou rayonne le jour aussi pur que vermeïl 
Semble avoir les douceurs de ton tendre visage 
Qui brille, a mes regards, d’un éclat tout pareil. 

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LudgerC_009 
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« Terre Neuve 20/3/44 » 
 
Dorothy, je pense à toi qui me rappelles 
Les jours du passer où nous vivions heureux
Tes sourires, ta voix, tes bontés maternelles 
Ensoleillent le cours de mes instants joyeux 

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LudgerC_010 
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« Terre Neuve 20/3/44 » 
 
Si Dieu me garde la vie 
Je retourneré au Canada 
Voir ma petite femme chérie 
Que je n’oublie pas 
 
« Terre Neuve 20/3/44 » 
 
Qu’il neige du soleil des roses sur ta vie 
Ou se glisse une ardeur frémissante d’espoir! 
Sous le toit abritant ta tendresse choisie.
Puisse-tu savourer l’ivresse des beaux soirs! 

Lettres

K. et F., 2006
Extraits du cahier personnel de K., âgée de 25 ans, traitant des débuts d’une relation avec F., 31 ans. Elle  habitait alors à Montréal.

texte 1
F…
 
Salut maman!
(…)
page 1 – bas
J’ai commencé à fréquenter quelqu’un. C’est encore une histoire un peu bizarre qui nous oblige à garder le silence sur notre relation. Mais à toi je peux bien le dire! Il s’agit du frère de ***, la copine de ***, c’est pourquoi c’est un peu délicat. D’autant plus que ma relation avec *** ne s’est terminée seulement que depuis quatre mois. Tout mon entourage me dit : Tu devrais voir comment il te regarde ! Tout le monde pense qu’il est encore accroché à moi. Je ne voudrais pas ruiner la belle amitié que nous avons. On s’est un peu parlé, il m’a dit qu’il s’attendait bien que je finisse par trouver quelqu’un et qu’il se fait à l’idée mais je n’ai pas osé lui dire que c’était déjà fait. De toute façon ma relation avec F… (c’est son nom) n’est pas officielle. On prend notre temps. Ni l’un ni l’autre n’est prêt à se ré-engager. Sa dernière relation a duré 12 ans et il a un enfant. En plus, il est un peu traumatisé parce que son ex était très contrôlante, il a peur de retomber dans ce piège. Je pense qu’on est sur le point de tomber amoureux l’un de l’autre. Pour te faire un bref portrait : Il a fait un bac en philosophie et il a créé un site de discussions sur les voyages. Il vit de sa petite entreprise maintenant en vendant de la pub sur son site. C’est un passionné du Népal et lorsqu’il en aura les moyens, il ira faire de l’aide humanitaire là-bas, pendant de longues périodes de temps, C’est lui qui m’a dit de t’écrire, je lui ai dit que je m’ennuyais…
 


Pour qu’une fois un homme veut offrir ce qu’il peut à son enfant, laissez-le lui.

 

Des fois j’ai l’impression que tu voudrais que je vive comme si j’avais un enfant, comme toi, Il faudrait que je fasse toutes les concessions qu’impose avoir un enfant sans en retirer les bénéfices que j’aurai si j’en avais un. Si on habitait ensemble, je me sentirais p-e plus comme une belle-mère.

 
texte 2
chanson
 
Il partira sans rancune et sans remords
il partira sans s’inquiéter de mon sort
 
il partira à la conquête de sa vie
il partira me laissant seule derrière lui
 
mais je l’aime à m’accrocher
là je reste figée
mais je l’aime m’effacer
il partira
vers une vie où je ne suis pas
il partira
ailleurs où il ne me voit pas
 
il partira
c’est sûrement pour le mieux
il partira
Une larme et un adieu

Journée rêvée (vers 2009)

A. D. et anonyme, 2018
A. D. est dans la jeune trentaine et habite Matane.

Un beau matin tu te retournes dans le lit comme une vague
On sourit et on séjourne dans le bonheur qui divague  
On y reste on oublie le reste  
On se raconte le passé et le rêve
Le voyage à venir, l’aventure à parcourir 
Arrière-plan musique et café     
On se recouche comme t’en as eu l’idée  
Puis habillés pomponnés se promener  
Au vent du grand soleil doré  
Croissant et encore café, lire ensemble pour échanger 
Composer des paroles, penser à nos casseroles 
Déambuler au marché, en revenir bien chargés  
Verre de vin,  cuisiner 
Ta main dans mes cheveux  
Tes mots doux à l’oreille  
Manger à n’en plus finir, se regarder et s’aimer  
Aucune distraction  
Pas de fosse aux lions  
Que toi et moi dans tout l’espace  
Boire tes paroles et vice-versa  
Bras dans les bras  
Sur le canapé  
Recommencer, aller s’promener  


Café, amis et mandolines  
Se composer de doux moments  
Improviser dans l’instant  
Ne pas rester encarcanés dans la routine 
Se réinventer, rester captivés  
L’un par l’autre  
Dans une journée rêvée 
Rassasiés  
De bonheur  
Continuer toujours à se parler  
Pourquoi c’est si dur de s’écouter   
S’apprécier 
Sans les urgences 
Sans les vacances  
On peux-tu encore se sentir en transe  
Désirée plus que jamais, idéale pour de vrai 
Mes exploits te chavirent pas, c’est parce que tu me regardes pas
Je suis juste à côté à me défoncer 
Pour tu ne puisses plus t’en passer  
Comme si on n’avait qu’aujourd’hui  
Ce serait vraiment ma journée rêvée  
M’endormir en me disant, enfin…  
Je veux l’appel, la surprise, l’envie


Viens t’en monte dans mon camion  
Comme ce feu sur la plage, ensemble  
Je me souviens d’une rivière  
Devenue prière  
Même pas l’impossible, ni l’inaccessible 
C’est une journée 
Ben ordinaire  
Et si ta journée rêvée n’était pas la même que moi
Et si je n’étais pas le vent pour toi  
Faudrait que tu me le dises, après 60 mois  
Pourquoi tu restes?  
Il faudrait que tu t’en ailles.   
Ce jour-là tu serais comblé  
Parce que tu te sentirais libre  
Tu pourrais  partir seul, sans t’emmerder  
Sans ta coloc émotionnée  
Et fuck le reste, et tant pis… le reste… du monde…
Ensemble, c’est tout, comme dirait le roman 
J’vas t’chavirer le cœur  
Avec tout ce qu’on a traversé  
Même quand t’es ici je m’ennuie de toi  
Chaque jour j’espère te faire tomber, encore
Tomber amoureux, tomber de haut  

Correspondance…

Laurie et Pierre-Luc, 2018
Lettre marquant le début d’une relation entre Laurie, 29 ans,  et Pierre-Luc, 32 ans. Néo-matanaise, elle habite maintenant à Rimouski.

Bonjour Pierre-Luc,

Ça m’as pris un temps fou avant de me décider à t’écrire…surtout que c’est peut-être pas l’endroit le plus idéal pour ce genre de message mais bon, c’est le moyen le plus facile pour moi, sachant évidemment, que je n’aurais peut-être pas de réponse avant un petit bout, oui oui, je sais  » tout est long avec P.-L. », ça pourrait être un titre de bande dessinée, ça non ? 😉

Je déconnes, c’est pas drôle.

Bref, ça m’a pris un temps fou à t’écrire, parce qu’en fait ça m’angoisse de t’écrire ou de te croiser sur ma route en allant au travail vu que tu travailles dans un certain bateau à la Marina…, parce que oui des fois, j’utilises un vélo au lieu d’une Corolla grisâtre et bourgeoise.

Pourquoi ça m’angoisse de t’écrire ? ou de même te parler dans une soirée comme un certain 23 juin proche d’un feu ou d’un tapon de gens qui dansent, parce qu’à vrai dire, j’ai envie de te connaître mais je ne sais pas comment. Au fond, je sais ben que c’est hyper facile d’aller te voir au moulin, mais dans le fond pas vraiment. Le seul moyen que j’ai trouvé c’est d’aller aux événements publics au Moulin. C’est une entreprise certes, tout le monde peut y aller, enfin tout le monde qui a besoin d’un conseil menuisier ou d’une chaloupe ou d’une chambre clandestine.

Bref, ce message est bizarre, maladroit, mais au moins, il me permet, de me dire Ok ouf, je peux passer à autre chose, et penser à autre chose et continuer mon petit bout de chemin, parce qu’en ce moment, ne rien faire, ne rien dire, ça m’angoisse. Ne te prends pas la tête avec ça, c’Est ben simple, j’attends pas de réponse, elle pourra arriver quand elle arrivera, j’avais juste besoin d’écrire puis de passer à autre chose, 😉

Bonne journée à toi et ton vieux bicois !

Bonjour Laurie,

Pour réutiliser un de tes mots, je me sens vraiment tout ‘’drôle’’ à la lecture de ton message. Tout d’abord parce que après notre dernière rencontre autour d’un feu de joie, je me suis dit zut, je voulais lui dire de porter attention au Bicois II, gros bateau de pêche rouge vif juste au bord du boulevard du Rivage, que tu pouvais peut-être m’apercevoir au travail lors de tes passages dans le coin et que cela pouvait bien ajouter une touche anecdotique à tes déplacement. Mais, plus sérieusement, surtout parce que j’ai l’impression de me sentir un peu comme toi. La réflexion est peut-être un peu tordue, mais je me suis même demandé si ton but n’avait pas été de mettre des mots sur ce que je ressent, chose que je ne serais peut-être pas parvenu à faire.

Je suis tellement enthousiaste chaque fois que je te croise dans une fête populaire, une veillée de danse ou un spectacle au Moulin et pourtant, chaque fois, j’ai tellement l’impression de n’avoir rien de pertinent à dire et surtout, vu mon historique, j’ai toujours le sentiment que je suis sur le point de balancer une autre grosse bêtise. Alors j’ai un peu tendance à me taire. Plus d’une fois, j’ai pu mesurer chez toi des paroles si à propos et un ton si juste. Ton message précédent (auquel je n’ai évidemment toujours pas répondu… ) en est le parfait exemple : <<Nos parents nous apprennent toujours à juger. Mais même ces jugements ont une histoire.>>. J’aurais voulu voir cette réflexion naître dans mon cerveau ! En quelques occasions, tes réflexions m’ont fait tellement de bien alors que moi, parfois ironiquement même moment, je t’ai fait vivre exactement le contraire. Et je me demande si je n’ai pas récidivé.

Je dois aussi l’avouer, peut-être est-ce parce que je suis un ‘’manuel de ce monde’’, je t’ai je pense construit un piédestal. Je suis impressionné -et par extension, un peu intimidé- par ton riche engagement social, parce que tu poursuis des études supérieures, parce que tu peux revendiquer une démarche artistique et je ne sais trop qu’elle autre prétexte de mon invention. Je sais pourtant que tu es une personne toute simple, ‘’normale’’ (mais pas pour autant banale !). J’ai compris depuis bien longtemps déjà que je n’ai pas à m’en faire de me présenter à toi dans mes accoutrements usés et mal agencés d’artisan poussiéreux, même si ton apparence est beaucoup plus soignée (sans jamais que cela ne prenne le dessus sur n’importe quoi d’autre). Peut-être devrais-je seulement déconstruire ce petit soubassement, sur lequel tu t’imaginerais sans doute bien mal, pour retrouver des échanges plus généreux, simples et cordiaux ?

Je te le concède, je ne suis pas facile d’approche. Parlant en connaissance de cause, j’ai souvent prétendu que les personnes timides se reconnaissent… à leurs excès d’aisance dans les lieux qu’ils connaissent bien. Daniel St-Pierre à Paraloeil (ben oui, c’est un timide selon moi), Pierre-Luc Morin dans un train… Ou peut-être m’as-tu déjà croisé dans un moulin ? Cette formidable béquille qui me permet de parler de tout, sauf de moi. Jumeau effacé des deux, j’ai eu jusqu’à l’âge de 21 ans mon ‘’porte-parole personnel’’. Si tu m’avais connu à cette époque alors que je débarquais au Bic… Côtoyer un personnage comme Daniel, la faune du Moulin et faire partie d’une communauté villageoise fut pour moi une formidable école de relations humaines et d’affirmation de soi. Va maintenant pour les consultations publiques avec un micro, mais je demeure quelqu’un de très gêné, incapable de prendre sa place dans un groupe de plus de trois personnes, intimidé par l’excès d’attention entraîne une rencontre en tête à tête, qui a de la difficulté à regarder ses interlocuteurs dans les yeux… et tu pourrais sans doute me nommer d’autres ‘’symptômes’’. Sans compter que comme ma famille proche, les occupants du Moulin et plusieurs amis (donc, bref, pas mal tout le temps !), tel un gars de ‘’La soirée est encore jeune’’ 100 % de mon langage est composé de 60 % d’ironie et de 10 % de deuxième degré, ce qui peut être assez déstabilisant pour celui qui ne s’y attend pas.

Moi aussi il m’est venu dans l’idée plus d’une fois d’aller à ta rencontre chez toi. Rencontrer quelqu’un dans son ‘’environnement naturel’’ aide souvent beaucoup à le connaître et le comprendre. Mais comme chez d’autres, il me reviens finalement à l’idée que tous ne vivent pas dans une chambre qui n’a qu’un seul mur dans un bâtiment où ont entre comme dans un moulin et qu’il y a peut-être une raison pour ça, un désir d’intimité minimale tout à fait légitime. Je m’imagine figé dans un cadre de porte à ne pas savoir quoi faire quoi dire en tombant au mauvais moment. Quand, le matin de la Saint-Jean, Sandrine et Jolianne (de charmantes personnes à qui je te dois la rencontre, dois-je le rappeler) m’ont invité à me joindre à eux, toi, Axel à la Chartreuse à la fin de ma journée de travaille Rimouski-Estoise, je me suis dit wow, quelle belle occasion de découvrir enfin cette mythique Chartreuse, avec quelques personnes que je connais déjà dans le cadre d’une invitation bien précise qui s’ajoute aux ‘’arrête quand tu veux’’. Au final, ayant profité ce matin là d’un petit déjeuner en douce compagnie, j’ai terminé ma journée de travail très tard et je voulait ramener la camionnette de l’atelier à bon port le plus rapidement possible. Avec une seule idée en tête par contre : pédaler dans la nuit jusqu’à Pointe-au-Père pour attraper la fin du feu de joie annoncer. Et peut-être dormir sur le ‘’Bicois II’’ au besoin. Mais voilà, épuisé par ma semaine de travail (et de conduite, oui ça m’arrive parfois), avant d’avoir goûté le pouvoir énergisant du vélo, je me suis effondré de fatigue au salon en préparant mes sacoches de vélo. Tu ne peux pas t’imaginer ma déception à mon réveil quand j’ai réalisé que je venais de passer à côté de cette opportunité servie sur un plateau d’argent de découvrir un peu ton univers.

Bon, je m’arrête si je veux cliquer sur ‘’envoyer’’ cette fois. Ou des fois que je serais encore une fois en train de dire des bêtises. Si je résume : phase 1, j’ai dit des trucs blessant et phase 2, je me suis mis à ne presque plus rien dire de peur de dire d’autres grossièretés. J’imagine très bien que tu as pu percevoir une froideur pendant que moi aussi, j’étais simplement en train de me dire j’ai envie de la connaître, la comprendre, mais sans trop savoir comment, quoi faire, quoi dire. Sans doute suis-je mûr pour une phase 3… De toute façon, je suis condamné à ma m’améliorer ! J’ai essayé cet hiver la fuite, pis ça marche pas. Le ‘’Grand Rimouski’’, c’est petit. On l’a bien vue de nouveau cette semaine alors que, dans un bref intermède dans la rédaction de cette lettre, je suis allé à la Caisse Pop du Bic pour un petit retrait. Je m’inspire une fois de plus de tes mots, mais selon ce que ton cœur ou ton humeur du moment te dit, tu es toujours libre de venir me voir au Moulin et libre de ne pas venir me voir au Moulin, Spectacle ou pas. Besoin d’une chaloupe ou pas. Ou même si tu cherche une chambre clandestine, pourquoi pas ? Peut-être ton message était-il envoyé par le meilleur canal tout compte fait. Comme c’est le cas pour le reste du clan Morin, peut-être l’espace entre l’apéro et le latte du matin est-il le seul moyen de vraiment connaître Pierre-Luc ? Je ne serais pas surpris que certains voyageurs passés par le dortoir du Moulin me connaissent mieux que certains locaux qui n’ont manqué aucun de nos rendez-vous culturels. Et libre de t’arrêter à la balustrade de la Promenade de la Mer ou pas pour montrer nos montures respectives. Je laisse le tout à ta discrétion. Mais pour ma part, ce qui est sûr, c’est que tu es toujours la bienvenue en ces lieux. 

Pierre-Luc

Allo Pierre-Luc,

Te voir sortir de la fenêtre après mes maintes indécisions à essayer d’aller te visiter dans ton Moulin, je pense que j’ai croisé les mêmes marcheurs dans tout le village du Bic, en tout cas pour faire bref, je ne sais pas si tu connais la programmation du Vieux Théâtre ? (j’imagine que oui), il y a un spectacle le 7 juillet prochain, soit vendredi, du groupe Avec pas d’casque (genre les membres du groupes n’ont pas de casque de vélo, joke plate). Si jamais tu y allais, il se peut que j’y soit, ou si tu as envie d’y aller, fais-moi signe 😉 Sinon, je serais bien intéressée à débarquer un peu de ma corrolla et faire du vélo, un de ces jours, sur une certaine promenade, proche d’une marina. Bref, fais-moi signe 🙂 418-556-2862 ou simplement me laisser un message ici. Bref, ça m’a fait plaisir d’aller te voir:D

Bonjour Pierre-Luc,

Sans paraitre trop insistante, sachant aussi que tu n’as pas Internet, je me disais que mon autre message était un peu rapide et je ressentais le besoin de t’écrire, peut-être trop facile mais bon. 

Bref, je pense que c’était légitime de répondre à ton message, qui d’ailleurs m’a rendu bien joyeuse durant la soirée du 1er juillet. J’étais en train de courir partout en faisant un contrat de mariage dans le fin fond du Saint-Gabriel-de-Rimouski, pendant que ton Moulin et la Maison Beige faisaient de la poésie féministe jusqu’à 22h. 

Effectivement, le bateau Bicois II s’est bien ajouté à mes déplacements anecdotiques ou mes histoires de vies. Il est bien beau quand je le vois tous les matins, à trop l’observer, d’un coup qu’il aurait pêché un certain « manuel de ce monde », sait-on jamais, s’il aurait eu besoin de se faire réparer ce matin-là. Bref, c’est un paysage que j’aime bien regarder quand je suis sur ma course de la 132 entre le Cégep de Rimouski et la petite Maison Verte. 

Ça m’intrigue ce que tu ressens. C’est peut-être plus facile de parler de ce que l’on ressent par l’écrit, plus facile qu’à l’oral. Des fois, faut prendre des risques. Moi, ce soir, je prends un risque littéraire, car au final, j’avais envie de t’appeler, à ton Moulin, mais ce n’était plus l’heure de l’Apéro, donc j’ai laissé tombé. Tu te dis enthousiaste quand tu me croises dans une fête populaire ? Et moi donc, moi de t’avoir vu le 23 juin, ça me donnait envie de danser partout, même, si moi-même je n’avais pas le gost d’aller te parler, outre, de te demander si deux jolies demoiselles pourraient dormir chez vous. On me dit souvent « Come as you are » (Viens comme tu es, avec toute ton authenticité). Je te répondrais, que c’est tu vraiment important d’avoir quelque chose à dire, pertinent ou non ? Bon ok, j’avoue que lorsqu’on s’était parlé à l’UQAR, on sait jamais comment l’Autre va réagir. Mais au final, je l’ai bien aimé moi cette parole que tu m’as dite, elle m’a appris sur moi-même. Au final, j’ai envie de te connaitre. N’aies pas peur avec moi. Oui il se peut que parfois, nos paroles blessent, ou encore on dit quelque chose et au final, la personne ne veut plus nous parler, mais si on valide avec l’Autre… je crois qu’il est possible d’arriver quelque part, puis bon ça je dis ça, et je suis la première, à prendre du temps avant de valider si l’Autre se sent bien avec ce que je lui ai dit. D’ailleurs, je me trouve un peu insistante, genre là j’ai l’impression de te donner trop d’attention, d’être la fille, oui, parce que visiblement intéressée par ta personne, bref tout ton être m’intéresse, mais je me dis, fuck il va me trouver intense avec mon gros texte. Je crois aussi, peut-être que je te place aussi sur un piedestal. Je me dis fuck, il va me trouver trop « Corrolla-déplacement-pas-pantoute-écologique», genre c’est qui cette fille-là qui passe 4-5 fois avec sa corolla dans le Bic, les villageois vont se dire, elle a l’air louche ou encore de quoi, je pourrais te parler ? Je sais pas le silence tiens. Le silence, c’est bien des fois. Ça aide à apprivoiser l’Autre, ou même, le canal de l’écriture. Moi l’écriture, ça éclate mon imagination. Ah puis, le vélo, c’est comme l’écriture, tu te laisse aller dans le vent et les odeurs de la mer salée rimouskoise. Bon, je prend ma voiture uniquement pour des déplacements de gros matériels empruntés au Paraloeil. Mais on s’en tape. Bref, moi-même, je me demande bien de quoi je pourrais te parler alors qu’ici ça semble si facile de dire quelque chose. Peut-être trop intense à lire aussi. Je ne sais pas si je pourrais dire autant de chose dans la vraie vie. En tout cas, pour pouvoir avoir des échanges « plus cordiaux et généreux», j’aimerais bien t’inviter un moment donné à faire du vélo ou encore aller au Vieux-Théâtre ou aller à un endroit dans lequel tu te sens bien, qu’on jase, ou non qu’on jase ou pas. Qu’on écrit au pire, si ça peut t’aider à te sentir mieux, mais j’aimerais bien t’inviter, cette semaine par exemple, ou un moment que tu te sentiras à l’aise, si tu as envie bien sûr, car je ne forces personne, même si au fond de moi, je suis impatiente et que je devrais prendre le temps de prendre le temps.. parce que des fois, dans la vie quand c’est long, c’est que la vie veut nous apprendre quelque chose. Enfin, c’est ce que je ressens ici avec toi. Bref, si t’as envie de me rencontrer dans la plus simple activité, que ce soit, un 15 minutes ou plus, fais-moi signe, ici ou au 418-556-2862 sinon, c’est pas plus grave. Je te dirais que je serai sans attente, parce qu’à forcer les gens, on n’est pas plus heureux. 

Pour te répondre sur la timidité, hm.. je suis timide mais ça dépend le contexte. Dans un contexte professionnel, avec mes clients et clientes, si je sais que j’ai un bon relationnel, je vais être assez relax avec eux. Avec les gars, généralement ça se passe bien. Bon ça dépend quelles sont les intentions de chacun. Dans mon cas, avec toi, c’est plus difficile, car je t’ai aussi mis sur un piedestal. Je me disais, qu’est-ce qu’une fille comme moi ? Pas pantoute, dans la simplicité volontaire, bon oui engagée socialement, mais utilisant une voiture, n’achetant pas nécessairement bio par manque d’argent, dépensant des sommes pour des choses parfois inutiles (caméras et autres accessoires), que pourrais-je lui dire ? Puis au final, je pense que tout le monde est sur un même pied ou une main d’égalité. On a juste chacun, nos limites personnelles et on doit respecter notre rythme. Dans mon bac, on me dit souvent, Marche avec l’Autre, en même temps que lui et à son rythme.

Puis, bon les études supérieures, je m’en tape un peu en fait. Oui j’ai un double dec en arts et lettres, un baccalauréat en design graphique, un DEC en photographie et un Bac en psychosociologie. C’est juste des bagages dans mon baluchon, un apprentissage. Tu peux très bien apprendre dans un train, dans l’Ouest comme dans un Moulin, au Bic. En passant, le Bas-Saint-Laurent, c’est la richesse des relations humaines, jamais un endroit, m’a fait autant d’effet. On peut s’enraciner les pieds dans la terre et dans la mer. On a trop frette au bord de la mer, les Chutes-Neigettes nous accueillent avec ses eaux vagabondes. Et puis, des fois, on s’ennuie à la Pointe aux pères, ben on va écouter de la douce musique dans un Moulin à quelque part au Bic. Bref, je suis un peu trop passionnée, j’ai le cœur régional. L’écriture me permet ça.

Tu dis pas facile d’approche. Ok, ça ajoute un fait anecdotique à mon histoire. Daniel St-Pierre a pas l’air si timide. En tout cas, il est ben drôle quand il donne des cours de chaloupe. C’est un chouette monsieur. On dirait un bon vieux grand papa. Je trouve ça beau quand tu me dis « Côtoyer un personnage comme Daniel, la faune du Moulin et faire partie d’une communauté villageoise fut pour moi une formidable école de relations humaines et d’affirmation de soi. » 

Tu parles des petits groupes ? C’est vrai que ça peux faire peur des micros. Puis bon, si on se sent pas à l’aise, c’est tout simple, on y va s’y on s’y sent bien. J’ai eu la chance d’avoir un cours de dynamique de groupe, je peux te comprendre, tu te dis fuck, se montrer vulnérable devant un grand groupe ou un groupe de personne, c’est tout un travail. Une fille me disait cette réflexion cette semaine « Vivre c’est travailler ». 

J’avoue que ton style humoristique-ironique est déstabilisant mais pas énervant. Moi ça me plait bien, bon, parfois c’est spécial, mais ça t’ajoute un certain charme. Je ne dirais jamais ces choses dans la vraie vie, ou ben peut-être, mais je serais sûrement en train de te dire « Je suis gênée oui oui là là je suis gênée…» enfin bref, l’écriture c’est facile. En tout cas, si jamais tu veux découvrir l’univers de la Maison verte, il y a une pancarte de bienvenue devant ma maison si jamais il te vient l’idée de passer dans le coin, généralement, je suis là entre 6h le matin et 9h00 et tard le soir, le vendredi, le samedi et le dimanche, mais généralement, la Laurie que je suis, est sur la route, ou en train de prendre des photos ou encore au Cégep de Rimouski à travailler durant un emploi d’été. Je pense ben t’avoir écris un roman. 

Je vais me montrer un peu rebelle cependant. Ta phase 1 pour moi c’est tout autre chose, à chacun sa perception ;). Ta phase 1 : Je suis venu avec authenticité voir un show à l’UQAR, ah tiens Laurie m’a aperçu dans un coin de cafétéria. Phase 2 : Bon oui, t’as rien dit pendant un certain temps, j’avoue que ça peut faire peur..mais au final, je comprend peut-être un peu plus pourquoi. Phase 3 : Ben là là, je t’invite moi cette semaine ou quand tu veux, ça peux être au Vieux Théâtre ou selon tes dispos ou les miennes.. entre un café latté et un apéro ou le contraire, à juste se jaser ou pas se jaser mais à se voir en face. Voilà, moi je te lance cette invitation, libre à toi d’y répondre ou non, de m’écrire un roman si tu veux, car ils sont ben passionnants ces romans-là. Bon peut-être que je te donne trop d’attention.. j’en suis sincèrement désolée mais je m’assumes. Ça se peut je dise des choses pas compréhensibles, ça se peut qu’il y ai interprétation de ce gros texte intense mais c’est pas grave, la vie est un travail, la vie est un laboratoire grouillant d’expériences et d’apprentissages. 

Ah petit fait anecdotique sur la fois où je t’ai vu en vélo à la caisse populaire du Bic, je revenais d’une activité cardio de Zumba, pendant que je réalisais un projet pour un documentaire que je fais. Eh ben, imagines-toi donc que j’ai fallis perdre mes clés dans le grand stationnement de la Maison du Pic Champlain.. je me suis dis fuck, en plus mon cellulaire, était mort.. et là j’ai vu du monde dans le coin du Moulin, et je me suis dis merde, j’aurais été obligé d’aller vous voir avec toute ma timidité. Bon bref, je l’ai retrouvé et je me suis dis par la suite que j’allais aller au Mange grenouille faire des photos pour un mariage qui aura lieu le 22 juillet. Petite question, « l’espace entre l’Apero et le Café Latté » pour connaître le Pierre-Luc dont je parle dans ce gros texte, est-ce la nuit, le soir ou le jour ? 😉 

Bref sur ce, je vais essayer de ne pas envoyer d’autres messages aussi insistant, bizzare, et voir trop intense pour le bel être humain que tu es. C’est écrit avec sincérité et avec un Macbook pro, blague à part.

Have a nice day !

Bonjour Laurie!

Me voilà hier soir assis sagement à ce petit bureau de la Halte du Patrimoine du Bic, que tu aurais très bien pu occuper, question d’avoir électricité + internet pour te répondre, puis je découvre ce tout nouveau message flambant neuf, que j’ai lu 2 ou trois fois ou même 3 et 5/8 de fois (pour parler en menuisier) juste avant de m’endormir ici même dans la Halte! Mais un message pareil, je me dit que je ne peux pas laisser traîner la réplique des jours comme je sais si bien le faire, alors voilà le couche tard qui t’écrit au petit matin! Alors oui, wow, quel message, c’est pas tous les jours qu’on en reçoit un de la sorte, c’est rendu tellement rare en 2017 qu’on dépense autant de caractères d’un coup, comme si ceux-ci étaient compté!

Est-ce qu’une Bretonne qui m’envoie par la poste un pot de caramel à la fleur de sel plutôt qu’une simple carte postale ou une Norvégienne qui dépense 63 Couronnes de timbres pour m’envoyer une méga tablette de chocolat du pays sont intenses? Est-ce que tout ça est de l’acharnement? Je préfère dire de que c’est simplement de l’enthousiasme pour quelque chose ou quelqu’un. Pour ce qui est spécifiquement de l’acharnement, j’aurais plutôt tendance à m’excuser que tu aies à m’écrire deux ou trois fois avant d’avoir une réponse! Pour moi, publier des photos de tout ce qu’on mange et de tout ce qu’on fait et se lever au petit matin pour vérifier l’inventaire de ‘’J’aimes’’, ça c’est intense et peut-être un peu de l’acharnement, surtout si on prend jamais le temps d’écrire personnellement à ceux qui nous sont chère, mais bon, je vais faire attention à ce que je dis, je ne suis sans doute pas mieux que personne d’autre et c’est peut-être ce que je serais en train de faire si je le pouvais, plutôt que de t’écrire!

Composée de plus de réponses que de questions, ta longue lettre ‘’d’acharnée’’, je la déguste un peu comme les multiples petits services d’un repas de Morin. J’avoue, ‘’entre l’apéro et le latte du matin’’, ça peut paraître louche comme formule, je suis souvent empli de naïveté dans mes écrits et ce n’est certainement pas la première fois que je ne mesure pas pleinement le poids de mes mots, disons plutôt ‘’de l’apéro au latte du matin’’, peut-être est-ce déjà moins déroutant. D’ailleurs, parenthèse, si un jour ta Corolla traînant sa corde bois et du matériel photo se prend dans une tempête de neige et doit stopper sa course de force à Montmagny (une ancienne Lévisienne et résident de l’Est-du-Québec sait à quel point ce scénario est plausible), une escale, même impromptu, au 65 des Érables, peut-être encore plus que dans mon Moulin, te ferait certainement prendre la pleine mesure de ce que veux dire aller de l’apéro au latte du matin pour connaître un Morin. En passant, j’aurais volontiers pris mon premier (et possiblement seul) verre de la saison à la Buvette du Mange Gr…, le 22 juillet, mais il y a ce jour-là spectacle au Moulin et je suis responsable de la fermeture du site (en moyenne, vers 3h00). Si tu n’est pas trop épuisée de ta journée de travail tu viendras y faire un p’tit tour!

Bon, je reviens au message précédent et oui, même si tu n’y es plus, je demeure un amoureux du Vieux Théâtre, de sa salle, de sa programmation et de son accueil chaleureux. Et oui, je comptais bien ne pas me priver du spectacle du groupe dont oui, les cyclistes comme moi parlent toujours entre eux avec un sourire en coin, quand il n’usurpent pas tout simplement son nom pour se décrire (J’t’un av…) dans l’éternel débat qui divise parfois notre communauté. Le bon vieux grand-papa Daniel y sera aussi, donc les deux artisans poussiéreux vont voyager ensemble dans leur bagnole poussiéreuse, garde nous une place à côté de ta mythique Corolla ! Tu t’en doute bien, je ne risque pas de m’approprier des pieds carrés entre la scène et la première rangé de sièges, mais on pourra certainement se croiser entre quelques boiseries fabriquées des mains de Pierre-Luc!

Bon, je m’arrête, je n’ai pas à être au Bicois II dès 8h30 ce matin, mais j’ai tout de même déjà dépassé l’heure respectable du latte du matin pour un mardi d’été.

Merci pour toute cette créativité et cette sincérité comme tu sais si bien le faire, prend soin de ton côté rebelle et salutations d’un iBook G4 (dans les cafés, j’en rend avec ça nostalgiques du bon vieux temps, parfois!)

Pierre-Luc le néo-vieux-Bicois

Lettre a Pierre-Luc, version papier

Bonjour Pierre-Luc,

On me dira d’attendre et de laisser le temps passer, mais je penses que c’est mieux que j’aborde le sujet. Je sais aussi qu’avec toi ça peux être long, long parce que tu réfléchies peut-être ou j’en sais rien. Avec du recul, je crois que je suis peut-être allée trop loin avec toi, dans le sens, que je suis tombée « amoureuse de toi » un peu trop vite. Je ne penses pas que c’était quelque chose de sain, autant pour toi que pour moi. Je me demande, si cela, ne m’as pas créer chez moi une certaine dépendance à Couchsurfing, genre à attendre de recevoir un message de ta part alors que c’est malsain, tant pour moi que pour toi. J’ai pris un temps d’arrêt dans ma vie, parce que je pensais à toi souvent et j’ai créé, de mon propre chef, un déséquilibre dans ma routine de vie.

Je t’écris ça, parce qu’avec du recul, je remet en question certains propos que je t’ai dit concernant « Je te sauterais dessus »/est-ce que je peux t’embrasser ?. Ça voulait dire que j’aurais aimé avoir un rapprochement physique avec toi mais je ne penses pas que c’était approprié de te dire ces choses, vu que tu ne semblais pas à l’aise avec cela.

Quand je suis partie avec le petit projet de faire du vélo avec Josianne et Laurent, je le faisais entre autre pour moi mais aussi pour toi. Je m’étais donnée ce petit défi. Je suis toujours dépendante de ma voiture, en général, et de redécouvrir le vélo et de faire un trajet que je suis habituée de faire, me donnait de la motivation. J’étais dans une intensité qui me rendait heureuse. Et lorsque tu m’as proposé/nous a proposé de dormir au Moulin, je me suis dit que c’était l’occasion de te dire les sentiments que j’avais. Cependant, comme je ne connaissais pas l’ambiance au Moulin ni comment trop me comporter avec toi, parce que parfois, c’est difficile car je ne sais pas si ce que je dis as du réel sens pour ta personne. Bon, tu me l’as confirmé, tu m’as dis que j’avais laissé des traces et que je te faisais du bien psychologiquement et que je t’aidais dans la construction de ta personne. Bref, en discutant avec toi autour de la table de la cuisine, samedi matin, je t’ai trouvé encore plus beau et ça a augmenté mon attachement envers ta personne, mais je crois, que je n’ai pas vu que ce n’était pas réciproque.J’étais sincère dans mes sentiments amoureux envers toi. Ce qui m’a attiré chez toi, c’est surtout ta capacité d’écrire et de te dévoiler aussi facilement, soit ta capacité à être authentique et à t’assumer dans ton genre, que tu sois timide ou non, confiant ou pas. L’attirance physique est venue après. Bien que tu te dévoiles assez facilement et qu’il est facile pour toi, en terrain connu, de parler de ce qui te passionne, de ton histoire ou de tout autre sujet qui te passe par la tête, je n’ai pas su voir les signes duquel cette relation était seulement amicale. J’ai interprété certains de tes messages sur Couchsurfing comme des signes d’intérêts amoureux alors que ceux-ci n’en étaient peut-être pas. Avec cette intensité, j’ai eu l’impression de connecter avec toi. Ça me rappelait une relation amoureuse que j’ai eu avec une personne dans le passé. J’avais l’impression d’avoir une connexion (au sens relationnel) avec toi alors qu’au fond, comme tu l’as dis souvent dans tes messages, tu est comme ça avec les voyageurs/voyageuses ou tout le monde qui est dans ton environnement proche.

Est-ce que tu as ressenti une pression sociale venant de ma part ?

J’aurais dû valider avec toi dès le début, lorsque j’ai commencé à avoir des sentiments envers ta personne, au sens amoureux, ce que je n’ai pas su faire car j’étais entrée dans une phase de séduction. Ma façon « de séduire » un homme, du moins, le type d’homme que je croyais avoir vu en toi, c’est d’utiliser l’écriture et d’être moi-même, de dire les choses comme elles viennes. Je suis d’un « tempérament » direct. Je dis les choses quand je le sens. Parfois, ce n’est pas toujours approprié pour la personne, surtout si ça peut faire vivre de l’anxiété. Je ne connais pas ton passé amoureux, si ce n’est ce que tu m’as dévoilé samedi et je ne m’avancerai pas là-dessus non plus. C’est une partie de toi qui t’appartient.

Je crois aussi t’avoir placé sur un piedestal, faisant en sorte, que cela créait une pression et une interminable envie de regarder mes messages sur Couchsurfing. Je ne regrettes en rien nos échanges mais je crois que je vais prendre du recul.

Cependant, je n’ai peut-être pas pris le temps de « valider » avec toi avant d’essayer de t’embrasser. Le fait de savoir que tu m’as placé sur un piedestal, m’a étonnée. Peut-être par manque de confiance en moi ou encore parce que j’étais un peu trop obsédée par ta personne, je me suis dit, comment peut-il me placer sur un piedestal ? Je suis une personne normale, comme tu l’as écris précédemment. Mais saches, Pierre-Luc, que même, si tes propos sur la Corolla ou encore ce qui s’est passé en fin de semaine, ne feront pas de toi une mauvaise personne. Oui notre conversation au Moulin m’a bouleversé. Je ne te caches pas que j’ai pleuré mais je crois avoir de bons amis sur qui compter et avoir appris certaines choses de ta personne ou de ton mode de vie. Au fond, c’est peut-être mieux de rester ami, si c’est encore possible, bien sûr et ce, sans intention amoureuse vu que ce n’est pas réciproque.

Je crois que chaque être humain a le plein potentiel de rendre heureux une femme ou un homme, que ce soit par l’écrit ou le simple partage d’une crème glacée sur une table d’un moulin. Un jour, si tu le souhaites et ce, avec ta couleur à toi, ta personnalité et ta chaleur humaine, je suis sûre que séduira une personne, puisque dans mon cas, c’est arrivé et ce sans, que tu fasses des « stratégies de séduction ».

Si ça t’arrive un jour, et je te le souhaites, parce que des rencontres comme toi, ça peux changer la vie d’une personne, enfin bref, ça a changé mon histoire à moi et ma compréhension des relations humaines. Je crois sincèrement que tu as le potentiel de séduire, à ta façon, une personne et être en couple ou juste avoir une femme dans ta vie sans engagement. Je te souhaites plein de bonheur de ce coté-là.

Je ne remet pas en question les conversations que j’ai eu avec toi mais je crois avoir vu des signes « d’amour » là où il n’y en avait pas. J’ai l’impression que tu te dévoiles aussi facilement, bien que timide, à des voyageurs ou à des personnes qui viennent vers toi sans jugement. Je ne cherches pas non plus à diagnostiquer quoi que ce soit chez toi mais j’ai lu sur certains sujets comme les jumeaux, la timidité et d’autres sujets et ça m’a aidé à prendre conscience de ton mode relationnel avec les autres.

Je ne sais pas si mon message est compréhensible, si tu as des questions n’hésites pas mais bon on peux rester ami si tu le souhaites encore, parce qu’au fond, j’apprécie quand même cette correspondance par courriel et ta présence lorsque je te rencontres.

Bonne soirée/nuit vu qu’il est 3 h du matin.
Laurie


Bonjour Laurie,

Moi aussi je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit, car moi aussi j’étais en train de t’écrire. Hier, sans que je ne dise rien, un ami proche a été assez habile pour repérer que des tourments me trottaient dans la tête. J’ai consacré mon après-midi et ma soirée à faire quelque chose que je réussi mieux que d’autres, sois l’aider à réaliser ses rêves de menuiserie. Apprendre à quelqu’un, comme bien d’autres choses, ça s’apprend, et grâce à quelques bons apprenti comme lui, je le fais de mieux en mieux. Et entre les coups de rabots, les consignes de sécurité et autres conseils d’usage, qu’ils ne faut jamais hésiter à répéter encore, encore et encore, lui, tel un sage bien que plus jeune que moi, m’a tranquillement partagé la façon dont lui avait vécu les joies et les défis que je vis présentement. Échanges qui m’ont fait le plus grand bien. Tout comme te lire ce matin d’ailleurs. Je t’ai écris dans mon cher Moulin, comme toujours sans Wi-Fi, donc sans savoir si tu m’avais écris, si tu étais en train de m’écrire ou si tu allais m’écrire. Tes messages ont toujours transpiré la sincérité, tu m’as écris sans doute sans savoir précisément ce qui me trottait dans la tête, donc même s’il y aurait beaucoup à dire sur ce que tu viens de me transmettre, je commence tout d’abord, dans le même esprit, par te transmettre ce que je t’ai écrit hier et cette nuit, moi aussi sans pouvoir savoir ce qui te trottait dans la tête, tel quel, sans retouche aucune. Voilà!

Merci et bonne journée,
Pierre-Luc

Le voici donc:

Bonjour Laurie,

Je t’écris parce je me demande vraiment dans quel état tu es. Ici, on n’a même pas réussi à allumer les potineux et taquineux, la ribambelle du Moulin a rapidement réoccupé les lieux avec sa vie normale, Gabriel-le-guide-de-Kayak, sans savoir, m’a comme toujours présenté à ses amis de passage comme le grand séducteur de la place avec mes crèmes glacées et mes biscuits maisons qui charmeraient toutes les voyageuses selon ses dires, Daniel a repris sa place à la table avec son Devoir et ré-allumé la Radio à Radio-Canada sans trop porter d’attention à l’émission du moment, ‘’Parasol et Gobelet’’ et sa question du jour : ‘’Vous souvenez-vous de votre premier French? ‘’. Ben tiens, j’men souviens comme si c’était hier que je me suis dit!

Et moi, bien, j’ai essayé de travailler, mais j’ai pas vraiment réussi, l’esprit du manuel de ce monde qui visiblement, n’en est pas toujours un, était un peu trop occupé pour combiner des angles combinés et construire des boîtes étanches pour Bicois II. Ou peut-être est-ce simplement que je sentais plus un besoin de réparer des trucs brisés… Je me suis finalement lancé dans une valeur sûre, je me suis mis les mains à la pâte pour la confection de biscuits, question d’avoir au moins une réussite dans ma journée et ramener tranquillement mon rythme cardiaque à la normale. Je me trouve tellement bête parfois, je regarde à rebours nos messages et je me rend compte que c’était écrit GROS COMME ÇA et pourtant j’ai rien vu venir. Tellement que dans mon avant-dernier message, j’avais senti le besoin de revenir sur mon fameux ‘’entre l’apéro et le latte du matin’’, de peur que ma poésie passe mal et que tu y vois plutôt des propos un peu trop cru à ton goût. Et au Vieux Théâtre me voilà qui était tout fière de te garantir un dortoir sans séduction où tu pourrais profiter d’une nuit tranquille à dormir sur tes deux oreilles. C’est dire à quel point j’étais à côté de la plaque! Après plus de six mois de correspondances, il m’aura fallu cette note au bout de mon lit pour que, vraiment tard, j’allume finalement. Et encore, jusqu’à ‘’la tentative’’, il restait malgré tout un petit 1% de doute dans mon esprit. Et si tout ça n’était qu’une autre belle grosse taquinerie bien ficelée comme certains de mes amis et moi savons si bien le faire entre nous? Dans l’éternel manque de confiance en moi qui me caractérise, tout paraissait possible… sauf la joyeuse réalité.

Je dis souvent que mes co-voiturages, autobus et trains sont indispensables dans ma vie parce qu’une fois que j’ai acheté un billet, prêt pas prêt, je dois foncer et y aller, même si je ne sais pas précisément jusqu’où l’aventure me mènera, comment je vais en revenir ou si je trouverai un toit pour telle et telle nuit. Alors qu’avec une belle voiture en ordre, le réservoir plein, prête à partir, qui m’attend dans la cour, je peu toujours repousser un peu mon départ, encore et encore, et ne jamais partir. Je ne parle pas ici de ma peur du volant. Tout ça n’est qu’une image pour illustrer mes éternelles tergiversations qui me paralysent dans bien des sphères de ma vie, si ce n’est dans mes épopées voyagères pour lesquelles j’ai trouvé un remède. Dans une autre sphère de ma vie, peut-être es-tu l’équivalent (désolé de cette comparaison matérielle) de cette belle voiture au réservoir plein prête à partir.

Je me moque parfois un peu du culte de la routine-et-de-l’habitude-parce-c’est-efficace de Daniel, mais sans doute que moi aussi, malgré une vie un peu singulière, je me laisse parfois bercer par le confort d’une certaine routine vélo-boulot-bateaux. Je pense que j’ai parfois besoin de surprises, de contraintes, d’électro-chocs, comme ce que j’ai vécu samedi. J’admire ceux qui, comme toi, malgré une timidité à temps partiel, sont capables en certains moments d’audace et de foncer tête baisser, sans se soucier pendant deux jours du lendemain. Alors oui, zut, je ne dirai pas le fameux mot tant répété, mais tu monte encore un peu plus dans mon estime et je te regarde là-haut de tout bas il me semble. Alors ne t’en fait pas, je le répète, sans doute avais-je besoin de ce genre de moment de folie. Mais sans doute n’avais-tu pas besoin que je te fasse subir ces moments de doute et d’angoisse. J’ai l’impression que tu n’as rien gagné au change alors que moi, outre ce petit goût de babine de Laurie attrapé au passage, sensation qu’essayait de décrire quelques minutes avant l’ami français, j’ai eu droit à quelques leçons de cette fameuse école de la vie. Je me trouve bien égoïste. Dans mes doutes, pour ne pas dire ma défensive ou même ma fuite, je me dit maintenant que j’ai pu te faire douter de toi même, de ta capacité à user de ta force de charme au-dessus de la moyenne, chose qui est je t’assure toujours intacte. Bref, que j’ai été terriblement blessant. Mes excuses.

Pierre-Luc

Bonjour Laurie,

Pour tout te dire du début, quand je suis bien bien tard finalement arrivé à Saint-Fabien, jeudi soir, et que j’ai stationné cette vétuste camionnette pleine de reliques de spectacle juste à côté d’une Corolla argentée, je me suis dit tiens, je ne suis peut-être pas venu pour rien et je pourrai au moins repartir avec un câlin-gratuit-et-peut-être-plus. M’embrasser dans l’cadre de porte, avec comme public mes amis les plus taquins parmi les taquins, même dans ce lieu qui symboliquement nous uni, effectivement, ça aurait sans doute pas été reçu avec l’attention mérité par le peut-être un peu trop romantique que je suis. Si tu m’avais pisté jusqu’au balcon, les deux pieds dans un environnement Pierre-Luc avec la vue sur un environnement on ne peut plus Laurie juste à nos pieds, on tombe autrement plus dans un champ de possibles, mais bon, de toute façon, ce soir là, je sais pas si ça paraissait, mais moralement, je filais pas trop trop. Disons que j’étais bien mélancolique d’avoir manqué tout de ce spectacle secret qui m’avait été ébruité et qui était certainement celui que je tenais le plus à voir de toute la saison. Au moins, cette fois, parce que j’avais rempli mon rôle ‘’d’Alexandre St-Pierre amateur bénévole’’ avec brio pour un autre spectacle (Halte du Patrimoine) qui me tenait aussi à cœur et non simplement par tergiversation, mauvaise gestion de mon temps et ma carte du club des rendez-vous manqué comme je le fais si bien, yé , c’était au moins ça. Mais aussi, je me sentais vraiment bizarre à me retrouver dans cette ambiance de disco dansante où toi tu semblais être comme un poisson dans l’eau, à espérer que ça ne finisse pas, alors que moi, je me sentais tellement pas à ma place, avec en plus tout le monde qui me demande pourquoi je danse pas. Il y avait bien quelques ringards comme moi dans un coin qui ne dansait pas, mais malgré eux, je trouvais qu’on était tellement les deux extrêmes en ce lieu. À côté de toute cette créativité qui explosait de partout et en particulier de toi, je me suis trouvé tellement ennuyant. Je me suis demandé si j’avais autre chose à offrir que de la crème glacée maison et des beaux yeux bruns. D’autres folies que les folies du printemps des Folles Farines. Si je pouvais aspirer au titre de comète ou de sa trajectoire… J’étais quand même un peu content d’être là car il y avait là plein de gens que j’aime, mais une fois la tournée de politesse terminé, j’ai rapidement senti le besoin de partir, de simplement profiter des quelques rythmes d’un Vieux remplit de jeunes qui percolaient dans les rues avoisinantes, de tourner un peu en rond dans un village que j’aime plutôt que d’avancer de quelques pas en avant… Et quand j’ai eu bouclé ma boucle, j’ai vu une Corolla qui filait son chemin pis que je l’aurais pas mon câlin, à toujours l’attendre au dessert plutôt qu’à le demander en entrée!

Bon, je m’éparpille, mon but était d’écrire au sujet de ce qui se passe dans mon cœur et ma tête… (à suivre…!)

Pierre-Luc

Chère amour…

Fernand et Gaby, 1952
Lettre de Fernand, 24 ans, employé dans un camp de bûcheron au nord de Baie-Comeau, adressée à sa fiancée. Tous deux sont originaires de Petit-Matane.

Baie-Comeau, 5 juin 1952

Mlle B.

Petite Matane

chère amour, 

Un beau jeudi soir 8 heures et je suis dans ma correspondance une chance que Lucille ma envoyée une lettre et puis il fallait que je répondre toute de suite ce soir pour la donné a Germain qui part demain si ça aurait pas été de la lettre d’assurance je serais dans le bois en train de corder de la belle pulpe et ça fait que je t’aurais pas écrit si tu es contente de ma lettre il va falloir que tu dise merci à Lucille et pour moi des becs (?) je le sais que t’aime cela (?) d’abord.

Je ne sais pas quelle température que vous avez au sud mais ici il fait très beau c’est vraiment l’été malgré que le 21 juin n’est pas encore arrivé   les mouches commencent à arriver par exemple ces petites bêtes folles que le bon Dieu a créé pour nous faire partir il a mal créé cette fois-là.

On est rendu dans le camp neuf depuis hier je couche entre Vianney et Roger Gauthier Roger nous a bien installés avec une belle tablette et puis Vianney lui il est en train de dire l’âge des gars avec des cartes qu’il s’est achetées à Comeau (?) un  moyen moine celui-la la tante philo a vas sans faire parler (?) un coup si a vas lui demander de l’argent il se le promets.

C’est bien tout pour ce soir il faut que j’arrête de te compter des menteries parce que tu es bien trop fine pour cela en tous cas c’est bien ennuyant te laisser une chance que ça sera pas pour longtemps en pleine été c’est deux fois plus long que l’hiver et sur ces mots bonsoir et de beaux rêves en attendant ta prochaine lettre

                                                                                                                                            De ton Fernand                                                                                                                                          qui t’aime toujours.

Eux et elles

Eux et elles, 2013 et 2018
Extraits de conversations numériques glanées sur les pages Facebook de Spotted Matane 18+.

Extraits de Spotted Matane 18+ 

2013

23 novembre 2013 
« Spotted à la jolie demoiselle avec les leggins noir et une veste en cuir qui était assise a la 2 iem table de l’entrée à midi 30 en se lundi 11 novembre, mon dieu que tu m’as tapper dans l’oeil !.. Qu’elle es ton petit nom ? « 
 
29 octobre 2013
« spotted a la belle blonde qui nous a cuisiner notre pizza aujourd’hui au resto P* tu est pomal belle … pour savoir tu es pas au cegep aussi ? de 3 gars qui on adorer leurs pizza pépéronnie fromage extra bacon »
 
20 octobre 2013
« Spotted au beau grand gars blond au chandail bleu qui travail au M* t’es pas mal beau en tout cas! « 
KL Lol des homme aux chandail bleu il n’a dans toute le magasin
 
20 octobre 2013
« la tite blonde qui est rendu tite brune au S* j’aimerai bien savoir ton nom. que jtinvite chez nous. ta lair sympa…… »
C C ben voyon donc asti ahahahahaha caline j’ai quasiment peur de rentrer travailler
J B C C ahahah Tu pognne ;P
 
20 octobre 2013
« a la ptite fille cute qui travail au T* à coté du M*, Huuummmm jten ferais faire des clubs a T* moé ! »
S S Ben oui c’est de toi qui parle je suis sûre pis c’est l’heure ou il a fait passer le message ça veut pas dire que c’est a l’heure là qu’il était là hihihi tu dois être a veuille d’avoir des fleurs au T* hummmm lol
 
20 octobre 2013
« Spotted a la blonde au C* pas mal cute tk domage quon soit partie de bonne heure 3 gars de quebec qui te regardait pas mal (pas une danseuse) »
 
20 octobre 2013
« Spotted: aux 4 beau gars sul bateau a 8 heures qui mon dit que leur ami me trouvais belle, moi pis mon amie on aimerait bien savoir votre nom « 
 
20 octobre 2013
« Spotted a gang de gars que j’avais vue au M* le O6 Octobre vers 6hOO ( Le Dimanche ) ,vous étiez pomal de mon gout , j’aimerais bien savoir vos noms hihi. « 
W R Sa fais loin xD
 
4 octobre 2013
« Spotted au beau blond friséée qui s’appel M* qui vien a grande-vallé desfois, tu t’promène en bmx dans l’terrains dtennis pis au parc.. Tu m’fait trippé! Manifeste toi »
 
27 septembre 2013
« Bon honnêtement je suis un gars qui est aux cegep qui aimerait rencontrer une fille pour une relation sérieuse et non juger sur le physique ni sur l’âge. Donc toute celle qui vont liker  je vais vous connaître personellement!:D »
W R Je te comprend mec je suis dans le meme etat que toi 😀 RESPECT
 
23 septembre 2013
« spotted au beau brun assez shape tres gentil et mignon prenomé C C …ouff jte frai pas mal!! dune admiratrice secrete.. »
N V C C
 
23 septembre 2013
« La fille au cheveux bleu avec un tattoo peace and love sur le poignet droit un piercing au nez et levre au C*  21 sept a 18h20 tes belle en criss manifeste toi »
M L K* a pogne
K P Boui haha
 
21 septembre 2013
« Spotted à ceux qui ne savent pas être de vrais chums;; C’est pas de vos sibole d’affaires avec qui votre ami tombe en amour. Même si ça serait avec un singe ou une chèvre, , t’as pas ton jésus christ de mot à dire. …
Afficher la suite
 
16 septembre 2013
« Spotted à A P. T’es toute douce , toute fine et quand tes yeux font face au soleil , ils brillent  Je te regarde des fois en me disant que je devrait te parler mais je suis pas mal gêné. Regarde autour de toi et peut-être me vera tu jeter un coup d’oeil à ton égard Tente de m’identifier et vien me voir pour vérifier Je t’attendrai avec entousiasme ! »
4 commentaires
P T Pouaha pauvre garcon
A P ahahahaaha
 
15 septembre 2013
« Spotted à la belle grande blonde qui travaille chez A* à matane J’aimerais vraiment apprendre à te connaître »
C S envoye spotted matane dit nous qui vx A* hahaha !
 
10 septembre 2013
« à la ptite blonde aux cheveux gaufrés qui travail au C* en ce mardi soir, marie-moé esty !!! du gars aek une veste Hollister blanche qui avais pas encore de compte ! « 
 
10 septembre 2013
« L K, t’es vraiment une fille super sexy et tu me fais pas mal d’effet! Mettons que je te ferais pas mal
-Un gars qui trippe-  PS:T’as vraiment des belles formes « 
L K Looool xD
 
9 septembre 2013
« C G tu es si sexy avec tes legging blanc et ta froque avec de la fourrure sur le capuchon mucho love babe sirpat -xo »
 
4 septembre 2013
« spotted à V R . Tes pomal belle pis on le sais. Tes en couple mais si tu serait celibataire jaimerais bien tavoir comme blonde….Oublie pas quon se connais bien et que jte voit a tout les jours Jtaimais je t’aime et je t’aimerai « 
 
27 août 2013
À la belle petite blonde que j’ai croisé au deuxième étage des résidences vers 22h25- 22h30. Tu nous a croisé, mon ami et moi, près des toilettes du 2e et tu nous a lancés un regard cute. T’avais un toutou jaune que tu serai dans tes bras. T’est petite, blonde et vraiment jolie et j’aimerais bien connaître ton nom! -Deux gars qui te trouve bien cute »
 
27 août 2013
« Au commis chez I*  ce pm (23 aout) tu nous as affirmé mesurer 6 pieds 1. Cheveux bruns, bouclés, mi long avec de belles lunettes J’étais avec ma copine et son fils. Merci pour ton excellent service. J’aimerais connaitre ton nom?? ;/ »
A R je suis prête a parier que ses L*!!
 
23 août 2013
« Elle as les cheveux noir elle est un px grande son nom K* je crois . Elle a de beau yeux et un beau sourir jaimerais bien la connaitre Et elle travaille aau A* a matane »
K L Haha c ben drole jme fais spotter meme si jtravaille plus la !!! :-p
 
23 août 2013
« Spotted à la fille qui m’a aidé avec une gagne le 14 août pour emménager mes choses dans ma chambre T’était pas si grande, cheveux brun long et une beau sourire !!  D’un gars qui aimerait vraiment te connaître « 
 
23 août 2013
« Spotted au beau brun avec un manteau bleu au T* près du M* hier (17 août vers 11h30-12h00). Pas mal cuute !! D’une fille qui t’a dans l’oeil « 
 
18 août 2013
« Je tai vue toi belle brune au camping de la riviere matane avec tes beaux yeux vert tu ma mis a lenvers outch … Viens tu faire un tour dans ma roulotte? – dun gars qui te trouve encore plus belle que dans notre jeune temps « 
S C Outch

18 août 2013 · 
« A une des serveuse qui travaillais au restaurant italien sur le bord du fleuve le 4 aout qui etait a la caisse et qui repondais a toute les appelles tu es tres joli !! »
K B Wou bern xd
 
18 août 2013
« Spotted le gars avec une veste bleu et une casquette qui  »travaillais » au Stade Fournier quand j’y ai été en fin de semaine. Jaimerais bien savoir ton nom D’une fille qui venais de Shawinigan pour le tournois de balle. »
 
28 juillet 2013
« spotted à un beau technicien en électronique et je crois son nom est N….. mmmm tu es désirable….. »
 
28 juillet 2013
« Au beau gars avec les cheveux padés & le Bmx bleu où noir ce midi au Pont Roger Dion. T’était pas mal cute ! D’une fille qui ta spotter Ton nom ?? »
 
28 juillet 2013
« Spottes a la belle merveilleur fille ke jai connu vla pas long pis kon se texte depuis tubet de matane moi de riki jai tellement hate de te voir ;):) en fds pro au grande fete a biento xxx  Du gars ki te texte a longeur de journer »
A T LOL texto… Tu va arriver en avant delle tu saura pu quoi dire pis tu pis tu va etre gener comme une saussice.. Lacher vos criss de texte spa drole en dieu
K B C’est tres beau ce que tu dis mais ca parait que tu textes a longueur de journee parce que t’es dur a lire!!! 😉
 
28 juillet 2013
« Les 2 gars qui se promenais en longboard aujourd’hui (mercredi 24 juillet) sur le boulevard Dion! Wow vous vous cachiez ou pour que je ne vous aille pas remarquer avant? – La fille qui vous a regarder de façon pas très subtile »
 
28 juillet 2013
« A la blonde en mazda 3 blanc terr don ben jolii – dun gars qui ta rencontrer sur la 132 entre st-ulric v baie des sables. Vers 4h40 »

Extraits de Spotted Matane 18+ 

2018

28 décembre 2018, 16:57 
Spotted 303: Aimerais rencontrer des fille entre 18 et 24 ans pour amitier et voir peux etre plus liker la publication et je vous contacte.
M-C I  Juste des gars qui like sa va po ben 🤣
 
28 décembre 2018, 10:03 
Spotted 302:  »j’aimerais regarder une fille se masturber, des intéressées ?! »💛
J D Va sur Pornhub
 
26 décembre 2018, 21:11 
Spotted 300: A la fille blonde asser grasette qui était au C* le soir de sa fermeture, ta décidé d’aller finir ton aventure incognito dans le parking de l’école d’amours … 😂 ps: t’avais pas un chum toi ?
M R Estit qui a des truies deguelasse qui respecte pas leur chumm et ses dans les 2 sens soyer fidèle ou loyal si vous aimez mieux les tout croche
 
26 décembre 2018, 12:25
Spotted 298: Femme fin vingtaine recherche femmes entre 25 et 35 ans pour relation de type *fuckfriend*. Merci beaucoup 🙂
 
14 décembre 2018, 10:02
Spotted 294: J’aimerais échanger des phosthos sexy avec une fille sur une basse régulière je suis un gars 😎
E B Si tu as la graine aussi croche que ton français tu devrais oublier ça.
 
4 décembre 2018, 23:29
Spotted 287: spotted a la tite francaise dune 20aine dannee qui travail dans un bar qui fourre son boss pis qui sen vente devant tlm pour avoir plus de chiffre. Bravo championne tu peux etre fiere de toi.
B M Tabouere .. tes jaloux ou quoi ?! Elle fourera bin qui elle voudra . Mele toi le nez dans tes bobettes pis tu va en avoir assez … Vive matane !! 🙄
 
23 novembre 2018
Spotted 284: J’aimerais trouver quelqu’un …elle sapelle D* jtais connue à la C* hier…sans hésiter elle a m’as aider…jaimerais te retrouver mais j’ai aucune information..si quelqu’un sais ces qui laisse un commentaire stp
D L Salut !! 🙂
 
21 novembre 2018
Spotted 282: Allo j’aimerais connaître une femme fontaine.La manger jusque quelle vienne donne ton nom en privée
V F L’été est fini à risque plus de slusher au froid qui fait!! 🤭

Spotted 279: Bonjour à tous je recherche une femme entre 24 et plus pour pouvoir partager, discuter de leurs expériences en tant que bi. Merci
K C Jais 23 ans , pansexuelle , tu peux m’ecrire si tu veux
 
14 novembre 2018
Spotted 277: homme qui a vraiment envie de baiser si une dame est comme moi fais moi signe on boit du vin on baise et merci bonsoir
K T encore un qui c’est cru bordelais…
 
12 novembre 2018
Spotted 276: jaimerais avoir des truc pour faire de lanal avec ma femme elle me dit que jai le penis trop gros et que sa vas luis faire trop mal aider moi svp
I C Tu crache …tu pouce … pis t’accotte !!!
2 réponses
 
12 novembre 2018
Spotted 274: Homme bi de 24 ans de matane aimerez s’amusser se soir
J P va pelleter
 
10 novembre 2018
Spotted 273: Salut madame tu te sens seule tes pulsions sont fortes . je peux les faire baisser fais moi signe- si tu veux jaser seulement pas de troubles je suis a l’écoute)merci
M H Tu veux te faire jase dans le micro😂😂😂😂
 
7 novembre 2018
Spotted 269: Ya pas de femme qui cherche 1 homme pour baiser sur spotteds 18+? Car les femmes a matane son dure a trouver quant cest juste pour le sexe !😞
M O je pense que tu es mieux de prendre ton probleme en main ….
 
4 novembre 2018
Spotted 267: Bonsoir belle cougare tu veux pasé un bon moment avec un homme de 30ans souper au restaurant. Eu plus qui sé de faire désirée
 
3 novembre 2018
Spotted 266:J’aimerais baiser solide une française qui est matane pour etudes
C L Quel romantisme
 
3 novembre 2018
Spotted 264: homme dans cinquantaine disponible pour vous jolies dames pour une soirée a faire oublier le temps de cul si tu as envie de jaser fais moi signe si tu veux plus fais je ferai mon possible pour faire rondir tes reins
P-L P je ferai mon possible pour faire rondir tes reins ayoye osti que sa doit pogner ste phrase la !
 
24 octobre 2018
Spotted 259: Je cherche les femmes fières de leurs petits seins! Personnellement J’ADORE! Manifestez vous et si vous êtes assez ouvertes dites nous la taille 😘😘
 
23 octobre 2018
Spotted 258: jeune gigolo débutant souhaite découvrir son métier à travers diverses expériences. Voici mes compétences: 1m82, endurant, puissant et sauvage. Commentez et on parlera en privé. Flexible selon le type de contrat.
N S Bon moé j’veux des détails!!!!
 
15 octobre 2018
Spotted 257: Kan tas sauté le 30 ans….et que tes quelqu un qui sort pas..où sont les femmes a Matane…y doit bien en avoir comme moi,qui reste tranquille à la maison??
N S Les femmes tranquilles y sont tranquille à maison calisss…..
M O femme d experience se tienne au batisseur
 
15 octobre 2018
Spotted 256: La monde sorte ou de 30 à 40 ans?
É T Au wald mart
 
8 octobre 2018
Spotted 252: Chercher escort dans la région
G P Check chez Ford yen on pt des usager dans cour lol
 
27 septembre 2018
Spotted 249: Bonjour je suis une jeune femme qui recherche belle femme entre 25 et 40 ans pour faire des trips de temps a autre sous le regard de mon conjoint ou pas … Si interressée commenter et jirais vous ecrire . 
B C Je suis pas intéréssée mes de 25 as 40 ans quelle age as t’elle elle aurais du le présisier pour les autre 
J S-L Dieu le mondes a des préjugés encore… surtout le post lâche ton chum au lieu de le tromper….mdrrrr
 
25 septembre 2018 · 
Je suis un homme remplie d’amour de 35 ans, Célibataire cherche une relation non ordinaire mes extraordinaire avec celui qui feras battre mon cœur. tu est prêt aux sérieux est avance dans ta vie et au défi, voyage, …
S G Bonne chance a toi 
 
23 septembre 2018
Spotted 246: Gars de rimouski vien as matane se soir aimerez tchill avec gars ou fille prendre une tite bierre ou se promener en char pi jasser liker ou commantez
 
7 septembre 2018
Spotted 240: Je cherche une fille célibataires entre 25 et 33 ans pour jaser merci
A N Sa sonne le gars sans couille sa jusqua 33 ans!! Est bonne !!

Dialogue épistolaire

Texte de Louis-Philippe Cusson

Lui
J’acquiesce, je me tends, je douleur-e
j’épouse le non-dit, je bas la chamade, le repos clouté
les diasporas de ton rivage, les gestes flous
je respire et laisse choir mes paupières las
j’hébétude d’ivresse et d’étreintes
depuis, plus rien, qu’un effleurement…
 
qu’un souvenir…
 
Elle
Tout n’était que crépitements de lumière et spasmes souverains, la veine haletante, la lèvre bleutée, nous en étions là, juste un peu plus d’absence, comme des rescapés de la mémoire…
 
Lui
Doloroso, quand tu me seringues, quand tu me taillades, je sens ma dure-mère se fissurée. J’apprivoise.
 
Elle
Perte des eaux et chemins de sentinelle des âmes, des dieux se taisent. Nous aurons des arabesques sous nos ongles, des tonnes de convenance dans nos pâles excuses. Souffle court, regard étoilé…
 
Lui
De ce chaos nous feront des confettis de chair et de douceur, nourrissant nos plages infinies d’étreintes soliloques. Tout n’est que départ, que quai de gare d’adieux qui écorchent, sans mot, comme un fard noir sur nos paupières de conversations avortées… 
 
Elle
Que dire de plus. Des gestes du quotidien qui lancinent, des hasards qui ne laissent rien. Des parfums qui chagrinent, des bateaux d’incertitude qui tanguent sur nos déceptions, frayant de souvenir en tenue de soirée.
 
Lui
Ton visage triste semblait sortir d’une longue prise d’otage où tu avais eu le temps de compter tes cicatrices, où le manque t’avait été interminable. Un séjour de nuit d’encre, sans tendresse ni blessure.
 
Elle
Donnons-nous des ailes, donnons-nous des grincements de peaux et de jointures. Cherchons la faillite de nos pâles matins et les soubresauts de nos corps encore chauds. Puisons dans nos ego de pacotilles et nos combats en port à faux. Pause. J’irai me reposer. J’irai me déposer. Puis, non. Je marcherai dans l’aube, besace de verbes à bout de bras, chemise tranquille et regard pyromane. J’irai. Simplement.
 
Lui
Nos chevaux fatigués, nos herbes folles, tous donnait un signe de vie, il n’y avait pas l’ombre d’un doute. La noirceur formulait ses détours, les corbeaux veillaient, tu étais enfin endormie après avoir longuement tenté de conter tes séjours tunisiens, thé brulant sur table de verre, laissant des cernes et des miettes de rivages écarlates. Demain allait être mieux. Malgré.
 
Elle
Acculé par la mer, je humais le fond de mon verre comme un chien cherche son os enterré de la belle saison. Miaulant mon désarroi, seul, poivré d’ivresses maladroites me glissant des mains. Mes fantômes me happaient, susurrant des insanités, maudissant toutes les lunes du monde. J’avais soif de poussières, j’avais faim de chaleur humaine, j’éternisais mes nuits… Comme une autopsie de nos déboires, léchant nos fragments d’amour dans ses moindres.
 
Lui
Comme si nous devions assurément grandir de tout cela. Avec certitude, éloquence, nous criâmes de singulières ecchymoses. Nos pas allaient vers la carte déchiquetée de nos envies, affublé de quelques. On aurait dit le Gange qui tentait de sortir de nos veines charbons, de nos ventres truffés d’héroïne. Port de nulle part, amarrage difficile, pourtant. Point d’inaptitude sculpté de négligence, offrande tremblotante et sombre comme un destin insolite. Je titubais sous l’endorphine.
 
Elle
Nous aurons des génuflexions devant les champs de mines, de mauvaises herbes en bouquet pour ne pas oublier. Nous aurons des certitudes au grand vent, des situations sans provocation, des encensoirs de salives et des bénédictions d’apothéose. Dormir. S’échouer d’épuisement.
 
Lui
Esperanza. Avant de noyer nos aquarelles dans le stupre et les conversations en sourdine. Avant que l’expiation des corps ne soit ce qui nous reste, avant l’oubli des ventres humides, les algorithmes du sad core, le baiser blessure, la main craquelée et les artères gonflées de déserts et de lever du jour… 
 
Elle
Puis, il y a l’autre, du bout des yeux, comme sa propre déchirure, sans ses oripeaux, sans maquillage. Assoupie, avec quelques spasmes de plus en plus espacés… un sourire en coin sur son visage. Toi.
 
Lui
Raconte-moi le tsunami qui, chaque fois, te remonte en corps à corps jusqu’à l’agonie des sens. Dis-moi encore que les mots ne sont pas inutiles. Qu’ils mettent en écrin la douleur, mais aussi des parcelles de bonheur. 
 
Elle
Cheveux mêlés, odeur de cendres et de Kumbha Mela, les eaux du fleuve portaient des prières et des souvenirs insaisissables. Longtemps déjà, cette dernière soirée où j’ai croisé ton regard fuyant, où l’apocalypse se lisait dans nos verres vides. Cette disparition longuement préparée désignait l’abandon. Chaviraient quelques certitudes. Annonçant l’hiver et ses vents d’âmes.
 
Lui
Dans la fosse commune de nos ébats, de nos étonnantes ablutions, de tant de jours cadavres et de nuit rédemption, sans reproche, sans limites, avec juste ce qu’il faut d’humilité et de courage. Tu. M’étonne. Bonjour la tendresse. Comme on lève le calice à hauteur de déjà vu. De bijoux clinquants aux poussières d’étoiles laissées par la faim du lendemain. De nouvelles tranchées dans nos cheveux champ de bataille. Du sang dans nos yeux écarlates d’aube exutoire. Mots salés.
 
Elle
Dans nos ivresses et nos malheurs noircis, j’irai te chercher en limousine feutrée, en dièse inachevé, en dromadaire triste, en volontariat éreinté, fleurs à la main, du bout des yeux, pudique comme une volée d’oies sauvages. 
 
Lui
Un livre qui s’ouvre c’est un esprit qui s’envole…
 
Trop occupé à mesurer l’absence, j’en oubliais le chemin qui me mènerait à toi. Qui me donnerait accès à la quintessence de ton être. 
 
Nous n’étions jamais allés plus loin que demain. Je me sentais soudain comme un bouton de chemise en exil, loin de l’apaisement, loin de comprendre. Doux-amer. Comme si nous avions tout mangé, même l’âme et les os. Repus de l’autre. Avec ma tête en feu de forêt et ton regard en marée douce, nous avions juste ce qu’il faut. Un chouia de bonheur dans un souffle de tempête… des brèches d’où s’écoulent les mots perceptibles, les pleurs de joie, les rires en sourdine, les talismans qu’on ne veut pas perdre.
 
Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime.

Amor te vas

Lettres de rupture. M.

Un lundi soir à Cancún
Voyageuse solo
Les yeux plein de brume
Je ne prends pas plaisir
À l’alcool, aux rencontres
Tout est insipide 

Je n’arrive pas à dormir
Entre les rythmes de la fiesta 
Et mes nuits dans le dortoir
L’auberge est vide malgré la foule
Et il fait chaud

Je n’ai plus l’énergie de me battre
Je n’ai pas envie de faire semblant
J’ai envie de pleurer
Et pourtant, je n’ai pas bu
Et parmi les autres je suis seule

Le coeur dans un étau qui veut exploser
Ou imploser
Pleurer en silence et foncer dehors
Prendre l’air
Pour sortir du faux, entrer dans le vrai
Pour que la douleur « d’avoir échoué » puisse rouler sur mes joues
Faire des flaques de boue

Sous l’impact des bombes de mes regrets et de mes peines
Comme une caverne qui se remplit des larmes
Des nostalgies et des peurs
Une cenoteasphyxiante
aux eaux limpides mais sombres
mêlées à mes joies et mon émerveillement
Je cherche à guérir et à fuir 
dans l’apesanteur du moment

Mais comment?

Comme les tristesses qui jaillissent des bas fonds
Tournée vers des temps révolus
Et l’avenir devant soi
Comme incertain
Qu’en ferai-je?

Il est des temps où la beauté 
Qu’elle soit triste ou vive
Nous alourdit ou nous allège
Comme une chrysalide pleine de promesses
Parée de cicatrices

Car la souffrance
C’est aussi fleurir
Enfin j’espère
Le bourgeon éclot
La vie renaît

Mon coeur est gonflée de toutes ces émotions 
intangibles et froissées!
Le rêve déçu
La douleur de t’aimer 
sans pouvoir t’aimer

Mais est-ce cela aimer?
Te Posséder?

Et aussi la grandeur d’exister
Entre deux croissants de lune qui sourient
Et le chat d’Alice au pays des merveilles
Qui se moque sans cesse
De la futilité de mes marées

Entre un lapin blanc 
et une dame de coeur
Entre puerto vallarta et cancun
Et entre mes erreurs et mes bonheurs
J’essaie d’exulter ce qui sommeille dans mon ventre
Ce qui me donne mal à la gorge

Chercher le chemin 
qui mène à soi et à l’autre
Espérer et oser
Reculer mais avancer 
et surtout vaciller

Je t’aimais je t’aime et je t’aimerai… Toujours. 
Ton nom qui est si beau
Mon bel apôtre
Tes yeux si bleus, comme l’océan
Le Deuil de l’Amour fait si mal
Les rêves déçus, déchus
Les illusions puériles, infantiles
Saccagées

Et je ne connais pas la réponse
J’écoute mon coeur
Qui me dit que je t’aime
Comme une parcelle de moi qui s’échappe 
Qui refuse pourtant de renoncer
Mais qui sait devoir quitter, partir ailleurs

Comme une volupté qui s’évade
et retourne aux étoiles
Comme une part d’infini 
qui rejaillit vers le tout
Et j’ai mal…
Mais je me relèverai

Je voulais boire à tes yeux
Et prendre ta main
Sur le lit de mon dernier souffle
Et sentir mon coeur battre sous ta main, sur ma poitrine
Je voulais tout cela, je le rêvais, je le priais

Avec le temps vient la conscience
Avec la souffrance vient la sagesse
Je suis fracassée par ce vécu
Et l’échec de ma vertue

Parce que vivre est une blessure
Que l’horloge guérit 
comme le carbone que l’on comprime
et qui malgré les failles
Devient splendeur…. cristal
Sous le poids qui m’écrase
Je remercie l’impermanence


Qu’est-ce qui de mon passé a fait de moi ce que je suis?
Qu’est-ce que de l’éternité j’ai retenu dans cette vie?
Quelle part de mes actions m’a construite et détruite?
Le mystère m’étourdie

Je ne suis qu’une étoile dans l’univers…
Et pourtant je suis le soleil d’une planète quelque part…
Et tu étais ma pleine lune

Que ta guitare éclaire tes nuits les plus sombres
Et que ma plume libère les miennes

Ainsi errent les cœurs brisés…


Lettre 2

Salut mon beau,

Hier soir a été la goutte qui a fait déborder le verre pour moi. Ça va pas.
Je suis toxique en ce moment. Pour moi et pour les autres. Je suis « out of order » et j’ai l’impression de ne faire que des conneries et de me saboter. J’ai vraiment un grand ménage du printemps à faire dans mon coeur, ma tête et visiblement aussi mon corps.

J’ai honte, je suis triste, j’ai peur de te perdre, je suis fâchée contre moi-même de ne pas arriver à prendre le dessus et à gérer ces comportements de merde qui me montrent sous un jour peu flatteur, destructeur et méchant. Ma part d’ombre est forte en ce moment. Je suis « dangereuse ». Je me sens presque impuissante, mais je refuse de baisser les bras. I’m gonna slay that fucking dragon!

Comme je t’aime, et que tu es un gars équilibré et tellement pas compliqué, gentil, facile à vivre… je mets un terme à nous deux.

C’est irresponsable d’être en couple alors que je traverse une phase aussi « fuckée » que ça. J’ai des choses à regarder, bien des bibites et des réparations à effectuer sur ma personne avant de pouvoir songer « bien » aimer quelqu’un, là, je t’aime tout croche. Je te demande de combler dix mille besoins et carences chez moi, et c’est pas ta job.

Et comme je veux pas te « blesser » davantage… Je crois que c’est mieux que je sois seule pour un temps. Que je prenne soin de moi et que je change certaines choses une bonne fois pour toute. Y’a de la job.

Souhaite-moi d’y arriver.

Je passerai chercher mes trucs chez toi pendant que tu seras au travail. Je pense qu’il n’y a pas d’autre solution que celle-là. Sinon, je vais rendre ta vie un enfer.

C’est la chose la plus responsable. Et c’est pour ton bien… et le mien aussi, hopefully.

Merci pour la belle fête. Tu es vraiment généreux et tu as pris soin de moi.

C’est très difficile. Je m’ennuie déjà de toi, mais aimer c’est aussi vouloir le bien de l’autre… et c’est parfois prendre le chemin le moins fréquenté, même si c’est douloureux. Tout ce que j’aime, je semble le détruire… self loathing. 😦

Je suis désolée pour toutes les crises/drames/souffrances que j’ai pu te faire vivre. J’ai eu de tellement beaux moments avec toi et avant qu’il y ait plus de mauvais souvenirs que de bons, je me retire pour ne pas faire davantage de dommages.

Je ne sais pas trop comment je vais m’y prendre, mais je compte bien être heureuse dans la vie et je vais faire face à mes démons et faire ce qu’il faut. Pas le choix. Et ça, ça prend du temps. Y’a une shit load de mon passé à regarder en face et ça fait pas du bien. C’est une tornade et je veux pas qu’elle te ramasse en chemin.

Je t’embrasse, je t’aime. Je te souhaite le bonheur. Trouve-toi une fille qui soit équilibrée, parce que moi, je ne le suis pas.

L’amour, ciel! Le désamour

E. G., date inconnue
L’auteure avait dans la trentaine, lors de la rédaction du texte.

L’amour, l’amour
Ça devrait être pour toujours
Ça devrait pas nous jouer de tour
Nous rendre de plus en plus heureux
Sans qu’on ait besoin d’espérer mieux
L’amour, l’amour
Pourquoi ça devient si lourd
Pourquoi ça doit se finir un jour
De si beaux moments devenus vaporeux
Dans mon ciel maintenant nuageux
Ciel, ciel
M’envoler vers toi, irréel!
Puisses-tu m’aimer un jour à l’éveil
Ciel, ciel
Je ne veux que l’essentiel
Vivre enfin un amour réel, plus que charnel
Ciel, ciel
Désamour, désamour
Je ne sens plus le velours
Ni même le son du cœur, le tambour
Ce son, ce sentiment si précieux
Qui maintenant est plus que silencieux
Désamour, désamour 
C’est un point de non-retour
Peur que ce soit ainsi pour toujours
Peut-être que vers d’autres cieux
Je te rencontrai enfin cher mystérieux

Un long chemin

C. et M., 2008 +
Lettres d’engagement amoureux entre trentenaires, établis en Matanie. 


Un long chemin… 
Au cours des derniers mois, nous avons parcouru un long chemin… du désert à l’océan, des routes glacées de la Gaspésie à celles de Bretagne. Hier encore je regardais d’une autre manière le garçon que j’avais jadis côtoyé sans connaître. 
J’ai rencontré un homme sensible, immensément enthousiaste devant la vie, à l’imaginaire foisonnant, à l’intelligence vive portée par une curiosité émerveillée. Un homme que je ne soupçonnais qu’à peine d’abord, mais que j’explore depuis avec grand bonheur. 
 
Avec toi 
Avec toi, je n’ai pas connu la passion-tempête qui aveugle et déracine, mais un amour vrai qui stabilise; qui nourrit. Dans l’homme-enfant, j’ai trouvé une âme soeur, un compagnon pour construire les plus improbables châteaux de sable et poser les questions les plus déconcertantes, les plus essentielles. 
 
Microcosme
Dans la chaleur des nuits africaines, sous le voile qui nous protège du reste du monde s’est dessiné et redessiné dans notre minuscule univers-lit un sentiment complice et apaisant et des constellations de songes. Cet univers propre, nous l’emmènerons bientôt dans notre pays de neige et plus tard, en bien d’autres lieux encore. Cet univers, tout à la fois il m’ancre et me donne envie de la mettre dans mon baluchon pour voyager sur mille chemins. Cet univers, je le sais vivace, apte à fleurir des années durant. 
 
Je crois 
Je crois en ce monde, en toi et en moi. Comme pour une profession de foi, je crois en nous. Je crois en ce que nos lubies puissent se nourrir l’une l’autre pour faire naître de grands morceaux de rêve à déguster lentement. Je crois aussi en notre sagesse, notre volonté de construire ensemble – malgré les cahots de la route, malgré les chemins qui divaguent. Forte de cette foi, je désire aujourd’hui m’engager envers toi. Ici, au coeur de la forêt de Brocéliande, je te promet amour et fidélité. 
 
Je m’engage 
– Je m’engage à être joyeuse douce et patiente. Je m’engage à tendre toujours à devenir une personne meilleure – pour moi, pour toi, pour créer et perpétuer chez nous une atmosphère qui donne envie de rêver, d’inventer et de réinventer; 
– Je m’engage à tout faire pour que nos parcours convergent, à calmer mes enthousiasmes-girouette afin qu’ils ne m’emportent pas aux quatre vents; 
– Je m’engage à alimenter mon amour et le tien, à mettre une bûche dans le poêle qui ne s’embrase pas d’un coup, mais se consume lentement, irradiant une chaleur paisible; 
– Je m’engage à investir la volonté et les efforts nécessaires pour nous reconstruire si des temps plus sombres ébranlent nos fondations;  
– Je m’engage à prendre soin de toi, à veiller à ce que tu vieillisses sereinement – avec une barbe et un chapeau de paille ou autrement; 
J’ai envie de te dire que je m’engage à t’aimer jusqu’à ma mort. Je ne sais pas s’il est possible de faire un tel serment, mais j’ai sincèrement envie de me bercer de cette croyance toute ma vie durant.                                                                              

3 octobre 2008, Brocéliande. 

Le visiteur du soir

Le visiteur du soir
 
Nouvelle
 
Automne 2007
 
 
Gérald Tremblay


LE VISITEUR DU SOIR   
                                                           
            Un homme veille sur l’Intime. Un homme veille sur une maison dont il connaît chaque planche, chaque pierre pour en avoir scruté le sens du grain et les multiples aménagements utiles au confort. Pour en avoir aussi retravaillé les charpentes et les moulures, il y a implanté un feu dans la pierre afin d’éclairer les solitudes subitement débarquées. Car cette demeure attire, d’elle-même, des visiteurs inconnus, des artisans curieux, des artistes épuisés par leurs quêtes sans fin d’une infinitude inquiète. Et le vieux piano centenaire gémit parfois sous les doigts d’une musicienne de treize ans.  La maison chante alors, telle une femme appelant son amant sans âge. Cette femme existe, m’a raconté cet homme. Elle peut demeurer des mois sans aucune nouvelle jusqu’au moment où une missive, écrite à la main, du genre de celle-ci lui parvient:
 
            Madame,
              Vous êtes  chaleureusement  invitée  Au  Gîte  le Jardin  de Givre pour  une  soirée en  tête-à-tête  avec le maître de  ces  lieux. Vous  trouverez  le  nécessaire à  cette  rencontre intime dans  le colis  ci-joint. Une voiture  passera  vous  prendre ce soir,  à votre domicile , à 21 heures précise.
                                                                                            
                                                               Joseph, le majordome
            
            
            Et chaque fois une robe de haute couture et les dessous en soie, les gants et le sac à main assortis accompagnent une gerbe de roses blanches avec, en son centre, une rose noire, pourpre ou jaune. C’est selon. Cette rose particulière, détonnant au cœur de cette blancheur aveuglante, porte une signification. Le majordome lui en explique le sens lors de ces longues soirées de service. Le visiteur du soir n’arrivant parfois que sous les derniers coups de minuit et, sans s’excuser, congédie Joseph d’un geste en coulisse, avant d’apparaître portant un costume de soirée. Ce jour-là elle découvrit sous le tissu de la robe une plaquette de vers reliée à l’ancienne, dont la couverture de cuir repoussé s’ornait de motifs rouges et or en alphabet cyrillique.  
            Dès son arrivée, le majordome introduit la femme au salon.  Il boite légèrement de la jambe droite. Seul éclairage, avec quelques bougies, le feu jette des lueurs fauves sur les meubles anciens. Il regarde la femme. Sa longue coiffure frisée, tirant sur le blond, cache les mèches plus pâles de l’âge. Pas très grande, un peu ronde de formes, elle marche pourtant d’un pas léger et son visage sans rides apparentes reflète une joie cachée. Son sourire révèle la timidité des femmes amoureuses, interrogeant le regard de leur amant.
            -Installez-vous, Madame; je reviens avec le champagne.
            -Rien ne presse, Joseph.
            -Ce sont les ordres de Monsieur.
            -L’attendez-vous pour bientôt?  A-t-il laissé un message pour moi?
            -A la première question de Madame, le Cesna de Monsieur ne devrait pas tarder, à moins de vents contraires. Pour la deuxième question de Madame, seules les roses parlent pour Monsieur.
            -Ah oui, les roses ! Je vois une rose pourpre, cela signifie…
            – Madame devrait savoir, depuis le temps…
            -La rose jaune signifie l’infidélité, la noire une humeur sombre et irascible… La rose pourpre, une blessure au vif qu’il faudra soigner de tendresse… de caresses… 
            -Monsieur travaille dans les extrêmes, de la haute voltige politique, je crois.  Il revient de Russie ce soir. La plaquette de poésie vous informera.
            -Dites-moi, Joseph, le maître de cette maison ne serait pas un peu espion… ou pire… agent double, ses voyages à l’étranger, toujours dans des pays sous tension de guerre civile… ne serait-il pas un peu… provocateur…  ou pire, tueur à gages pour le gouvernement américain?
            -Ah!  Ah! Ah!  Madame a une imagination charmante. Mais je ne puis vous contredire. Je ne sais moi-même ce que fait Monsieur. Il est très secret là-dessus. Je dois pourtant vous avouer qu’il est parfois revenu de certains voyages en piètre état et je dus, à ces rares occasions, remplacer l’infirmier de service. Monsieur est très sportif et je crois aux accidents qu’il me raconte. C’est en partie mon devoir de croire tout ce que dit Monsieur.
            -Vous m’étonnerez toujours, Joseph. On dirait un homme d’un autre âge; comme dans ce film avec Anthony Hopkins, vous savez ce merveilleux film où un majordome rate sa vie amoureuse par devoir auprès d’un maître allemand qui se suicide à la fin…
            -Le service et la discrétion dans ce travail n’ont pas d’âge, Madame. Un domestique est professionnel jusqu’au bout des ongles ou bien il n’est pas au service d’un employeur tel que Monsieur. Si Monsieur avait voulu d’un homme à tout faire du pays, il l’aurait engagé. Monsieur est passé par une agence spécialisée pour recourir à un service impeccable. Monsieur sait que sa vie d’action exige de sa maison un climat de repos et de détente particulièrement efficace. Je suis là pour le confort physique et psychologique de Monsieur. Je crois que vous pouvez comprendre cela.
            -Dites-moi Joseph, Monsieur n’a pas d’autres couleurs, dans ses arrangements floraux, pour signifier ses  « accidents ».
            -Le blanc signifie la pureté de ses sentiments envers vous, et sa fidélité…
            -Sa fidélité, j’en doute Joseph. Il est absent de longs mois. Il visite ces pays où les femmes sont belles sous leurs voiles, à l’ombre des maisons blanches ou dans les forêts tropicales. La tentation est forte sous le soleil des grandes cultures, des civilisations sans âge. Les capitales agitées sont des femmes sans scrupules, aux charmes d’opium et de liqueurs parfumées. Leurs fleurs capiteuses n’ont rien à envier aux roses froides de nos climats.
            -Madame doit croire les fleurs que Monsieur lui fait parvenir… cela fait partie du jeu.
            -Oui, je sais Joseph. Je ne suis pas en position pour être jalouse de cet homme trop souvent absent. Je prends ce qu’il me donne comme une plante assoiffée, comme un désert de glace sous un soleil noir. Oui… Mais cette fois je me promets bien de le faire parler; et, s’il vous plaît, Joseph, plus de Madame, je suis Rébecca, celle que vous recevez depuis vingt ans, à qui vous servez le même riche champagne, à qui vous expliquez la même signification des fleurs pour lui… celle pour qui vous avez des attentions, comme ces chauds bas de laine, ce feu qui nous éclaire à peine, cette intimité, Joseph… Venez vous asseoir près de moi. Je me sens si seule.
            -Permettez-moi, Madame, de vous dire que vous êtes particulièrement en beauté ce soir.
            -Ah, Joseph, Joseph mon ami! Vous permettez que je vous appelle mon ami… vous êtes si gentil de me dire cela. Ce soir j’ai comme une vague de nostalgie prise dans la gorge, un sanglot de vingt années logé à L’Auberge du Pied de grue… Moi qui ne croyais pas à la patience des femmes de marins… Joseph, Joseph… Appelez-moi Rébecca, dites mon nom, Joseph, dites : Rébecca, je suis bien ici avec vous, dites-le Joseph, pour moi.
            -Je n’oserai jamais Madame, Monsieur ne le permettrait certainement pas.
            Joseph s’éloigne et revient avec deux coupes et une bouteille de champagne dans un seau à glace, une serviette blanche sur le bras. Il fait habilement sauter le bouchon sans bruit et emplit une coupe.
            La femme se lève, elle marche sous le coup d’une colère sourde.
            -Monsieur, Monsieur, MONSIEUR. Vous n’avez que ce mot là à la bouche. Buvez un peu de ce champagne pour oublier celui qui nous installe ainsi malgré nous, dans la fiévreuse expectative… dans…  dans… Elle lui verse un verre de champagne et se reprend.  Monsieur n’est pas là, il est encore en retard de plusieurs heures et il sait que nous l’attendons, il sait ce que nous vivons. Elle boit doucement à la coupe, ses mains tremblent.
            -Oui, je sais qu’il sait ce que vous vivez. Pourtant, il est toujours fidèle au rendez-vous, même si l’attente est parfois longue.
            -Merci Joseph, de me tenir compagnie. Excusez-moi de vous piquer ainsi de questions et de réflexions dont vous ne savez quoi dire. Servez-moi encore un peu de cet excellent champagne et buvons à la santé de l’amour invisible qui nous emmaillote sans fausses mailles, comme un filet de trapéziste. La femme s’approche de Joseph. 
            Embrassez-moi, Joseph. C’est le majordome que j’aime ce soir, Joseph. Pouvez-vous comprendre cela?
            -Pensez-vous, Madame. Si le maître arrivait, il n’aimerait pas que je vous courtise ainsi, vous sa promise d’un soir.
            – Et les autres soirs, Joseph?  Que faites-vous les autres soirs ?
            -Ma vie privée ne vous concerne pas; j’ai des activités de solitaire et le travail dans cette maison réussit parfaitement à combler ma vie.
            -Joseph, Joseph. Pensez-vous sérieusement que Monsieur ne sait pas que vous me courtisez, un peu, à votre manière, depuis toutes ces années; depuis combien de temps, Joseph?
            -Vingt deux ans que Madame vient ici, au rendez-vous de Monsieur.
            -Et sur ces vingt deux années, Joseph, vous avez passé plus d’heures en ma compagnie que moi avec votre maître. Alors, Joseph, il ne saurait être si naïf de croire que nous sommes de purs étrangers attendant sagement son apparition. Les heures seraient longues sans vous, Joseph, pour me tenir compagnie. Cette maison m’attire et me fait peur à la fois. Vous me fascinez autant, sinon plus que votre maître. Combien de fois ai-je pris la décision de refuser l’invitation et à la fin de venir… pour vous Joseph… pour vous ?
            -Il ne faut pas, Madame. Si vous continuez, je devrai me retirer. Parlons plutôt de Monsieur… ou de cette maison mais pas de « nous ». NOUS n’existons pas dans cette histoire. NOUS sommes les accessoires, un prétexte pour que l’amour s’exalte, s’exauce et se sanctifie entre ces murs que j’ai reconstruit pour Monsieur.
            -Vous m’intriguez tellement, Joseph. J’ignore tout de cet homme qui se cache derrière vous. Qui est-il Joseph, cet homme dont vous me parlez tant, cet homme qui nous cloisonne dans cette solitude de convenance ?
            -Je ne puis tout vous dire. Mais vous devez savoir qu’il vous aime profondément, comme seules savent le faire les natures fortes, les hommes d’une seule femme. Selon Monsieur, nous n’existons que par l’amour de l’autre. Nous n’apparaissons au monde que par le reflet tranquille de la mémoire de l’autre. Le regard de l’autre sur nous est ce soleil sans quoi aucune vie n’a de sens, qu’un seuil de désert sans nom.
            -Je n’ai jamais vu son vrai visage, Joseph. Il se masque à chacune de nos rencontres.
            -C’est qu’il craint que vous ne le reconnaissiez par les journaux ou certaines revues mondaines qui parlent, à l’occasion, de ses visites ou de ses interventions diplomatiques au pays ou à l’étranger.
            -C’est donc un homme important et sans doute très riche.
            -Un homme est très important pour la femme qui l’aime et, sans doute dispose-t-il d’une certaine richesse à ses yeux. Néanmoins, pour le bénéfice du jeu, je sais qu’il possède de nombreuses maisons à travers le monde et que je ne suis certainement pas le seul homme à son service.
            -Et les femmes, Joseph ? Combien de femmes à son service ?
            -Il n’y a que vous, madame, à ce que je sache. Oh! Oh! J’entends des pas. C’est la porte d’entrée. Excusez-moi, je reviens.
            -Ah, mon Dieu! Comme je suis  excitée. Comment va-t-il me trouver ? Joseph est vraiment trop bon. J’ai vieilli, mes joues descendent, mon âge me trahit. Quelle allure ! Cette robe est beaucoup trop saillante. Elle se regarde dans un miroir plein-pieds. Est-ce vous, Monsieur le masque ? Répondez-moi!  C’est long à la fin.
            -Ce n’est que moi, madame. Monsieur me fait savoir qu’il sera en retard. Son avion ne peut atterrir au petit aéroport de Matane. Il doit retourner à Mont-Joli, par prudence. Le temps est mauvais et la piste est glacée. Il ne veut courir aucun risque. Vous savez que les accidents arrivent souvent près de chez soi, là où une femme et des enfants nous attendent. Un retard d’une heure à peine… Prenez de ces amuse-gueule. Je les ai préparés pour vous. Un peu de crevettes avec votre champagne ?
            -Comme vous en mettez, Joseph. Me cachez-vous quelque chose ? Que contenait exactement ce message ? Elle se lève et marche de long en large. 
            -Non, non, je vous assure. Tout est parfaitement normal et fortuit. 
            -Je veux bien vous croire… Ouf !  Nous respirons un peu mieux, hein, Joseph ! Oui, servez-moi un peu de ce champagne qui allège l’âme. Je me sens des ailes ce soir, Joseph. J’ai le goût de crier. Ma robe me sied-t-elle bien, Joseph ? Je n’ai pas trop pris de poids depuis ? Au fait, comment fait-il pour savoir la grandeur qu’il faut pour ces robes, une fois ou deux l’an ?  Il connaît toujours la pointure et les mensurations exactes pour ces vêtements. Pourtant, il ne me voit pas souvent.  Comment fait-il Joseph ?  Êtes-vous ses yeux, Joseph ?  Lui transmettez-vous des informations à mon sujet ?  Qui je fréquente ?  Qui vient chez-moi ? VOUS m’espionnez, Joseph ! C’est cela votre assiduité, vos raisons profondes.  Moi qui croyais que vous aviez de l’amour, de l’estime pour moi.  Je ne suis qu’un objet à vos yeux.  Je ne fais partie que de votre temps de travail. C’est cela, hein, Joseph !  Mais dites-le donc que je ne suis rien pour vous, rien qu’une femme comme tant d’autres, livrée aux mains du maître, impeccablement mise par vos soins. La femme étouffe un sanglot.
            -Jamais je n’oserais, Madame. Vous vous égarez. J’ai peut-être eu tort de vous servir cette troisième coupe de champagne. J’ai manqué à mes devoirs.  Pardonnez-moi !  Néanmoins, je puis vous dire que Monsieur connaît bien les femmes. Il sait comment elles prennent de l’âge, ainsi… comment les habiller et…
            -Et les déshabiller… Joseph, dites-moi, lorsque Monsieur arrive, surveillez-vous un peu la fin de cette soirée que vous avez allumée de votre conversation, de vos mystères sur cette maison, de votre présence même silencieuse, de cet excellent champagne? …Ah! Ah! Ah! La femme éclate d’un rire un peu fou.
            -Ah, Madame ! Ne me demandez pas cela. C’est que vous doutez de mon intégrité absolue envers Monsieur. Vous savez que mes ordres sont très stricts. Lorsque Monsieur arrive, je dois disparaître… Mais, j’aperçois des lumières dans la cour. C’est une voiture qui stationne dans l’entrée. Il a sans doute pu atterrir tout près d’ici.  Votre patience sera récompensée.
            -Attendez, Joseph.  J’aimerais vous dire… Excusez-moi, je vous aime bien.  Demeurez toujours ainsi fidèle à tout cela. Elle fait un large geste de la main pour montrer la maison.  Maintenant, allez ouvrir à Monsieur. Je suis prête. Joseph se dirige vers les grandes portes. On entend des voix chuchotées. Le froissement d’un manteau, des bottes que l’on jette. Une odeur de fin cigare, un discret parfum d’homme; puis Monsieur est devant Madame.
            Il porte son masque de plumes bleu-turquoise, quelques-uns unes rouge sang, avec un double cerne violet et noir autour des yeux. Des perles cristallines au front, accrochent le regard. Mais ce sont les yeux sous le masque qui fascinent. Des yeux d’une sombre profondeur, avec l’éclat rieur des hommes habitués à jouer l’invité en retard. Rébecca se dresse de toute sa hauteur. Elle chancelle un peu, comme si ce regard lui tournait la tête. C’est ce que l’homme croit. Il est enveloppé d’une cape de soie noire et porte un ensemble du soir en épaisse ratine bleu nuit, attaché par un ceinturon de cuir pourpre traversé par une dague courbée au manche ouvragé. Des gants mauve lilas cachent ses mains au regard de la femme. 
            Sans dire un mot, il l’invite à danser. Des murs, aux boiseries de cèdre, s’élève une musique, une lente complainte à l’accent argentin. Une voix rauque module le pas des danseurs perchés près de l’extase. Ravie, Rébecca se laisse entraîner vers un ciel musical, un puissant tango soulève la portée de ses sens baignant dans les vapeurs du champagne. Elle se sent légère, envoûtée, enlevée par des bras sûrs d’eux, des bras d’athlète ou de travailleur; elle ne saurait le dire tant le charme opère dans la complicité choisie sur invitation. Le couple valse devant le feu qui rougeoie les cristaux d’un lustre.
            L’homme au masque murmure à son oreille des mots de feu, des caresses qui exaltent le sanglot perché aux lèvres humides.  Ses mains vont et viennent à plein dos, caressant le tissu léger de la robe, descendant jusqu’aux fesses, s’y attardant. Son genou indiscret pénètre l’entrecuisse de la femme, appuie lentement vers le haut puis revient se serrer contre les genoux flagellés par le tissu de velours.
            -Vous êtes en retard.
            -Si peu, Madame. Et puis, mon majordome vous tenait compagnie. Il a été convenable, j’espère…
            -Oh, parfaitement, Monsieur.  Joseph est impeccable dans son rôle. Vous, par contre, vous m’impressionnez, vous m’intimidez un peu.
            -Je m’en excuse.  Ce masque sans doute qui crée une distance entre nous. Je ne puis m’y soustraire. Je veux demeurer ainsi, incognito dans l’amour, afin que le mystère demeure. L’amour est un inconnu, ne croyez-vous pas?
            -Oui, sans doute.  Mais j’aimerais vous connaître davantage. Depuis ce temps que j’accepte vos invitations, il me semble que j’aurais droit à un visage, à votre véritable visage. Et ce vouvoiement!  Est-ce vraiment nécessaire?  J’ai l’impression de faire partie, pour un soir, d’une époque révolue. C’est intrigant et gênant.  Je n’aime pas les barrières de convenance.
            -L’humanité n’est que convenance, vous savez.  Le monde n’est qu’apparence.  Si j’ai choisi un siècle et un langage qui vous semblent un peu dépassé, c’est justement pour rattraper le temps qui passe sans que l’on puisse se voir, sans que l’on se reconnaisse vraiment dans le langage du quotidien. Cette invitation est un arrêt dans le temps.  C’est ma manière de toucher votre être, d’apporter aux gestes de l’amour un décor à la mesure de son grand théâtre.   
            – Je suis heureuse de vous avoir si près de moi. Ah oui! Caressez-moi, prenez ma bouche, buvez à cette source que vos caresses affolent… mon amour… 
            -Votre poitrine est une vallée tropicale où des fruits murs coulent dans mon cou. J’apprends à respirer vos arômes de cannelle et d’amandes. Sans s’en rendre compte, la femme se met à tutoyer son amant :
            -Ah oui! Viens ouvrir mes sens comme ces fleurs de givre aux fenêtres. Parle-moi le langage des amants emportés par cette passion sans nom. Ouvre-moi les portes du ciel, tout l’espace de mon ventre pour que nos membres éclatés jouissent leur gestation humide, jusqu’à l’extase.
            -Je suis venu te dire que le soleil de l’été chantera nos fleurs, jardinées un soir d’hiver, en cette maison parfumée au feu d’érable.   Nous sommes le mystère de cette nuit.
            -J’entends du bruit. Joseph peut nous surprendre… La femme se détache lentement et approche les deux coupes de champagne.
            -Impossible qu’il nous surprenne, Rébecca, je l’ai congédié pour la soirée. Il boit à la coupe.
            -Appelle-moi encore de ce nom, Rébecca. Répète-le… Elle enlève sa robe, apparaissant en dessous mauves, les cuisses nues, la poitrine échancrée profondément, les seins dégagés dans leurs soubresauts de dentelles noires…
            -Rébecca, Rébecca, mon amour de folles nuits sans sommeil, ce soir nous vivons le dernier grand théâtre, la rencontre des tragédies et des réconciliations, entre vie et mort.  Nous ne parlerons plus que la langue des premiers dieux, avant l’holocauste des aurores, avant le plat matin du travailleur. La femme enjambe l’homme et lui prend la tête; elle caresse son cou.
            -J’aime quand tu me parles. Tu m’inventes un monde… Raconte-moi une histoire, car ta voix m’enivre…
            -Les histoires devront attendre…
            -J’aimerais que tu me racontes cette histoire-là, d’où nous venons ce soir et où nous irons cette nuit. Emmène-moi dans ces pays qui te métamorphosent en étranger, parfois si loin de mon amour. Raconte-moi ces rencontres dans l’ailleurs, d’où tu m’appelles… Nous avons beaucoup parlé de toi, Joseph et moi.
            -Oui, je sais. Mais il n’a pas tout dit. Il ne peut tout savoir et ce masque donne des privilèges.  Je commencerai par mon dernier voyage, dans ce pays qui m’interpelle, la Russie. Pourquoi je songe, depuis toujours, à ces hommes de décembre 1820, à cette poésie des pays dont les grands espaces nous ressemblent ? Savais-tu que les poètes russes des dernières années sont tous morts tragiquement ?  Mais leur femme les avait suivis dans l’exil. Et nous n’entendons plus chanter ceux d’aujourd’hui. Ils sont morts dans leur silence de glace, eux qui n’aimaient que leur maison. La femme se détache de l’homme et le regarde avec attention.
           -Et toi, mon ami, dans tout cela… Aimes-tu ta maison par-dessus tout? L’homme hésite avant de poursuivre.
            -L’âme russe m’appelle parfois vers les cerceaux boréals de la planète, autant que par les rues lépreuses de Calcutta. Mais je suis deux en cela, divisé et uni par l’amour entre cette maison et le rêve voyageur. Les routes du monde ont pour moi des sillons de lune et de sang; j’ai parcouru des artères éclatées de lumières halogènes et senti les marées du soleil pourpre dans les steppes nordiques. Des hommes chantaient sous mes pas l’ivresse des guerres où le feu des armes éclairait la mort des femmes et des enfants.  J’ai parlé aux sages et aux fous de ce monde et j’ai mangé à la table des grands banquiers. Et là où j’ai cru atteindre le fond de toutes les peurs, dans une rue de Montréal, ton visage m’a sauvé de l’ordure. Il n’y avait qu’un chemin tissé du cordage de tous les jours, ramifiés en un faisceau de laser sous ma paupière inerte. Je me suis levé, somnambule ivre de néant.
            -Tu es revenu pour rester?
            -Je suis là pour que nous soyons ces âges du temps immobile, dans la métamorphose de l’âge, pour que nous habitions totalement cette maison, ce feu dans la pierre.  C’est le voyageur fatigué qui te parle. Les autoroutes, les aéroports et les satellites peuvent tourner au-delà des siècles, j’ai atteint le seuil des mondes et n’aspire plus qu’à parfaire mes notes de voyages pour ceux qui, comme moi, ont compris que toute rotation de la planète passe par le seuil de leur maison.
             La femme s’approche de l’homme, elle l’enlace.
            -Je ne suis pas certaine de tout comprendre, mais tu seras un peu comme Joseph, l’homme de cet évènement, de cette fiction. L’homme la regarde en souriant, il a enlevé son masque.
 
 
            -Nous savons tous deux où cesse l’imaginaire, où commence le réel dans cette histoire…
             Le couple s’embrasse, la passion monte, l’homme entraîne la femme vers la chambre, à l’étage.
 
 
            Une lente musique lève le voile du matin. Le soleil allume les boiseries.
            Une jeune fille porte le masque de plumes.  Ses doigts hésitent à peine sur le clavier; comme conduite par un songe; la musique confond les marées du silence avec la joie des notes vives et des crescendo rompus par une descente à la frange d’un arrêt suspendu; elle repart dans des harmonies anciennes où logent des âmes que l’on devine. Sa grande sœur approche, emmitouflée dans un édredon rose. Elle sourit tout en écoutant la musique comme une fable. Elle jette un regard sur un petit livre ouvert sur la table de marbre :
 
Ô nuits sans sommeil, ô nuits folles!
Nuits où brûlent les derniers feux
Yeux éteints, confuses paroles
L’automne, ses fleurs, ses aveux…
 
                                            Alexis Apouktine (1841-1893)
 
            -Papa et maman ont encore joué au « Majordome ».  La pianiste de treize ans sourit derrière le masque tandis que ses doigts grimpent vers l’octave puis sautent quelques arpèges de son cru.  La chaleur du foyer est encore présente dans la pièce, avec la bouteille de champagne vide. Les fenêtres brillent sous le givre. 
            -Laissons-les dormir.
 
                                                                                                          Gérald Tremblay

Correspondance de 1915

Jean-Baptiste et Marie, 1915                                                                              
Retranscription de Marie Simard.
Veuf, le marchand de bois ulricois Jean-Baptiste Roy a entretenu un échange épistolaire, bref mais soutenu, avec Marie Simard, jeune institutrice de Price. Ils se sont mariés l’année de leur rencontre. 

Roy Jean-Baptiste
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1re Lettre
 
17 fév. 1915. 
 
Ma chère Marie : 
            Je suis rendu à destination à dix heures. Je ne monterai au bois que demain ou peut-être que Lundi prochain. J’ai trouvé beaucoup d’ouvrage imprévu au bureau; peut-être même, serai-je obligé de voyager un peu à la fin du mois pour régler nosaffaires de vente de bois; mais toutes ces choses ne peuvent t’intéresser beaucoup, et sont secondaires. Laisse-moi maintenant te remercier de tout le bonheur que tu m’as procuré, pendant ces deux veillées, trop courtes hélas que j’ai passées auprès de toi; Oui; chère Marie, tu as pansé les plaies de mon pauvre coeur bien meurtri par les lourdes épreuves que Dieu m’a fait envoyer pendant ces dernières années; Je n’en revenais pas; quoimoi, je retrouverais sur cette terre, le bonheur sans mélange que j’ai goûté pendant onze années! Je tremble presque à cette pensée, car vois-tu je désespérais tant de ne plus y goûter, que je crains d’avoir fait un beau rêve; je prierai Dieu de ne pas m’oter cet espoir; puisses-tu ne pas regretter les belles paroles que tu m’as dites, c’est à ce prix que sera mon bonheur futur et celui de mes chers petits –
 
            Ma chère Marie, je ferai tout mon possible, pour écarter de ton chemin, les épines qui pourraient s’y trouver, mais ce que je te promets, c’est une affection sans bornes, une fidélité en tout et partout, sachant que tu t’abandonneras à moi en toute confiance, me laissant voir tous les replis de ton coeur bon et affectueux; tu as peut-être trouvé que j’ai été un peu sans-gêne dans ces quelques heures? pardonne-moi si j’ai pu blesser ta délicatesse; L’amitié seule à pu me pousser à cette intimité; j’ai tant soif de bonheur, d’affection et de caresses, que je n’ai pu me maîtriser; mais j’en suis bien puni aujourd’hui, va, puisque je n’aurai pas le bonheur de te voir d’ici à plusieurs jours; je ne croyais pas vraiment, que je m’ennuierais autant; je ne suis donc pas rassasiable? Il y a deux jours, j’aurais été heureux si j’eusse eu une bonne parole de toi, et voilà qu’aujourd’hui je voudrais te posséder, t’avoir près de moi à jamais, ce désir se réalisera-t-il? Je l’espère. 
 
            Comment pourrais-je jamais vous payer pour tant de générosité de votre part; car je le sais, il vous faut un coeur bien généreux pour accepter de venir partager ma vie; que de sacrifices vous serez obligée de faire à tout instant; vous ne l’ignorez pas, la vie conjugale est remplie de ces sacrifices et ils sont certainement plus grands pour vous, vu la position où je vous me trouve; pensez bien à toutes ces choses, ma chère Enfant, avant de prononcer le mot à la fois si doux et si terrible, qui nous unira à la vie, à la mort; voyez si je suis digne d’unir ma destinée à la vôtre, ne me croyez pas trop bon; j’ai des défauts (ils sont nombreux) qu’il vous faudra supporter avec résignation; Je vous voudrais tant heureuse que je sacrifierais mon propre bonheur, si, il devait un jour faire votre malheur. 
 
            Prions bien Dieu tous les deux qu’il nous éclaire, qu’il nous donne des grâces de vivre comme de bons époux, et espérons en sa divine Providence.
 
            J’espère que vous êtes en parfaite santé et que vous allez vous reposer des quelques fatigues que je vous ai imposées; je m’aperçois que je suis après t’appeler vous; n’est-ce pas que toi est plus affectueux? Qu’en dis-tu? 
 
            Je compte recevoir une longue bien longue lettre, qui m’apporte tes véritables sentiments à mon égard; ouvre-moi bien large ton bon coeur que j’y puise la joie et le bonheur de ma vie; que tu t’abandonnes complètement à moi. Sans arrière-pensée.
 
            Je vais terminer car le train s’en vient. Salue bien Madame ta mère et Mlle Alice. Je te presse bien fort contre mon coeur et t’embrasse mille fois. 
                                                                                              Ton ami sincère –
                                                                                                          J. B.

Marie Simard
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Réponse 
19 février 1915. 
 
Mon cher ami : 
            Je ne saurais t’exprimer le bonheur que j’ai éprouvé en lisant ton affectueuse missive, et comment mon coeur a tressailli de joie à ton Souvenir!……… 
Tu me dis de trop bonnes et belles choses qui m’enivrent l’âme d’un parfum d’ambroisie, et mieux vaudrait que je meure plutôt que de ne pas répondre à tant d’affection. Je m’empresse, donc, de venir te distraire, te fortifier dans cet état de faiblesse et d’ennui où je te vois. Que je m’estime heureuse de te faire du bien; aussi je m’en vais te donner tout ce que je pourrai de doux et de consolant! ……….. 
            Oui, mon chéri, je veux t’épancher, doucement, le trop plein de mon coeur, et ce sera un véritable bonheur pour moi de te raconter mes joies et mes peines, mes désirs, mes aspirations, etc…. et de lire tes bonnes lettres qui me donneront 
viendront me donner l’illusion d’être tout près de toi, toujours! 
            Merci de ta confiance, oui, crois en moi comme je crois en toi, C’est si doux, si bon, croire, avoir confiance! 
            Tu me dis que tu t’ennuies, encourage-toi, mon cher, en pensant que cet ennui m’assiège continuellement depuis ton départ. Les heures d’extase et de bonheur que donne l’amour; je les ai connues pendant nos causeries intimes, lorsque nos âmes vibraient des mêmes sentiments, du même rythme amoureux. Quelle ivresse de sentir un coeur tendre et fort tout à Soi, un coeur qui sait comprendre le nôtre et l’aimer. 
            Comment je me réjouis du bonheur que je t’ai procuré, d’avoir fait briller, dans le ciel sombre que te font les tristesses et les amertumes de la vie, un éclair splendire dont les rayons ont porté dans ton âme, une consolation pour le présent, une espérance pour l’avenir. 
            Oui; mon cher J. B….. Aie confiance en l’avenir, le bon Dieu doit te réserver des jours heureux. Attends et espère en ces jours meilleurs!!……
            Et, si toutefois, quelques nuages viennent, encore, obscurcir ton horizon, raconte-moi tout, et j’essaierai de les dissiper, d’illuminer ce ciel assombri depuis si longtemps par les dures épreuves, par les déchirements du coeur. 
            Je sais que tu seras expansif envers moi, et que tu épancheras ton pauvre coeur dans le mien qui sait si bien le comprendre et, comment nous goûterons ainsi les bienfaits de l’amitié. 
            Tu ne saurais croire, mon bien-aimé, comme je pense à toi, je réfléchis, je rêve à cet avenir que je voudrais si rose de la couleur de mon rêve… 
            Mais si Dieu y dessine quelques fleurs pourpres…. fleurs divines de la souffrance qui épure….. il n’en sera que plus beau et meilleur. D’ailleurs, n’aurais-je pas ta main loyale, pour m’aider à les cueillir courageusement ces fleurs de sang? Forte de l’appui de ton bras robuste, forte surtout de ton amour, je ne craindrai pas les épines…..
            Il sera bon, il me semble, d’aller à deux dans le chemin difficile de la vie. 
            Je répondrai à l’affection et à la fidélité que tu me promets, en me montrant toujours bonne pour supporter tes imperfections, bonne pour t’aider à devenir encore meilleur, bonne pour tes chers enfants que j’aimerai comme les miens puisqu’ils sont les tiens. 
            Puisque le bon Dieu me choisit pour en prendre soin, je remplirai ma tâche avec dévouement, avec zèle, en m’appliquant à les élever chrétiennement et en montrant pour eux beaucoup d’affecton. 
            Et toi, je promets que je t’aimerai toujours de cet amour qui ne se définit pas, mais qui se ressent, qui se devine, qui t’enveloppera tant…
            Et alors, elle sera bonne et douce, notre vie, malgré les épreuves que nous y trouverons. Les épreuves? Mais ne serons-nous pas deux pour les supporter? Les souffrances et les mille tracasseries de la vie? Mais notre amour ne sera-t-il  pas là pour nous soutenir, nous donner du courage, du coeur à la besogne?….. 
            Donc, courage mon cher, et espère en l’avenir. Continuons à prier beaucoup avec l’espérance que le Seigneur nous comblera de ses grâces. 
            Je ne t’oublie pas dans mes prières, surtout dans mon colloque intime avec Jésus-Hostie, je lui ai demandé pour toi, ce matin, toutes sortes de bonnes choses. De ton côté, prie bien fort pour moi, j’ai confiance en tes prières. 
            Il est bien temps que je m’arrête et trouves-tu que j’ai été assez longue; mon coeur aurait encore des choses à te dire, mais il faut bien que je m’arrête
fasse trève à cette longue épitre, car il se fait déjà tard dans la nuit. 
            Je te laisse en t’embrassant bien fort, reviens-moi vite dans une longue réponse; Je brûle d’impatience de te lire. 
                                    Crois à la sincère affection de 
                                               Celle qui est toute à toi de coeur —
                                                                       Marie –

Vœux de mariage…

Vœux de mariage, entre Nathalie et François, bouteille à la mer, recueillie par M. Jean-Guy Poirier aux Îles-de-la-Madeleine le 15 septembre 2013, à 4 km à l’ouest de Grosse-Île, sur la dune du Nord.

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Poirier J-G_Nathalie_01 
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17 août 2013 
Vœux de mariage

François, mon amour, 
Dans nos premiers instants, je t’ai tout de suite aimé (d’une façon différente à aujourd’hui). Il m’arrive de regretter qu’on se soit éloignés plusieurs fois mais je réalise alors que ce n’est qu’avec le chemin qu’on a parcouru que nous sommes vraiment prêts à nous aimer. 
Au fil de notre histoire mon amour pour toi a pris de nombreuses et différentes formes. Il me semble qu’il continue de se transformer aujourd’hui. 
 
Avant toi, j’avais peur d’aimer pour vrai. Aimer vraiment c’était risquer d’être vulnérable. À mes yeux, aucun homme n’était digne de ce risque et je n’y étais pas prête non plus. J’ai réussis plusieurs fois à éviter la souffrance mais je m’empêchais d’être libre. Je ne pouvais pas grandir, évoluer parce que j’étais enchaînée à mes peurs. Avec toi je prends ce risque, avec toi, je laisse naître l’amour. 
 
Tu es l’homme qui m’a permis de mettre au monde la femme en moi, de l’accepter. Par toi, j’aime être une femme. Il me semble plein de sens de devenir TA femme parce que c’est avec toi que j’apprends à aimer vraiment. 
 
Dans l’épisode actuel de notre histoire, celui qu’on a entamé ces deux dernières années, celui où on ne regrettera plus, tu m’as surprise, séduite (j’adore quand tu me séduis), tu m’as bouleversée, chavirée, tu m’as émue (si tu savais comme tu m’émeus souvent!) mais surtout, tu m’as aimé. Tu m’ouvres tout grand ton coeur, je me sens comme une reine dans tes yeux. Ton amour qui m’enveloppe est tellement bon. Tu te donnes à moi, sans compter. Je me sens si souvent propulsé vers le bonheur par ton amour. 
 
À l’homme que tu es devenu et que tu deviens chaque jour, je voue toute mon admiration pour le chemin que tu as choisis et que tu choisis encore. Toi aussi tu as laissé derrière toi une vie de leurres pour prendre le risque de l’amour et parier sur la vie.

Je remercie Dieu et la Vie chaque jour de t’avoir mis et remis sur ma route. Ma vraie rencontre avec Dieu se fait plus clairement depuis toi, avec toi. Tu me guides dans ma spiritualité. Je sens que nos échanges amoureux sont spirituels. C’est comme un voyage qu’on fait toi et moi vers l’Amour. Le voyage d’une vie et je veux faire le voyage de ma vie avec toi. Un voyage dans lequel parfois je tiendrai ta main et parfois tu me porteras. Mais un voyage dans lequel on trouvera (comme on a su le faire jusqu’à présent) notre rythme, même au travers les tempêtes. 
 
Ce que j’aime le plus de nous ce sont nos partages, nos échanges qui façonnent notre complicité. J’aime notre vie, nos différences, nos points communs, j’aime tes enfants, ta famille et ce que nous avons bâtit à deux. Une belle création que j’ai hâte de poursuivre. 
Dans notre vie de couple et de famille je veux aujourd’hui continuer d’aller au bout de moi-même et par cet engagement te promettre de laisser- aller doucement mes peurs nées de mon histoire, pour continuer de m’ouvrir à l’amour un peu plus chaque jour et pour ça, j’espère que tu continuera mais tu es plus qu’un guide, tu es si souvent mon pillier pour me recentrer, ma maison que je retrouve après une journée difficile, tu es mon bouclier dans les épreuves de ma vie. Tu me fais rire et tu me permets d’être moi, pleinement. Tu fais sortir le meilleur de moi. 
Je veux donc marcher la vie à tes côtés en t’offrant mon amitié, mon amour, mon âme. Je veux t’offrir ma confiance, respecter tes valeurs et te voir tel que tu es. Je veux prendre soin de toi, te chérir, m’abandonner à toi. Je veux partager avec toi mes sentiments, mes rêves, mes espoirs, mes craintes et… toute ma vie. Je veux ton bonheur et tout ce qu’il y a de mieux pour toi afin que tu continues à cheminer vers ce que tu souhaites devenir. Par cet engagement, 
 
Je veux t’offrir ma fidélité et croire que notre lien est assez fort pour demeurer fidèle même dans les moments difficiles. Je veux avoir confiance en toi et en la solidité de notre couple.

Ton amour est rempli de lumière. Regarder le futur à travers tes yeux me comble de joie. Je veux passer le reste de ma vie avec toi et être là quand tu auras besoin de moi. Je veux être ta femme car je T’AIME… plus et mieux que je n’ai jamais aimé. Je t’aime de tout mon être François Couture. Je veux débuter et sceller avec toi une nouvelle étape de ma vie, celle où nos corps, nos coeurs et nos âmes sont liés. Je veux t’épouser. 
                                                                                              
Nathalie Faucher 

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Poirier J-G_François_01 
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A presque quarante ans, j’ai vécu beaucoup d’aventures! 
J’ai commis beaucoup d’erreurs. 
 
Je désire continuer dans cette voie. Je veux commettre encore des erreurs, car la seule façon de ne plus en faire, c’est de mourir. Je désire encore vivre plein d’aventures, car l’ennui, c’est mourir un peu. 
 
Cette journée, je veux qu’elle ressorte de toutes les journées que j’ai vécues. Car elle marque le début d’une vie nouvelle. Certes, je ferai encore des erreurs, je vivrai encore des aventures, mais, je ne serai plus seul. 
 
Cette journée, c’est celle de notre union. Car mon souhait le plus cher, ma belle Nathalie, c’est d’être avec toi. C’est de vivre de nouvelles aventures en ta compagnie, c’est de faire des erreurs en faisant des choses pour toi, ou avec toi. 
 
Cette journée, elle est spéciale. Car toi, tu l’es aussi. 
Tu es unique, merveilleuse, divine. Cette journée est spéciale, mais je t’offre aujourd’hui quelque chose de mieux encore : que toutes les journées de notre vie soient spéciales. Qu’elles soient bénies, qu’elles soient sacrées. 
 
Il y a tant à dire sur l’amour, sur le mariage, sur la vie à deux. Mais je t’offre mieux que des mots. Je t’offre mes gestes. Des gestes de compréhension, d’acceptation, de patience. 
Je veux pour nous un amour aussi semblable que possible à l’Amour de Dieu. 
Mon amour pour toi sera sans jugement, sans peur. Mon amour pour toi sera confiant, paisible. 
 
Je te laisserai me corriger. Je te dirai si tu t’égares. Je soignerai aussi mon amour de moi, afin que le don de moi-même soit le plus beau cadeau qui soit, car tu mérites le meilleur. 
L’amour est tout, l’amour est partout. Je choisis de ne voir que l’amour. Je te choisis, toi, pour recevoir mon amour. 
 
J’accepte aussi de me laisser aimer par toi, car ton amour est bon et doux. 
Que notre vie soit guidée par l’amour, qu’elle en soit remplie. 
Que l’amour se répande autour de nous, que la paix nous enveloppe, que le bonheur nous submerge. 
              Que cette journée soit celle où nous décidâmes 
          que tout est possible, puisque nous avons l’amour. 
         Je t’aime, maintenant, et pour toujours 
                                                                                              François
                                                                                                          XXX

Son absence me tue

Anonyme 2009-2010
Pages du cahier intime tenu par A, 30 ans, à la suite du décès subit de son compagnon.

A._01_2009 11 dec_008 
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11 décembre  2009. 
            Comment imaginer le dénouement d’une journée ordinaire. Un vendredi plein d’anticipations heureuses. Comme on les aime. 
            Imaginer l’inimaginable, penser l’impensable. Depuis 3:45 environs ma vie était à jamais explosée et je l’ignorais encore. Quand j’ai téléphoné chez moi à 5:20 je n’ai pas eu de réponse et je n’en aurai plus jamais. 
            Comment imaginer qu’en ce beau vendredi, je trouverais mon géant couché dans la neige, les yeux clos sous l’ardeur d’un vent cruel. Mes cris, mes pleurs ont alertés mes voisins mais ne l’ont pas réveillé. _____________, ma vie ne sera plus jamais la même. Mes papillons se sont envolés… 
 
A._02_2010 4 mars_010 
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            Je ne pourrais pas avoir des meilleurs enfants et une meilleure famille. Si sensibles et aimants. Mais qui peut me rendre mon mari? On dit que tout le monde s’en sort. Je l’ai lu, entendu j’y crois mais ça me semble bien loin. Je me bat avec moi-même pour vivre un jour à la fois. Jamais je n’ai livré une aussi dure bataille. Moi qui aime plannifier, organiser, je dois faire mourire ce côté de moi. 
            Je lis dans la Bible que l’homme droit vivra dans le bonheur et aura une longue vie. Pourquoi _______________ qui a tant souffert d’injustice a été fauché si brutalement?
            J’aurais voulu lui parler, lui dire combien il m’a rendue heureuse. Combien j’étais fière de lui, de notre famille. 
 
A._03_2010 5 mars_009 
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Souper chez _______________, encore des couplesdiscussions sur le hockey et toutes ces choses qu’il aimait donner son opinion, les desserts, tout me fait m’ennuyer. 
Mauvaise nuit, à chaque fois que je me réveille j’ai un coup au coeur de penser qu’il n’est pas à mes côtés. Souffrance, souffrance. 
Où est-ce que je suis, où est ma vie? Qui suis-je? Je suis un couple pas un individu. Je ne sais pas comment faire toute seule. 
 
Chic-Choc                  5 mars 210 
3 journées aui auraient pu être parfaites. On s’est bien amusés mais mon coeur n’y était pas. Son absence me tue. Je n’ai plus le goût de vivre. Personne ne m’attend à mon retours. Je suis seule même entourée. 
 
A._04_2010 25 mars_011 
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25 mars 2010 
Tu me manques tellement, je t’aime. J’aurais besoin de te parler. Je m’ennuie de nos soirées de musique. Tout simplement collés sur le divan à regarder un DVD. Ça été trop court. 
 
A._05_2010 7 avril_003 
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                                   7 avril 10
              Tu me manques terriblement, tu me manques, je voudrais te voir, te parler, me coller contre toi, dans tes bras fort. 
Recevoir ta douceur, ta délicatesse. Comment je vais faire sans toi. La vie est grise, triste, sans but. Je n’ai pas de projet, le printemps me fait peur, car je suis seul. 
            Ça fait trop longtemps que 
            -> je souffre, je veux vivre mais ne peux pas sans toi. 
            Rien n’a de saveur sans toi. Je ne veux pas avancer sans toi, rien ne m’intéresse. 
                                   Maudite vie, je suis fâchée. 
                                   Tout m’énerve. 
                                   Lâchez-moi __________________ 
                                Pas possible qu’il soit parti. 
                                   Je ne le crois pas. 
                             Maudit c’est pas juste 
 
A._06_2010 8 avril_004 
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                                   8 avril 10 
Je veux voir mon mari, je ne peux 
croire que je ne le reverrai plus. 
Il me manque trop. Je vais devenir 
folle. Je voudrais dormir, ou mourrir. 
Je voudrais me cacher, partir loin. 
Je veux mon mari, mon compagnon. 
J’ai besoin de lui. Je l’aime trop. 
Je ne sert plus à rien. Ma vie 
c’était le gâter, lui faire plaisir, 
l’aimer. 
Je m’ennuie de nos soirées tranquilles 
nos marches, notre camping. 
Comment je vais faire sans lui? 
 
A._07_2010 9 avril_005 
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Vendredi, 9 avril 2010 
Soirée que tout le monde anticipe, enfin la fin de semaine! Nous on avait l’habitude de boire une bière de micro-brasserie et d’écouter de la musique. Ensuite un souper tranquille. Ou une dégustation famille. Plus rien n’est pareil, je dois changer tout ça. _____________ ne descend pas. _____________ à un souper. 
Plus rien ne me tente, je veux _____________ , je n’ai plus le goût de faire quoi que ce soit. Le vide est trop grand. Je veux ma vie d’avant. J’ai mal. On dirait qu’on m’a enlevé la peau et que je suis à vif. Je voudrais me cacher, le regard des autres me fait mal. Pourquoi ça m’est arrivé? Je ne faisait rien de mal. On faisait notre vie tranquille. 

Désir interdit

B et elles, 1985-1987 et 1995-1997
Textes de différents formats et provenances reçus par B, Néo-matanais originaire de Québec, alors qu’il avait 15 ans, puis dans la jeune vingtaine. 

LUI : Je vais faire une petite mise en scene… Tu marche à coté de moi , nous marchons sur St-Laurent. Je t’ai fais un cadeau, tu porte en toi, des billes chinoises… Ces billes bien ancré ds ton vagin, peuvent te faire jouir a
tous instant…. nous marchons , tout d’un coup ta main s’agrippe sur mon bras tu le sers si fort. j’imagine a l’instant que tu viens d’avoir un orgasme. on s’arrête un peu, je te souris. tu me regarde et tu m’en veux un peu,
mais l’orgasme est si bien que tu me pardonnes. Nous continuons , nous entrons ds un magasin de vêtement pour femmes…
ELLE : continue…
LUI : Tu veux essayé une robe, tu entre ds la salle d’essayage, tu reviens pour me montré ta robe.. Elle est presque transparente.. tu ne portais rien.. tu es devans le mirroir. et tu t’apercois , que l’on voit a travers… je suis la , je te ragarde.. je hate de te voir encore frémir de ces boules chinoises.. tu rentres ds la salles dessayages. tu entrouvre la porte et me fais signe. j’entre discretement… tu me supplie de t’enfiler
ELLE : ouf..jaime. continue
LUI : j’entre mon membre en toi, sachant que tu as encore les boules ds ton vagin.. je pousse un peu… seulement mon gland.. tu cris presque..
ELLE : ouf.. tenter détoufer un cri pour ne pas se faire prendre.. jadore
LUI : je te pénetre seulement du bout de mon sexe. J’arrete.. t je sors de la salle d’essayage. nous continuons notre marche…
ELLE: aille… tu aime faire languire
LUI: attends, j’essais de voir ou on pourrait aller
ELLE: hum.. les possibilités sont grandes
LUI: Tout en marchant , une autre pulsion t’emporte
ELLE: jaime bien les endroit public.. ou lon peut se faire prendre
LUI: tu me prends ds tes bras … tu me supplie de te prendre. nous errons maintenant ds les ruelles de Mtl… pour trouvé un coin tranquille
ELLE: humm
LUI:, un petit coin ce présente à nous, sous des roseaux…. L’odeur est si romantique, je léve ta robe, je me penche. j’embrasse ton sexe hummide. avec mes doigt je t’enleve les boules.
ELLE: entre 2 phrases, je veux que tu te masturbe..
LUI: je prends les boules ds mes mains , (difficile d’écrire)
ELLE: i know..
LUI: je les reniffles, je les mets ds ma bouche pour gouter ton corps.
ELLE: jaimerais tentendre me chuchotter cette histoire à loreille
LUI: je t’enfile, face a face nous sommes.. l’enlisement est total. nous jouissons … ensemble.
ELLE: jai tellement envie de jouir avec toi
LUI: et moi te la raconter… de vive voix je prends mon sexe, en pensant a toi a ton tour..
ELLE: je me toucherais tellemetn là, maintenant, en regardant tes images, en pensant à toi sachant que tu fais de meme à lautre bout…
LUI : je te regarderais , te faire plaisir. jouir en meme temps que toi. hum cest bon
ELLE: jai peur detre interrompu.. je nose pas.. jai des images de nous.. toujours a lextérieur dans une ruelle.. le soleil serait presque complètement couché.. nous nous serions trouvé un escalier extérieur, à labris des regards…
LUI : je viendrai entre tes seins
ELLE : ouf..
ELLE: humm.. jadore le choix de tes passages… ils sont inspirants, excitants.. Je ne suis pas revenue hier..désolée… mes journées sont bien remplies et jai peu de moment à moi…
À mon coucher pourtant, je me permet quelques pensées… Je t’imaginais hier me caresser… les seins en particulier. ils ont tant besoin d’attention ces jours-ci. et j’aimerais tant que tu leur donne cette attention.. que tu
les embrasse… Je me laisserais faire. Égoïstement je ne bougerais pas et je te laisserais me toucher aux endroits qui te plaisent, à ceux qui me font frémir…tu ferais ce que tu veux de mon corps… humm.. et qu’en ferais tu?
à la prochaine…
LUI : Je ferais de ton corps mon plaisir , sexuel, tes seins serait mon premier choix, embrassé , titillé, dans ma main, et ds ma bouche. hum quel plaisir. wow de te voir avec autant de plaisir me ferais plaisir. voir tes seins
aussi gonflé de désir,,, excitant.
ELLE: pour plus de sécurité cette fois ci jefface au fur et à mesure et copie dans un endroit sûr.. passes une belle journée.. journée idéale pour se prélasser dans le lit… hum encore de belles images…
ELLE: rêve torride en ta compagnie… comme les rêves peuvent être d’un réalisme excitant. Je suis dans un café pour étudier et je n’arrive pas a me sortir ces images de la tete.. du corps. Un jour il faudra bien se revoir…
LUI : Je reste curieux de te voir présentement, tu dois être superbe. Voir tes seins, les caresser. touché ton sexe. Sentir ta bouche sur mon sexe , hum l’extase.
ELLE : Je nous imagine dans un pub où l’on se serait croisés par hasard. Assis l’un à côté de l’autre, on serait si proche l’un de l’autre que de simples murmures suffiraient. Mais de toute façon la tension serait si forte entre
nous qu’on aurait peine à se concentrer. Je fixerais tes lèvres, mais au fond je ne t’écouterais pas vraiment tant ma seule envie serait de t’embrasser. Avant même que tu me touches je ressentirais une chaleur me parcourir le
corps. Mon désir serait si intense que n’y tenant plus j’enlèverais discrètement une chaussure et je poserais mon pied entre tes cuisses. Ton sexe serait déjà très dur. En te regardant dans les yeux je te masserais doucement avec le bout des orteils. Tu me sourirais. Un frisson de désir me parcourrait le corps. En me mordillant les lèvres je remettrais ma chaussure et toujours en te regardant je me lèverais pour me diriger vers les toilettes. À peine quelques secondes après que j’y sois arrivée, tu viendrais m’y rejoindre. Fougueusement on s’embrasserait. Nous serions si excités que nos gestes seraient impatients, intenses.. Tu descendrais les bretelles de ma robe et m’embrasserais le cou, les épaules tout en me caressant les seins. La tête en arrière je gémirais de plaisir, de désir. Nos corps, toujours habillés, se frotteraient l’un à l’autre et seraient près à jouir à tout moment. D’un geste brusque tu déchirerais ma culotte d’une main et sortirais ton sexe de ton pantalon. Avant même que j’ai pu le regarder, l’admirer tu me pénètrerais si fort que je sursauterais. Mais j’en demanderais encore. Ce serait si bon. Chaque mouvement du bassin provoquerait un déluge d’excitation en moi. Tu sentirais tellement
la chaleur en moi que tu aurais peine à te contenir, ton sexe prêt à exploser. Puis tu me retournerais pour me pénétrer par en arrière. Ce serait si bon. Tu me prendrais les seins, me les pétrirais avec insistance et
m’embrasserait dans le cou. Je gémirais de plus en plus fort, tentant en vain de rester silencieuse. Je m’agripperais au comptoir en tentant de ne pas fléchir tant l’excitation rendrait mes jambes faibles. Puis en se regardant dans le miroir, notre jouissance atteindrait un paroxysme. Notre orgasme simultané serait tellement puissant que nous ressentirions le tremblement à travers chaque parcelle de notre corps. si bon que nous devrions recommencer
LUI : Spontanément comme ça, je te baiserai, présentement. Te toucher, te gouter. ma langue sur ton sexe. voir ton respire. ouf… j’ai vraiment envie de toi ..là!
ELLE: et moi donc! jte laisserais me baiser.. puis ensuite ce serait à moi de te baiser.. je passerais 2 jours minimum au lit avec toi.. humm..
ELLE: à toi.. j’ai envie que tu me raconte un truc. allume moi encore

13-09-23
LUI : tu veux que je passe à Mtl? je te ferais la passe enceinte ou pas ,, je suis en feu.. j’ai le gout de toi…
LUI : je te regarde encore,, et je me dis , dieu que tu es belle.. xxx.
LUI :je te regarde encore. je te parcours.
ELLE : ahhhhhh haha.. me demandais.. alors parcours moi, cest exactement pour cette raison que je te fais des photos.. pour tinspirer, texciter..
LUI : M’en vas essayer d’aller me coucher. Bonne nuit..
ELLE : dors bien.. jte suis sous peu
LUI : xx
ELLE :xoxo

13-07-04
ELLE
hé beauté! pendant que jy pense 418-123-4567 (cell) que jaurai avec moi si jamais il y a quelque chose.. et lhotel cest le …

13-07-04
LUI : ok , merci! je prends l’autobus demain soir comme prévue. Oh que j’ai hate, tu me fera grand bien. En passant n’oublie pas de te logger out, de facebook et de tes courriels,, disons qu’on n’aimera pas avoir de la
visite samedi. If you know what i mean. A demain, bonne soirée! y fait beau ce soir m’en vas jouer dehors.
xoxo
ELLE : haha.. tinquiète. devrais pas avoir de pièce de faydeau avec l’amant dans le placard ce weekend bonne soirée.. jai plus que hate que tu viennes te coller sur moi xxx
ps mon cell est pas intelligent, il ne prend que les texto et les appels.. donc jaurai pas acces au net demain pour tavertir

13-07-05
ELLE : #@$@#$#?il sait.. on oublie notre week end j’te reparle..
Sur la Route
ELLE : Du haut de tes hanches, j’équeuterai la pièce maitresse de ton tronc supérieur d’une délicatesse animale
LUI : Je sent ton souffle chaud sur mon ventre
ELLE : Une chaleur humide qui rampe mielleusement vers tes seins pour que le temps d’un instant irrésistible je les mordille délicatement
LUI : Hummm.. Mes mains caresses ta nuque et ton dos. Je te retiens quelques temps au niveau de mon torse, je désire de te voir yé faufiler plus bas mais ta langue sur.mon sein me donne chaud. Je laisse le désir monter
tout doucement, Tes yeux.me regarde, tu souris.
ELLE :Et de cette complicité qui me nourrit, je me faufile vers… Ta nuque pour l’embrasser et humet ton odeur
LUI :Mon ventre , Tes mains caresses mes hanches.
ELLE : Pendant que ma main chatouille ton ventre et vient enserrer tes hanches tout contre moi pendans que le désir s’empare encore plus fort de moi
LUI : Nos sexes ce touchent. Tu frappe ton bassin contre le mien, ton corps m’exprime comment tu aimerai que je te prenne
ELLE : Un désir multiplié par ces deux ans d’attente de recevoir ce membre fort et vigoureux qui n’a jamais manqué sa cible. Et en pensant à ça ma main vagabonde rapidement vers ton entre jambe pour le titiller avant
d’aller extirper de ses haillons ce membre dur retenu trop longtemps prisonnier de son désir
LUI : Lire ces quelques ligne , ce membre que tu décris grandit, je me souviens de cette chaleur sur mon gland.
Ta bouche et tes mains sur mon sexe. J’écris ces mots et j’imagine. Mon sexe grandit, mes jambes tremblent doucement. Mon sexe est dur ds ta bouche. Tes yeux sur mon regard , tu souris encore. Ton autre main caresse
ton sexe. Tu sursaute quelque fois.en chatouillant ton clitoris.
ELLE : Et tes doigts viennent remplacer les miens pour découvrir un zone humide qui n’attend que tes lèvres et ta langoureuse langue
LUI : Mes lèvres sur les tiennes , ma langue sur ton point sensible, je te suce tout doucement le clitoris. Ma langue ce balade ds ton intérieure. Mes doigts tenfilent.