Amor te vas

Lettres de rupture. M.

Un lundi soir à Cancún
Voyageuse solo
Les yeux plein de brume
Je ne prends pas plaisir
À l’alcool, aux rencontres
Tout est insipide 

Je n’arrive pas à dormir
Entre les rythmes de la fiesta 
Et mes nuits dans le dortoir
L’auberge est vide malgré la foule
Et il fait chaud

Je n’ai plus l’énergie de me battre
Je n’ai pas envie de faire semblant
J’ai envie de pleurer
Et pourtant, je n’ai pas bu
Et parmi les autres je suis seule

Le coeur dans un étau qui veut exploser
Ou imploser
Pleurer en silence et foncer dehors
Prendre l’air
Pour sortir du faux, entrer dans le vrai
Pour que la douleur « d’avoir échoué » puisse rouler sur mes joues
Faire des flaques de boue

Sous l’impact des bombes de mes regrets et de mes peines
Comme une caverne qui se remplit des larmes
Des nostalgies et des peurs
Une cenoteasphyxiante
aux eaux limpides mais sombres
mêlées à mes joies et mon émerveillement
Je cherche à guérir et à fuir 
dans l’apesanteur du moment

Mais comment?

Comme les tristesses qui jaillissent des bas fonds
Tournée vers des temps révolus
Et l’avenir devant soi
Comme incertain
Qu’en ferai-je?

Il est des temps où la beauté 
Qu’elle soit triste ou vive
Nous alourdit ou nous allège
Comme une chrysalide pleine de promesses
Parée de cicatrices

Car la souffrance
C’est aussi fleurir
Enfin j’espère
Le bourgeon éclot
La vie renaît

Mon coeur est gonflée de toutes ces émotions 
intangibles et froissées!
Le rêve déçu
La douleur de t’aimer 
sans pouvoir t’aimer

Mais est-ce cela aimer?
Te Posséder?

Et aussi la grandeur d’exister
Entre deux croissants de lune qui sourient
Et le chat d’Alice au pays des merveilles
Qui se moque sans cesse
De la futilité de mes marées

Entre un lapin blanc 
et une dame de coeur
Entre puerto vallarta et cancun
Et entre mes erreurs et mes bonheurs
J’essaie d’exulter ce qui sommeille dans mon ventre
Ce qui me donne mal à la gorge

Chercher le chemin 
qui mène à soi et à l’autre
Espérer et oser
Reculer mais avancer 
et surtout vaciller

Je t’aimais je t’aime et je t’aimerai… Toujours. 
Ton nom qui est si beau
Mon bel apôtre
Tes yeux si bleus, comme l’océan
Le Deuil de l’Amour fait si mal
Les rêves déçus, déchus
Les illusions puériles, infantiles
Saccagées

Et je ne connais pas la réponse
J’écoute mon coeur
Qui me dit que je t’aime
Comme une parcelle de moi qui s’échappe 
Qui refuse pourtant de renoncer
Mais qui sait devoir quitter, partir ailleurs

Comme une volupté qui s’évade
et retourne aux étoiles
Comme une part d’infini 
qui rejaillit vers le tout
Et j’ai mal…
Mais je me relèverai

Je voulais boire à tes yeux
Et prendre ta main
Sur le lit de mon dernier souffle
Et sentir mon coeur battre sous ta main, sur ma poitrine
Je voulais tout cela, je le rêvais, je le priais

Avec le temps vient la conscience
Avec la souffrance vient la sagesse
Je suis fracassée par ce vécu
Et l’échec de ma vertue

Parce que vivre est une blessure
Que l’horloge guérit 
comme le carbone que l’on comprime
et qui malgré les failles
Devient splendeur…. cristal
Sous le poids qui m’écrase
Je remercie l’impermanence


Qu’est-ce qui de mon passé a fait de moi ce que je suis?
Qu’est-ce que de l’éternité j’ai retenu dans cette vie?
Quelle part de mes actions m’a construite et détruite?
Le mystère m’étourdie

Je ne suis qu’une étoile dans l’univers…
Et pourtant je suis le soleil d’une planète quelque part…
Et tu étais ma pleine lune

Que ta guitare éclaire tes nuits les plus sombres
Et que ma plume libère les miennes

Ainsi errent les cœurs brisés…


Lettre 2

Salut mon beau,

Hier soir a été la goutte qui a fait déborder le verre pour moi. Ça va pas.
Je suis toxique en ce moment. Pour moi et pour les autres. Je suis « out of order » et j’ai l’impression de ne faire que des conneries et de me saboter. J’ai vraiment un grand ménage du printemps à faire dans mon coeur, ma tête et visiblement aussi mon corps.

J’ai honte, je suis triste, j’ai peur de te perdre, je suis fâchée contre moi-même de ne pas arriver à prendre le dessus et à gérer ces comportements de merde qui me montrent sous un jour peu flatteur, destructeur et méchant. Ma part d’ombre est forte en ce moment. Je suis « dangereuse ». Je me sens presque impuissante, mais je refuse de baisser les bras. I’m gonna slay that fucking dragon!

Comme je t’aime, et que tu es un gars équilibré et tellement pas compliqué, gentil, facile à vivre… je mets un terme à nous deux.

C’est irresponsable d’être en couple alors que je traverse une phase aussi « fuckée » que ça. J’ai des choses à regarder, bien des bibites et des réparations à effectuer sur ma personne avant de pouvoir songer « bien » aimer quelqu’un, là, je t’aime tout croche. Je te demande de combler dix mille besoins et carences chez moi, et c’est pas ta job.

Et comme je veux pas te « blesser » davantage… Je crois que c’est mieux que je sois seule pour un temps. Que je prenne soin de moi et que je change certaines choses une bonne fois pour toute. Y’a de la job.

Souhaite-moi d’y arriver.

Je passerai chercher mes trucs chez toi pendant que tu seras au travail. Je pense qu’il n’y a pas d’autre solution que celle-là. Sinon, je vais rendre ta vie un enfer.

C’est la chose la plus responsable. Et c’est pour ton bien… et le mien aussi, hopefully.

Merci pour la belle fête. Tu es vraiment généreux et tu as pris soin de moi.

C’est très difficile. Je m’ennuie déjà de toi, mais aimer c’est aussi vouloir le bien de l’autre… et c’est parfois prendre le chemin le moins fréquenté, même si c’est douloureux. Tout ce que j’aime, je semble le détruire… self loathing. 😦

Je suis désolée pour toutes les crises/drames/souffrances que j’ai pu te faire vivre. J’ai eu de tellement beaux moments avec toi et avant qu’il y ait plus de mauvais souvenirs que de bons, je me retire pour ne pas faire davantage de dommages.

Je ne sais pas trop comment je vais m’y prendre, mais je compte bien être heureuse dans la vie et je vais faire face à mes démons et faire ce qu’il faut. Pas le choix. Et ça, ça prend du temps. Y’a une shit load de mon passé à regarder en face et ça fait pas du bien. C’est une tornade et je veux pas qu’elle te ramasse en chemin.

Je t’embrasse, je t’aime. Je te souhaite le bonheur. Trouve-toi une fille qui soit équilibrée, parce que moi, je ne le suis pas.

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