Correspondance 01 par cartes postales 1906-1908

Hermas, Georgianna et autres, 1906-1908
SHGM, Fonds Honorine Grégoire, cahier 58-4.
Avant leur mariage, Hermas Grégoire, charron matanais, et Georgionna Morin, modiste de Montréal, ont échangé des « vues » avec divers.e.s correspondant.e.s : elle, avec Rosario Desautels, de Ottawa, et lui, avec Alice Drouin, de Saint-Sylvestre, notamment.

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St-Syvestre, JH/2/1906
Monsieur, 
Merci beaucoup de vos bons souhaits, je vous offre réciproquement les miens. Depuis un mois, je goûte les tendresses familiales; tout est bien sage dans notre petit village. Espère vous trouver bien gai. 
Affectueusement à vous
A Drouin 
 
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Berlin, NH29/8/06 
Monsieur et Ami, 
Votre carte m’a procuré un bien grand plaisir; elle a franchi des aspects lointains pour venir jusqu’à moi; car voilà déjà deux mois que je suis sur le sol américain; je suis en promenade chez ma soeur aînée; je goûte bien des délices au milieu de mes parents d’ici, mais cependant la pensée du Canada me sera toujours appréciée. Je ne sais pas encore quand je mettrai terme à mon séjour ici. Espérant vous lire sous peu. 
Votre amie 
A Drouin 
 
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Berlin, 14/9/06 
Cher Ami, 
Que tout semble vous sourire dans toutes vos démarches, voilà mon souhait le plus ardent. Mon séjour ici va bientôt arriver à son terme; je pars pour aller revoir ma famille lundi le 17. –Je suis enchantée de mon voyage et espère trouver le réciproque en Canada. Affectueux au-revoir et sincère à bientôt. 
A Drouin 
 
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St-Méthode 21/1/07 
Cher Ami, 
Votre carte embaumée de mille bons souhaits de nouvelle année m’est parvenue que le 19; millle fois merci, veuillez recevoir réciproquement les miens; Année de bonheur et de succès. Je suis allée passer les vacances dans ma famille et suis arrivée le 19. Mon voyage a été très heureux. –Tendre au-revoir 
A Drouin, Inst. 
 
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St-Méthode 16/2/07 
Aimable ami, 
Votre jolie carte est arrivée à destination; merci beaucoup de ce souvenir qui occupe première place dans mon album; pour mieux compléter la circomflexe
, votre photographie soit sur carte postale ou
autre, sera beaucoup appréciée si vous daignez l’échanger; déjà avec mes correspondants amis, j’en ai fait l’échange; serais-je acceptée ainsi???… 
Vos cartes sont de celles qu’on attend avec anxiété – ainsi donc un tendre au-revoir et sincères amitiés d’une très attachée 
M A Drouin, Inst. 
 
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St-Méthode 27/4/07
 
Bon ami, 
Votre jolie dernière me rappelle le bon emploi du beau jour – jeudi – je vous félicite beaucoup – aussi d’avoir pris part aux noces; ici tout est sage, nous savourons les douceurs que nous procurent d’agréables excursions à la cabane à sucre – Tout est beau et bon;
déjà nous commençons à penser aux belles vacances que nous accueillerons avec plaisir. Je suis anxieuse que votre artiste arrive afin de recevoir le gage désiré – en attendant, j’ai une ferme espérance. Amitiés de votre amie – 
A Drouin, Inst. 
 
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St-Méthode 26 mai 1907 
 
Aimable ami, 
Beau merci pour votre jolie dernière. Que de pensées heureuses elle a éveillées en moi. – J’espère que la prochaine me sera doublement chère si elle est conforme à mon grand désir – déjà mentionné – Oui, cher Ami, revenez vite auprès de celle qui veut votre bonheur – Toujours – 
A Drouin, Inst. 
 
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St-Méthode 20 janvier 1908 
 
Monsieur et Ami – 
 Merci de vos bons souhaits, veuillez recevoir réciproquement les miens; vos bonnes nouvelles me procurent toujours un nouveau plaisir – J’ai repris ma classe après avoir été passer mes vacances chez ma soeur à Robertson; encore sommes-nous dans les grandes tempêtes – C’est monotone parfois – 
Espérant que ma carte obtiendra une réponse, je me souscris en vous saluant bien tendrement – M A Drouin, Inst. 
 
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St-Antoine de Pontbriand 17 février 08 
Cordiales 
amitiés 
Monsieur et Ami, 
On dit parfois qu’il y a des choses qui font du bien à l’âme, au coeur, à ceux et celles qui ont le bonheur d’en bénéficier – Eh bien, voilà ce que j’ai éprouvé en recevant votre carte. En apportant la vive surprise d’y apercevoir votre photographie; quelle place d’honneur lui ai-je destinée dans mon album!… Comme la température est variable; il pleut depuis deux jours; encore impossible de sortir, les chemins sont mauvais, nous avons bien nos petites épreuves. Par ici, le froid a été très sévère, l’hiver nous laissera des souvenirs glacés
– Espérons que l’approche des jours gras saura nous procurer de nouveaux charmes; j’irai passer ces jours avec ma soeur à Robertson – J’espère que tout autour de vous vous apporte de la consolation – Conservant l’espoir de vous lire sous peu – Je me souscris. 
Une sincère amie – M A Drouin, Inst. 
 
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St-Antoine de Pontbriand 7mars 1908 
 
Monsieur et Ami, 
Votre carte est venue ajouter un nouveau charme à mon passe-temps des jours gris qui ont été passés à Robertson en la présence de deux soeurs cette semaine m’a été très agréable; ma soeur de St-Sylvestre est avec moi depuis trois jours – Nous nous apercevons du printemps par le changement de température; tout semble nous sourire; par ici, la maladie sévit beaucoup; voilà deux de mes jeunes élèves qui ont été ravies de ce monde. 
Heureuse serai-je de vous lire bientôt. 
Votre très –  affectueuse – M A Drouin, Inst. 
 

Correspondance 02 par cartes postales 1906-1908

Hermas, Georgianna et autres, 1906-1908
SHGM, Fonds Honorine Grégoire, cahier 58-4.
Avant leur mariage, Hermas Grégoire, charron matanais, et Georgionna Morin, modiste de Montréal, ont échangé des « vues » avec divers.e.s correspondant.e.s : elle, avec Rosario Desautels, de Ottawa, et lui, avec Alice Drouin, de Saint-Sylvestre, notamment.

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Mademoiselle, 
Je serai heureux de correspondre avec vous. Je suis age de 28 ans et suis celibataire. J’attends une reponse bientot. Votre nouvel ami 
R. Desautels
Dept Travaux Publics Ottawa 
 
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Chere Georgette 
Un gros merci pour votre jolie derniere. J’ai bien hate de la recevoir votre jolie photo. Chere Georgette, ecrivez-moi bien longuement si toutefois cela vous plait et je serai fier de vous lire. Je vous envoie mille caresses. Voulez-vous les acceptez? surtout repondez-moi bientot. Votre tout sincere Rosario 
 
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16/3/08 
Chere amie, je recois a l’instant votre jolie carte ainsi qu’une épreuve de votre photo. Je regrette infiniement que vous soyez dans l’impossibilité de m’adresser votre photo, mais je compte que vous ne tarderez pas a satisfaire mon desir. Georgette, voulez-vous me dire votre hauteur et votre poids. Revenez-moi bientot n’est-ce pas, et surtout n’oubliez pas votre photo, l’epreuve recue me plait beaucoup. Votre ami 
Avec une grosse caresse, 
Rosario Desautels 
 
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Chere Amie
Que fait donc l’amie Georgette. A-t-elle oublie son ami Rosario? Une reponse est attendue avec imatience.  
 
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Ottawa, 26/7/08 
Chere Georgette, 
J’ai recu toutes vos jolies cartes. Mille mercis. Je vous souhaite un heureux voyage. Amusez-vous bien tout en pensant quelques fois a votre petit ami qui lui ne vous oublie pas. Je retarde quelque peu mes vacances mais je vous previendrai de la date de mon passage à Montreal.
Aurevoir. 
Acceptez une grosse gerbe d’amities de votre petit ami Rosario –
 
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Chere amie 
Oui je me ferai un plaisir de vous dire quand j’irai a Montreal. Il me fera plaisir de profiter de votre aimable invitation pour laquelle je vous remercie beaucoup. Revenez-moi bientot chere Georgette. Mille bonnes choses de votre petit ami 
Rosario 
 
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Ottawa 6/7/08 
Chere amie
Recu votre jolie derniere. Sinceres remerciements. Je souhaite que vous passiez vos vacances proche d’Ottawa. Moi aussi j’ai hate de connaître Georgette. Je crois aller a Montreal durant Août et je me propose de vous rendre visite. Revenez moi bientôt. 
Tout a vous, Rosario – 
 
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Ottawa 25/8/08 
Chere amie 
Je suis heureux de vous savoir de retour. J’aurai mes vacances vers le 15-17 sept. prochain.
J’aurai le plaisir de vous faire ma visite lors de mon passage a Montreal. Ecrivez-moi bientot j’ai toujours hate de connaitre ma Georgette. 
Mille bonnes choses de votre ami Rosario – 
 
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Georgette, 
Merci de votre jolie derniere seulement ne soyez donc pas si longue a venir causer. 
Amities de votre ami Rosario 
 
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Chera amie 
Voulez-vous me retourner ma derniere. Je vous presente mes excuses mais je ne me rappelle pas quel genre je vous ai envoye et vous serais tres oblige si vous voulez bien me la retourner. Mille amities de votre ami Rosario 
 
GMo_Ro10 
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Chere Georgette Ottawa 10/9/12 
Votre jolie derniere recue, merci, j’ai bien de la peine mais je vous souhaite autant de bonheur que vous puissiezpouvez en desirer. Je perds Georgette mais son souvenir je le garde. Adieu chere amie inconnue. Rosario vous ecrit la veille de son depart pour Montreal mais il ne vous verra pas chere Georgette. Adieu. Adieu. Georgette un dernier mot, ecrivez moi (ici) une derniere fois voulez vous. Votre ami toujours Rosario

Correspondance de guerre

Ludger C., né à Lac-au-Saumon
Dorothée G., née à Saint-Luc-de-Matane
Envoyée de Gander (Terre-Neuve) et de Val-Cartier en 1943-1944
(durant la Deuxième Guerre mondiale) reçue à Matane par Dorothée G.
Âge de Ludger C. à la rédaction du texte : 26 et 27 ans –
Dorothée G., 19 et 20 ans

 
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LudgerC_001 
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10/7/43 
 
Ci dans la vie je savait d’être toujours isolé. 
Je n’aurait jamait assé de courage pour suporté 
Car il a rien de si triste sur Terre 
Que d’être éloigné d’un coeur qui nous est cher 
C’est petits mots ne son peut être pas compliqué.
Mais mon amour ne pouras jamait s’éfassé. 
Ludger 
 
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LudgerC_002 
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Valcartier 10/7/43 
 
Me voici seul assie desous un harbre 
il est dix heures de l’avant midi 
ou je pense a ma futur petite femme adorable 
mon coeur content de lavenir mais 
bien gros dans ce moment d’ennuit 
car il est triste d’être ici sans libertés 
mais Dieu qui a un ci grant 
pouvoir me donneras le courage et 
la volonté. Je traverce cette situation 
et jespère prochainement notre liberration.
Ludger 
 
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LudgerC_003 
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Mon coeur est mourant de grand chagrin 
D’être éloigné de ma chère Dorothy 
Mais dans quinze jours elle en sera le médecin 
Et il sera guérie pour l’éternellité. 
 
A l’heure mement je suis ton fiancée
Il c’est jamais passé 
une heure que je tés oublier 
Si Dieu le veut dans quinze jours je s’aurait ton petit mari 
Et de tout mon coeur et ma volonté 
tu seras la plus chéris pour la vie 
 
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LudgerC_005 
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Ce
« LIVRE-EST »
« AU »
« SOLDAT »
« CÔTE.L. E627344»
86 ST-PIERRE
MATANE P.Q.

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LudgerC_006 
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L’Amitier est 
le plus beau don que l’on puisse tirer de la vie 
Surtout une amitié comme la votre 
Voilà pourquoi je l’apprécie tant. 
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Tu te nomme Dorothy 
Et moi Ludger 
Deux noms a prenoncer 
Deux coeur a s’aimer. 
Garde ses mots gravé
Qui sont venus du 
coeur de ton fiancée 
Ludger 
 
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LudgerC_007 
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Le 19 mars 1944 
 
Je m’ennuie de toi ma belle 
Depuis que j’ai quitté le Canada 
Chaque soir mon coeur t’apelle 
Et te dit ne m’oublis pas 
Pense a moi je t’en suplie 
Car un jour je retourneré 
Souvien toi oh ma chérie 
De nos derniers baisers 
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C’est pensées sont écrite dans les heures de nuit où j’était sentinelle 
deux heures seule a pensés. 

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LudgerC_008 
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« Pensée » 
Dorothy, mon âme immortelle à ton âme, 
Te chante avec des vers de passion, 
Car je veux m’inspirer d’un idéal de flamme
En goûtant le divin par ton affection. 
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Je pense a toi, ma chérie, et ce clair paysage 
ou rayonne le jour aussi pur que vermeïl 
Semble avoir les douceurs de ton tendre visage 
Qui brille, a mes regards, d’un éclat tout pareil. 

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LudgerC_009 
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« Terre Neuve 20/3/44 » 
 
Dorothy, je pense à toi qui me rappelles 
Les jours du passer où nous vivions heureux
Tes sourires, ta voix, tes bontés maternelles 
Ensoleillent le cours de mes instants joyeux 

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LudgerC_010 
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« Terre Neuve 20/3/44 » 
 
Si Dieu me garde la vie 
Je retourneré au Canada 
Voir ma petite femme chérie 
Que je n’oublie pas 
 
« Terre Neuve 20/3/44 » 
 
Qu’il neige du soleil des roses sur ta vie 
Ou se glisse une ardeur frémissante d’espoir! 
Sous le toit abritant ta tendresse choisie.
Puisse-tu savourer l’ivresse des beaux soirs! 

Correspondance outre-mer

C. et R., 1968-1972 et 2012
Éléments de correspondance entre C., jeune Ulricois alors séminariste à Québec, et R, adolescente de 14 ans et domiciliée à Wiesbaden, en Allemagne.

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C. 01a et C. 01b
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Wiesbaden, the 5th July 1968
Dear C.! 
 
Yesterday received me your very pretty letter. I was very as to wished, that you me write onFrench. Please, write me onEnglish. I go ona granma-giveschool, and I am in the 8thclass. I speak English and French. But French not correct. I am 13 years old and I was born on 18.6.54. I have a brother, too, his name is Alexander, and he is 10 years old. How did you become
get my address? Your sentence on the second page, could I not undestand. Please write it on English. A journey to France had I done but not to Canada. If you have a picture of yourself please sent it me. I end my letter for today hoping to receive soon a letter of you. 
Best wishes your 
Regina 
 
My address is : Regina D—t
62 Wiesbaden Welsch str.20
 
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C. 02a et C. 02b 
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Wiesbaden, der 26.11.69 
Tank
you for 
your
stamps

Dear C.! 
Today I got your very nice letter. Thank you very much. All the days here I am waiting of your letter. And I’m very happy that the letter is arrives. Today is the first day, thereitsnows.Winter is not a beautiful season. Somm
Summer is much better. What do you mean? Now, soon is Christmas (Noël). I am very happy, if you send me a little present. Ifyou love me, than you will send me present. If you don’t send a present, than I don’t believe that you love me true. Oh, what I would ask you. Do you play an instrument. I play gitare. On samedi I have a dance-ball. I have a beautiful white dress for this day. I wish you can see me in this white dress. But you cannot. When do you come to Germany? I am waiting untilthis day is coming. So my dear I must shut. A girl how loves you very much. Milles baissers
Yours Ever 
Regina 
 
62 Wiesbaden 
Welsch str.20
Germany
 
P.S. I send you something of my hair. 
 
 
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C. 03
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Wiesbaden, der 31.12.69 
My dear C.! 
 
Today your little present received me. I was very happy about it. Thank you very much, my dear! I love you! Today, by usis the New Year’s Eve. I have a party. Therecome 4 Peo
5 persons. The party begin’s at 8 o’clock in the evening until one O,clock in the night. Here in Wiesbaden it is very cold. We have holidays, too. From 20.12.69 – 10.1.70. 
In school we speak about Canada. I must say it is a very interessting country. Each day I hope, that you will come to me and visite me. I shall be very happy. If do you come to Germany?? In the summer-holidays??!! There we can going to swim together. We have a nice swimm-pol
. swimming pol. So my dear I must shut. A girl qui t’embrasse de tout coeur Regina. 
Mille baisers 
Yours ever 
Regina 
 
Bye-bye 
Answer me soon, because I love you 
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C. 04a et C. 04b 
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Wiesbaden, 2.4.70 
My dear C.! 
 
Before two days your very welcome letter has received me. Thank you very much. I was very happy about this letter. Here in Wiesbaden all pupils have holidays. And now I cuthere and write a letter to you, because I have many (much) time. I have nothing to do in the holidays and so it is very monotone. Sometimes I go to town. On Monday I was in the town. There I have me buy a new skirt. A very nice. Also I let me made photographs of myself. I send you one of these photographs. I hope that you find it well. Per haps I will send me a photographs of yourself too?! In Canada you have had water in the sheet, too? We have had water in the sheetin Biebrich. This is a little town near the Rhine. Here in Germany it will be not be
summer. But I rejoiceat the summer. What do you do in summer holidays? Please come to Germany to me. Sometimes I believe you must stand before our door and a voice says :  » Hallo my dear. Here I am.  » And this voice is yours. Now we write us so long. I know you only from the letters and from the pictures. But one day I want to touch your hands and to kiss your lips. If you write me you will come to Wiesbaden I will come to the air port and call for you. Please consider it. Wiesbaden is a very nice town. I will show you the town and than we go swim. So my darling I must shut and I wait for your answer. Please, write soon. I love you my dear. Une amie qui t’embrasse de tout coeur. Mille baisers. 
Yours ever
Regina qui love and need you 
Bye-bye. 
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C. 05
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Reçu le 28.11.2002 
Heidenrod, der 13.11.2002 
Dear C, 
 
Thank you very much for writing the letter. Realy it’s a long time ago, you have writen a letter, but I am very happy to (hear) (entendre) you will good. I’m living in Heidenrod new (nouveau) Wiesbaden. 1988 I have building a house and I live together with my friend. Nice (bien) to hear (entendre) you have 4 childrens. I haven’t any children. I’am going to work everyday in Wiesbaden. There I am working in a bureau for the doctors. It’s a nice work and I do it since 1982. Oh, I must tell you, that I have found a picture from you from 20. mai 1969. 
Young and nice. 
Do you have a computer? Send me your E-Mail. 
Sorry, my English is’nt very good, but I hope you can understand this letter. 
Ma nouvelle adresse : ____________ 
—————- Str.6 
65321 Heidenrod 
Allemagne
 
ByeRegina 

Lettres

K. et F., 2006
Extraits du cahier personnel de K., âgée de 25 ans, traitant des débuts d’une relation avec F., 31 ans. Elle  habitait alors à Montréal.

texte 1
F…
 
Salut maman!
(…)
page 1 – bas
J’ai commencé à fréquenter quelqu’un. C’est encore une histoire un peu bizarre qui nous oblige à garder le silence sur notre relation. Mais à toi je peux bien le dire! Il s’agit du frère de ***, la copine de ***, c’est pourquoi c’est un peu délicat. D’autant plus que ma relation avec *** ne s’est terminée seulement que depuis quatre mois. Tout mon entourage me dit : Tu devrais voir comment il te regarde ! Tout le monde pense qu’il est encore accroché à moi. Je ne voudrais pas ruiner la belle amitié que nous avons. On s’est un peu parlé, il m’a dit qu’il s’attendait bien que je finisse par trouver quelqu’un et qu’il se fait à l’idée mais je n’ai pas osé lui dire que c’était déjà fait. De toute façon ma relation avec F… (c’est son nom) n’est pas officielle. On prend notre temps. Ni l’un ni l’autre n’est prêt à se ré-engager. Sa dernière relation a duré 12 ans et il a un enfant. En plus, il est un peu traumatisé parce que son ex était très contrôlante, il a peur de retomber dans ce piège. Je pense qu’on est sur le point de tomber amoureux l’un de l’autre. Pour te faire un bref portrait : Il a fait un bac en philosophie et il a créé un site de discussions sur les voyages. Il vit de sa petite entreprise maintenant en vendant de la pub sur son site. C’est un passionné du Népal et lorsqu’il en aura les moyens, il ira faire de l’aide humanitaire là-bas, pendant de longues périodes de temps, C’est lui qui m’a dit de t’écrire, je lui ai dit que je m’ennuyais…
 


Pour qu’une fois un homme veut offrir ce qu’il peut à son enfant, laissez-le lui.

 

Des fois j’ai l’impression que tu voudrais que je vive comme si j’avais un enfant, comme toi, Il faudrait que je fasse toutes les concessions qu’impose avoir un enfant sans en retirer les bénéfices que j’aurai si j’en avais un. Si on habitait ensemble, je me sentirais p-e plus comme une belle-mère.

 
texte 2
chanson
 
Il partira sans rancune et sans remords
il partira sans s’inquiéter de mon sort
 
il partira à la conquête de sa vie
il partira me laissant seule derrière lui
 
mais je l’aime à m’accrocher
là je reste figée
mais je l’aime m’effacer
il partira
vers une vie où je ne suis pas
il partira
ailleurs où il ne me voit pas
 
il partira
c’est sûrement pour le mieux
il partira
Une larme et un adieu

Journée rêvée (vers 2009)

A. D. et anonyme, 2018
A. D. est dans la jeune trentaine et habite Matane.

Un beau matin tu te retournes dans le lit comme une vague
On sourit et on séjourne dans le bonheur qui divague  
On y reste on oublie le reste  
On se raconte le passé et le rêve
Le voyage à venir, l’aventure à parcourir 
Arrière-plan musique et café     
On se recouche comme t’en as eu l’idée  
Puis habillés pomponnés se promener  
Au vent du grand soleil doré  
Croissant et encore café, lire ensemble pour échanger 
Composer des paroles, penser à nos casseroles 
Déambuler au marché, en revenir bien chargés  
Verre de vin,  cuisiner 
Ta main dans mes cheveux  
Tes mots doux à l’oreille  
Manger à n’en plus finir, se regarder et s’aimer  
Aucune distraction  
Pas de fosse aux lions  
Que toi et moi dans tout l’espace  
Boire tes paroles et vice-versa  
Bras dans les bras  
Sur le canapé  
Recommencer, aller s’promener  


Café, amis et mandolines  
Se composer de doux moments  
Improviser dans l’instant  
Ne pas rester encarcanés dans la routine 
Se réinventer, rester captivés  
L’un par l’autre  
Dans une journée rêvée 
Rassasiés  
De bonheur  
Continuer toujours à se parler  
Pourquoi c’est si dur de s’écouter   
S’apprécier 
Sans les urgences 
Sans les vacances  
On peux-tu encore se sentir en transe  
Désirée plus que jamais, idéale pour de vrai 
Mes exploits te chavirent pas, c’est parce que tu me regardes pas
Je suis juste à côté à me défoncer 
Pour tu ne puisses plus t’en passer  
Comme si on n’avait qu’aujourd’hui  
Ce serait vraiment ma journée rêvée  
M’endormir en me disant, enfin…  
Je veux l’appel, la surprise, l’envie


Viens t’en monte dans mon camion  
Comme ce feu sur la plage, ensemble  
Je me souviens d’une rivière  
Devenue prière  
Même pas l’impossible, ni l’inaccessible 
C’est une journée 
Ben ordinaire  
Et si ta journée rêvée n’était pas la même que moi
Et si je n’étais pas le vent pour toi  
Faudrait que tu me le dises, après 60 mois  
Pourquoi tu restes?  
Il faudrait que tu t’en ailles.   
Ce jour-là tu serais comblé  
Parce que tu te sentirais libre  
Tu pourrais  partir seul, sans t’emmerder  
Sans ta coloc émotionnée  
Et fuck le reste, et tant pis… le reste… du monde…
Ensemble, c’est tout, comme dirait le roman 
J’vas t’chavirer le cœur  
Avec tout ce qu’on a traversé  
Même quand t’es ici je m’ennuie de toi  
Chaque jour j’espère te faire tomber, encore
Tomber amoureux, tomber de haut  

Poésie tout croche…

Par Mathieu D.

Poésie tout croche

L’homme fort 25/01/2015

Je t’ai cherché, en vain, je crois,
Dans les brumes, à travers la forêt.
Dans les tempêtes du mois de juillet.
Toi le grand homme,
L’homme fort.
Québécois d’or
Et d’uranium.
Je t’ai cherché,
Bien trop longtemps,
Et je suis toi.
Je me suis tu,
T’ai reconnu, me suis trouvé.
Il n’y a plus rien pour échouer
Plus rien que ces froids, ces marées.
Et cette infinie solitude :
Celle des hautes altitudes.
Je t’ai cherché, j’t’ai pas trouvé.
Un jour, bientôt, je m’en irai.
Je m’ennuierai
De la forêt.
Et de ton ventre d’uranium.
J’irai m’entasser dans la ville
Dont tu dis le plus grand des maux.
J’irai me perdre avec mille
Des autres vieux pèquenauds.
J’irai et serai malheureux,
Avec tous mes semblables.
Me faire croire que tout va mieux
Avant la fin inéluctable.

Correspondance…

Laurie et Pierre-Luc, 2018
Lettre marquant le début d’une relation entre Laurie, 29 ans,  et Pierre-Luc, 32 ans. Néo-matanaise, elle habite maintenant à Rimouski.

Bonjour Pierre-Luc,

Ça m’as pris un temps fou avant de me décider à t’écrire…surtout que c’est peut-être pas l’endroit le plus idéal pour ce genre de message mais bon, c’est le moyen le plus facile pour moi, sachant évidemment, que je n’aurais peut-être pas de réponse avant un petit bout, oui oui, je sais  » tout est long avec P.-L. », ça pourrait être un titre de bande dessinée, ça non ? 😉

Je déconnes, c’est pas drôle.

Bref, ça m’a pris un temps fou à t’écrire, parce qu’en fait ça m’angoisse de t’écrire ou de te croiser sur ma route en allant au travail vu que tu travailles dans un certain bateau à la Marina…, parce que oui des fois, j’utilises un vélo au lieu d’une Corolla grisâtre et bourgeoise.

Pourquoi ça m’angoisse de t’écrire ? ou de même te parler dans une soirée comme un certain 23 juin proche d’un feu ou d’un tapon de gens qui dansent, parce qu’à vrai dire, j’ai envie de te connaître mais je ne sais pas comment. Au fond, je sais ben que c’est hyper facile d’aller te voir au moulin, mais dans le fond pas vraiment. Le seul moyen que j’ai trouvé c’est d’aller aux événements publics au Moulin. C’est une entreprise certes, tout le monde peut y aller, enfin tout le monde qui a besoin d’un conseil menuisier ou d’une chaloupe ou d’une chambre clandestine.

Bref, ce message est bizarre, maladroit, mais au moins, il me permet, de me dire Ok ouf, je peux passer à autre chose, et penser à autre chose et continuer mon petit bout de chemin, parce qu’en ce moment, ne rien faire, ne rien dire, ça m’angoisse. Ne te prends pas la tête avec ça, c’Est ben simple, j’attends pas de réponse, elle pourra arriver quand elle arrivera, j’avais juste besoin d’écrire puis de passer à autre chose, 😉

Bonne journée à toi et ton vieux bicois !

Bonjour Laurie,

Pour réutiliser un de tes mots, je me sens vraiment tout ‘’drôle’’ à la lecture de ton message. Tout d’abord parce que après notre dernière rencontre autour d’un feu de joie, je me suis dit zut, je voulais lui dire de porter attention au Bicois II, gros bateau de pêche rouge vif juste au bord du boulevard du Rivage, que tu pouvais peut-être m’apercevoir au travail lors de tes passages dans le coin et que cela pouvait bien ajouter une touche anecdotique à tes déplacement. Mais, plus sérieusement, surtout parce que j’ai l’impression de me sentir un peu comme toi. La réflexion est peut-être un peu tordue, mais je me suis même demandé si ton but n’avait pas été de mettre des mots sur ce que je ressent, chose que je ne serais peut-être pas parvenu à faire.

Je suis tellement enthousiaste chaque fois que je te croise dans une fête populaire, une veillée de danse ou un spectacle au Moulin et pourtant, chaque fois, j’ai tellement l’impression de n’avoir rien de pertinent à dire et surtout, vu mon historique, j’ai toujours le sentiment que je suis sur le point de balancer une autre grosse bêtise. Alors j’ai un peu tendance à me taire. Plus d’une fois, j’ai pu mesurer chez toi des paroles si à propos et un ton si juste. Ton message précédent (auquel je n’ai évidemment toujours pas répondu… ) en est le parfait exemple : <<Nos parents nous apprennent toujours à juger. Mais même ces jugements ont une histoire.>>. J’aurais voulu voir cette réflexion naître dans mon cerveau ! En quelques occasions, tes réflexions m’ont fait tellement de bien alors que moi, parfois ironiquement même moment, je t’ai fait vivre exactement le contraire. Et je me demande si je n’ai pas récidivé.

Je dois aussi l’avouer, peut-être est-ce parce que je suis un ‘’manuel de ce monde’’, je t’ai je pense construit un piédestal. Je suis impressionné -et par extension, un peu intimidé- par ton riche engagement social, parce que tu poursuis des études supérieures, parce que tu peux revendiquer une démarche artistique et je ne sais trop qu’elle autre prétexte de mon invention. Je sais pourtant que tu es une personne toute simple, ‘’normale’’ (mais pas pour autant banale !). J’ai compris depuis bien longtemps déjà que je n’ai pas à m’en faire de me présenter à toi dans mes accoutrements usés et mal agencés d’artisan poussiéreux, même si ton apparence est beaucoup plus soignée (sans jamais que cela ne prenne le dessus sur n’importe quoi d’autre). Peut-être devrais-je seulement déconstruire ce petit soubassement, sur lequel tu t’imaginerais sans doute bien mal, pour retrouver des échanges plus généreux, simples et cordiaux ?

Je te le concède, je ne suis pas facile d’approche. Parlant en connaissance de cause, j’ai souvent prétendu que les personnes timides se reconnaissent… à leurs excès d’aisance dans les lieux qu’ils connaissent bien. Daniel St-Pierre à Paraloeil (ben oui, c’est un timide selon moi), Pierre-Luc Morin dans un train… Ou peut-être m’as-tu déjà croisé dans un moulin ? Cette formidable béquille qui me permet de parler de tout, sauf de moi. Jumeau effacé des deux, j’ai eu jusqu’à l’âge de 21 ans mon ‘’porte-parole personnel’’. Si tu m’avais connu à cette époque alors que je débarquais au Bic… Côtoyer un personnage comme Daniel, la faune du Moulin et faire partie d’une communauté villageoise fut pour moi une formidable école de relations humaines et d’affirmation de soi. Va maintenant pour les consultations publiques avec un micro, mais je demeure quelqu’un de très gêné, incapable de prendre sa place dans un groupe de plus de trois personnes, intimidé par l’excès d’attention entraîne une rencontre en tête à tête, qui a de la difficulté à regarder ses interlocuteurs dans les yeux… et tu pourrais sans doute me nommer d’autres ‘’symptômes’’. Sans compter que comme ma famille proche, les occupants du Moulin et plusieurs amis (donc, bref, pas mal tout le temps !), tel un gars de ‘’La soirée est encore jeune’’ 100 % de mon langage est composé de 60 % d’ironie et de 10 % de deuxième degré, ce qui peut être assez déstabilisant pour celui qui ne s’y attend pas.

Moi aussi il m’est venu dans l’idée plus d’une fois d’aller à ta rencontre chez toi. Rencontrer quelqu’un dans son ‘’environnement naturel’’ aide souvent beaucoup à le connaître et le comprendre. Mais comme chez d’autres, il me reviens finalement à l’idée que tous ne vivent pas dans une chambre qui n’a qu’un seul mur dans un bâtiment où ont entre comme dans un moulin et qu’il y a peut-être une raison pour ça, un désir d’intimité minimale tout à fait légitime. Je m’imagine figé dans un cadre de porte à ne pas savoir quoi faire quoi dire en tombant au mauvais moment. Quand, le matin de la Saint-Jean, Sandrine et Jolianne (de charmantes personnes à qui je te dois la rencontre, dois-je le rappeler) m’ont invité à me joindre à eux, toi, Axel à la Chartreuse à la fin de ma journée de travaille Rimouski-Estoise, je me suis dit wow, quelle belle occasion de découvrir enfin cette mythique Chartreuse, avec quelques personnes que je connais déjà dans le cadre d’une invitation bien précise qui s’ajoute aux ‘’arrête quand tu veux’’. Au final, ayant profité ce matin là d’un petit déjeuner en douce compagnie, j’ai terminé ma journée de travail très tard et je voulait ramener la camionnette de l’atelier à bon port le plus rapidement possible. Avec une seule idée en tête par contre : pédaler dans la nuit jusqu’à Pointe-au-Père pour attraper la fin du feu de joie annoncer. Et peut-être dormir sur le ‘’Bicois II’’ au besoin. Mais voilà, épuisé par ma semaine de travail (et de conduite, oui ça m’arrive parfois), avant d’avoir goûté le pouvoir énergisant du vélo, je me suis effondré de fatigue au salon en préparant mes sacoches de vélo. Tu ne peux pas t’imaginer ma déception à mon réveil quand j’ai réalisé que je venais de passer à côté de cette opportunité servie sur un plateau d’argent de découvrir un peu ton univers.

Bon, je m’arrête si je veux cliquer sur ‘’envoyer’’ cette fois. Ou des fois que je serais encore une fois en train de dire des bêtises. Si je résume : phase 1, j’ai dit des trucs blessant et phase 2, je me suis mis à ne presque plus rien dire de peur de dire d’autres grossièretés. J’imagine très bien que tu as pu percevoir une froideur pendant que moi aussi, j’étais simplement en train de me dire j’ai envie de la connaître, la comprendre, mais sans trop savoir comment, quoi faire, quoi dire. Sans doute suis-je mûr pour une phase 3… De toute façon, je suis condamné à ma m’améliorer ! J’ai essayé cet hiver la fuite, pis ça marche pas. Le ‘’Grand Rimouski’’, c’est petit. On l’a bien vue de nouveau cette semaine alors que, dans un bref intermède dans la rédaction de cette lettre, je suis allé à la Caisse Pop du Bic pour un petit retrait. Je m’inspire une fois de plus de tes mots, mais selon ce que ton cœur ou ton humeur du moment te dit, tu es toujours libre de venir me voir au Moulin et libre de ne pas venir me voir au Moulin, Spectacle ou pas. Besoin d’une chaloupe ou pas. Ou même si tu cherche une chambre clandestine, pourquoi pas ? Peut-être ton message était-il envoyé par le meilleur canal tout compte fait. Comme c’est le cas pour le reste du clan Morin, peut-être l’espace entre l’apéro et le latte du matin est-il le seul moyen de vraiment connaître Pierre-Luc ? Je ne serais pas surpris que certains voyageurs passés par le dortoir du Moulin me connaissent mieux que certains locaux qui n’ont manqué aucun de nos rendez-vous culturels. Et libre de t’arrêter à la balustrade de la Promenade de la Mer ou pas pour montrer nos montures respectives. Je laisse le tout à ta discrétion. Mais pour ma part, ce qui est sûr, c’est que tu es toujours la bienvenue en ces lieux. 

Pierre-Luc

Allo Pierre-Luc,

Te voir sortir de la fenêtre après mes maintes indécisions à essayer d’aller te visiter dans ton Moulin, je pense que j’ai croisé les mêmes marcheurs dans tout le village du Bic, en tout cas pour faire bref, je ne sais pas si tu connais la programmation du Vieux Théâtre ? (j’imagine que oui), il y a un spectacle le 7 juillet prochain, soit vendredi, du groupe Avec pas d’casque (genre les membres du groupes n’ont pas de casque de vélo, joke plate). Si jamais tu y allais, il se peut que j’y soit, ou si tu as envie d’y aller, fais-moi signe 😉 Sinon, je serais bien intéressée à débarquer un peu de ma corrolla et faire du vélo, un de ces jours, sur une certaine promenade, proche d’une marina. Bref, fais-moi signe 🙂 418-556-2862 ou simplement me laisser un message ici. Bref, ça m’a fait plaisir d’aller te voir:D

Bonjour Pierre-Luc,

Sans paraitre trop insistante, sachant aussi que tu n’as pas Internet, je me disais que mon autre message était un peu rapide et je ressentais le besoin de t’écrire, peut-être trop facile mais bon. 

Bref, je pense que c’était légitime de répondre à ton message, qui d’ailleurs m’a rendu bien joyeuse durant la soirée du 1er juillet. J’étais en train de courir partout en faisant un contrat de mariage dans le fin fond du Saint-Gabriel-de-Rimouski, pendant que ton Moulin et la Maison Beige faisaient de la poésie féministe jusqu’à 22h. 

Effectivement, le bateau Bicois II s’est bien ajouté à mes déplacements anecdotiques ou mes histoires de vies. Il est bien beau quand je le vois tous les matins, à trop l’observer, d’un coup qu’il aurait pêché un certain « manuel de ce monde », sait-on jamais, s’il aurait eu besoin de se faire réparer ce matin-là. Bref, c’est un paysage que j’aime bien regarder quand je suis sur ma course de la 132 entre le Cégep de Rimouski et la petite Maison Verte. 

Ça m’intrigue ce que tu ressens. C’est peut-être plus facile de parler de ce que l’on ressent par l’écrit, plus facile qu’à l’oral. Des fois, faut prendre des risques. Moi, ce soir, je prends un risque littéraire, car au final, j’avais envie de t’appeler, à ton Moulin, mais ce n’était plus l’heure de l’Apéro, donc j’ai laissé tombé. Tu te dis enthousiaste quand tu me croises dans une fête populaire ? Et moi donc, moi de t’avoir vu le 23 juin, ça me donnait envie de danser partout, même, si moi-même je n’avais pas le gost d’aller te parler, outre, de te demander si deux jolies demoiselles pourraient dormir chez vous. On me dit souvent « Come as you are » (Viens comme tu es, avec toute ton authenticité). Je te répondrais, que c’est tu vraiment important d’avoir quelque chose à dire, pertinent ou non ? Bon ok, j’avoue que lorsqu’on s’était parlé à l’UQAR, on sait jamais comment l’Autre va réagir. Mais au final, je l’ai bien aimé moi cette parole que tu m’as dite, elle m’a appris sur moi-même. Au final, j’ai envie de te connaitre. N’aies pas peur avec moi. Oui il se peut que parfois, nos paroles blessent, ou encore on dit quelque chose et au final, la personne ne veut plus nous parler, mais si on valide avec l’Autre… je crois qu’il est possible d’arriver quelque part, puis bon ça je dis ça, et je suis la première, à prendre du temps avant de valider si l’Autre se sent bien avec ce que je lui ai dit. D’ailleurs, je me trouve un peu insistante, genre là j’ai l’impression de te donner trop d’attention, d’être la fille, oui, parce que visiblement intéressée par ta personne, bref tout ton être m’intéresse, mais je me dis, fuck il va me trouver intense avec mon gros texte. Je crois aussi, peut-être que je te place aussi sur un piedestal. Je me dis fuck, il va me trouver trop « Corrolla-déplacement-pas-pantoute-écologique», genre c’est qui cette fille-là qui passe 4-5 fois avec sa corolla dans le Bic, les villageois vont se dire, elle a l’air louche ou encore de quoi, je pourrais te parler ? Je sais pas le silence tiens. Le silence, c’est bien des fois. Ça aide à apprivoiser l’Autre, ou même, le canal de l’écriture. Moi l’écriture, ça éclate mon imagination. Ah puis, le vélo, c’est comme l’écriture, tu te laisse aller dans le vent et les odeurs de la mer salée rimouskoise. Bon, je prend ma voiture uniquement pour des déplacements de gros matériels empruntés au Paraloeil. Mais on s’en tape. Bref, moi-même, je me demande bien de quoi je pourrais te parler alors qu’ici ça semble si facile de dire quelque chose. Peut-être trop intense à lire aussi. Je ne sais pas si je pourrais dire autant de chose dans la vraie vie. En tout cas, pour pouvoir avoir des échanges « plus cordiaux et généreux», j’aimerais bien t’inviter un moment donné à faire du vélo ou encore aller au Vieux-Théâtre ou aller à un endroit dans lequel tu te sens bien, qu’on jase, ou non qu’on jase ou pas. Qu’on écrit au pire, si ça peut t’aider à te sentir mieux, mais j’aimerais bien t’inviter, cette semaine par exemple, ou un moment que tu te sentiras à l’aise, si tu as envie bien sûr, car je ne forces personne, même si au fond de moi, je suis impatiente et que je devrais prendre le temps de prendre le temps.. parce que des fois, dans la vie quand c’est long, c’est que la vie veut nous apprendre quelque chose. Enfin, c’est ce que je ressens ici avec toi. Bref, si t’as envie de me rencontrer dans la plus simple activité, que ce soit, un 15 minutes ou plus, fais-moi signe, ici ou au 418-556-2862 sinon, c’est pas plus grave. Je te dirais que je serai sans attente, parce qu’à forcer les gens, on n’est pas plus heureux. 

Pour te répondre sur la timidité, hm.. je suis timide mais ça dépend le contexte. Dans un contexte professionnel, avec mes clients et clientes, si je sais que j’ai un bon relationnel, je vais être assez relax avec eux. Avec les gars, généralement ça se passe bien. Bon ça dépend quelles sont les intentions de chacun. Dans mon cas, avec toi, c’est plus difficile, car je t’ai aussi mis sur un piedestal. Je me disais, qu’est-ce qu’une fille comme moi ? Pas pantoute, dans la simplicité volontaire, bon oui engagée socialement, mais utilisant une voiture, n’achetant pas nécessairement bio par manque d’argent, dépensant des sommes pour des choses parfois inutiles (caméras et autres accessoires), que pourrais-je lui dire ? Puis au final, je pense que tout le monde est sur un même pied ou une main d’égalité. On a juste chacun, nos limites personnelles et on doit respecter notre rythme. Dans mon bac, on me dit souvent, Marche avec l’Autre, en même temps que lui et à son rythme.

Puis, bon les études supérieures, je m’en tape un peu en fait. Oui j’ai un double dec en arts et lettres, un baccalauréat en design graphique, un DEC en photographie et un Bac en psychosociologie. C’est juste des bagages dans mon baluchon, un apprentissage. Tu peux très bien apprendre dans un train, dans l’Ouest comme dans un Moulin, au Bic. En passant, le Bas-Saint-Laurent, c’est la richesse des relations humaines, jamais un endroit, m’a fait autant d’effet. On peut s’enraciner les pieds dans la terre et dans la mer. On a trop frette au bord de la mer, les Chutes-Neigettes nous accueillent avec ses eaux vagabondes. Et puis, des fois, on s’ennuie à la Pointe aux pères, ben on va écouter de la douce musique dans un Moulin à quelque part au Bic. Bref, je suis un peu trop passionnée, j’ai le cœur régional. L’écriture me permet ça.

Tu dis pas facile d’approche. Ok, ça ajoute un fait anecdotique à mon histoire. Daniel St-Pierre a pas l’air si timide. En tout cas, il est ben drôle quand il donne des cours de chaloupe. C’est un chouette monsieur. On dirait un bon vieux grand papa. Je trouve ça beau quand tu me dis « Côtoyer un personnage comme Daniel, la faune du Moulin et faire partie d’une communauté villageoise fut pour moi une formidable école de relations humaines et d’affirmation de soi. » 

Tu parles des petits groupes ? C’est vrai que ça peux faire peur des micros. Puis bon, si on se sent pas à l’aise, c’est tout simple, on y va s’y on s’y sent bien. J’ai eu la chance d’avoir un cours de dynamique de groupe, je peux te comprendre, tu te dis fuck, se montrer vulnérable devant un grand groupe ou un groupe de personne, c’est tout un travail. Une fille me disait cette réflexion cette semaine « Vivre c’est travailler ». 

J’avoue que ton style humoristique-ironique est déstabilisant mais pas énervant. Moi ça me plait bien, bon, parfois c’est spécial, mais ça t’ajoute un certain charme. Je ne dirais jamais ces choses dans la vraie vie, ou ben peut-être, mais je serais sûrement en train de te dire « Je suis gênée oui oui là là je suis gênée…» enfin bref, l’écriture c’est facile. En tout cas, si jamais tu veux découvrir l’univers de la Maison verte, il y a une pancarte de bienvenue devant ma maison si jamais il te vient l’idée de passer dans le coin, généralement, je suis là entre 6h le matin et 9h00 et tard le soir, le vendredi, le samedi et le dimanche, mais généralement, la Laurie que je suis, est sur la route, ou en train de prendre des photos ou encore au Cégep de Rimouski à travailler durant un emploi d’été. Je pense ben t’avoir écris un roman. 

Je vais me montrer un peu rebelle cependant. Ta phase 1 pour moi c’est tout autre chose, à chacun sa perception ;). Ta phase 1 : Je suis venu avec authenticité voir un show à l’UQAR, ah tiens Laurie m’a aperçu dans un coin de cafétéria. Phase 2 : Bon oui, t’as rien dit pendant un certain temps, j’avoue que ça peut faire peur..mais au final, je comprend peut-être un peu plus pourquoi. Phase 3 : Ben là là, je t’invite moi cette semaine ou quand tu veux, ça peux être au Vieux Théâtre ou selon tes dispos ou les miennes.. entre un café latté et un apéro ou le contraire, à juste se jaser ou pas se jaser mais à se voir en face. Voilà, moi je te lance cette invitation, libre à toi d’y répondre ou non, de m’écrire un roman si tu veux, car ils sont ben passionnants ces romans-là. Bon peut-être que je te donne trop d’attention.. j’en suis sincèrement désolée mais je m’assumes. Ça se peut je dise des choses pas compréhensibles, ça se peut qu’il y ai interprétation de ce gros texte intense mais c’est pas grave, la vie est un travail, la vie est un laboratoire grouillant d’expériences et d’apprentissages. 

Ah petit fait anecdotique sur la fois où je t’ai vu en vélo à la caisse populaire du Bic, je revenais d’une activité cardio de Zumba, pendant que je réalisais un projet pour un documentaire que je fais. Eh ben, imagines-toi donc que j’ai fallis perdre mes clés dans le grand stationnement de la Maison du Pic Champlain.. je me suis dis fuck, en plus mon cellulaire, était mort.. et là j’ai vu du monde dans le coin du Moulin, et je me suis dis merde, j’aurais été obligé d’aller vous voir avec toute ma timidité. Bon bref, je l’ai retrouvé et je me suis dis par la suite que j’allais aller au Mange grenouille faire des photos pour un mariage qui aura lieu le 22 juillet. Petite question, « l’espace entre l’Apero et le Café Latté » pour connaître le Pierre-Luc dont je parle dans ce gros texte, est-ce la nuit, le soir ou le jour ? 😉 

Bref sur ce, je vais essayer de ne pas envoyer d’autres messages aussi insistant, bizzare, et voir trop intense pour le bel être humain que tu es. C’est écrit avec sincérité et avec un Macbook pro, blague à part.

Have a nice day !

Bonjour Laurie!

Me voilà hier soir assis sagement à ce petit bureau de la Halte du Patrimoine du Bic, que tu aurais très bien pu occuper, question d’avoir électricité + internet pour te répondre, puis je découvre ce tout nouveau message flambant neuf, que j’ai lu 2 ou trois fois ou même 3 et 5/8 de fois (pour parler en menuisier) juste avant de m’endormir ici même dans la Halte! Mais un message pareil, je me dit que je ne peux pas laisser traîner la réplique des jours comme je sais si bien le faire, alors voilà le couche tard qui t’écrit au petit matin! Alors oui, wow, quel message, c’est pas tous les jours qu’on en reçoit un de la sorte, c’est rendu tellement rare en 2017 qu’on dépense autant de caractères d’un coup, comme si ceux-ci étaient compté!

Est-ce qu’une Bretonne qui m’envoie par la poste un pot de caramel à la fleur de sel plutôt qu’une simple carte postale ou une Norvégienne qui dépense 63 Couronnes de timbres pour m’envoyer une méga tablette de chocolat du pays sont intenses? Est-ce que tout ça est de l’acharnement? Je préfère dire de que c’est simplement de l’enthousiasme pour quelque chose ou quelqu’un. Pour ce qui est spécifiquement de l’acharnement, j’aurais plutôt tendance à m’excuser que tu aies à m’écrire deux ou trois fois avant d’avoir une réponse! Pour moi, publier des photos de tout ce qu’on mange et de tout ce qu’on fait et se lever au petit matin pour vérifier l’inventaire de ‘’J’aimes’’, ça c’est intense et peut-être un peu de l’acharnement, surtout si on prend jamais le temps d’écrire personnellement à ceux qui nous sont chère, mais bon, je vais faire attention à ce que je dis, je ne suis sans doute pas mieux que personne d’autre et c’est peut-être ce que je serais en train de faire si je le pouvais, plutôt que de t’écrire!

Composée de plus de réponses que de questions, ta longue lettre ‘’d’acharnée’’, je la déguste un peu comme les multiples petits services d’un repas de Morin. J’avoue, ‘’entre l’apéro et le latte du matin’’, ça peut paraître louche comme formule, je suis souvent empli de naïveté dans mes écrits et ce n’est certainement pas la première fois que je ne mesure pas pleinement le poids de mes mots, disons plutôt ‘’de l’apéro au latte du matin’’, peut-être est-ce déjà moins déroutant. D’ailleurs, parenthèse, si un jour ta Corolla traînant sa corde bois et du matériel photo se prend dans une tempête de neige et doit stopper sa course de force à Montmagny (une ancienne Lévisienne et résident de l’Est-du-Québec sait à quel point ce scénario est plausible), une escale, même impromptu, au 65 des Érables, peut-être encore plus que dans mon Moulin, te ferait certainement prendre la pleine mesure de ce que veux dire aller de l’apéro au latte du matin pour connaître un Morin. En passant, j’aurais volontiers pris mon premier (et possiblement seul) verre de la saison à la Buvette du Mange Gr…, le 22 juillet, mais il y a ce jour-là spectacle au Moulin et je suis responsable de la fermeture du site (en moyenne, vers 3h00). Si tu n’est pas trop épuisée de ta journée de travail tu viendras y faire un p’tit tour!

Bon, je reviens au message précédent et oui, même si tu n’y es plus, je demeure un amoureux du Vieux Théâtre, de sa salle, de sa programmation et de son accueil chaleureux. Et oui, je comptais bien ne pas me priver du spectacle du groupe dont oui, les cyclistes comme moi parlent toujours entre eux avec un sourire en coin, quand il n’usurpent pas tout simplement son nom pour se décrire (J’t’un av…) dans l’éternel débat qui divise parfois notre communauté. Le bon vieux grand-papa Daniel y sera aussi, donc les deux artisans poussiéreux vont voyager ensemble dans leur bagnole poussiéreuse, garde nous une place à côté de ta mythique Corolla ! Tu t’en doute bien, je ne risque pas de m’approprier des pieds carrés entre la scène et la première rangé de sièges, mais on pourra certainement se croiser entre quelques boiseries fabriquées des mains de Pierre-Luc!

Bon, je m’arrête, je n’ai pas à être au Bicois II dès 8h30 ce matin, mais j’ai tout de même déjà dépassé l’heure respectable du latte du matin pour un mardi d’été.

Merci pour toute cette créativité et cette sincérité comme tu sais si bien le faire, prend soin de ton côté rebelle et salutations d’un iBook G4 (dans les cafés, j’en rend avec ça nostalgiques du bon vieux temps, parfois!)

Pierre-Luc le néo-vieux-Bicois

Lettre a Pierre-Luc, version papier

Bonjour Pierre-Luc,

On me dira d’attendre et de laisser le temps passer, mais je penses que c’est mieux que j’aborde le sujet. Je sais aussi qu’avec toi ça peux être long, long parce que tu réfléchies peut-être ou j’en sais rien. Avec du recul, je crois que je suis peut-être allée trop loin avec toi, dans le sens, que je suis tombée « amoureuse de toi » un peu trop vite. Je ne penses pas que c’était quelque chose de sain, autant pour toi que pour moi. Je me demande, si cela, ne m’as pas créer chez moi une certaine dépendance à Couchsurfing, genre à attendre de recevoir un message de ta part alors que c’est malsain, tant pour moi que pour toi. J’ai pris un temps d’arrêt dans ma vie, parce que je pensais à toi souvent et j’ai créé, de mon propre chef, un déséquilibre dans ma routine de vie.

Je t’écris ça, parce qu’avec du recul, je remet en question certains propos que je t’ai dit concernant « Je te sauterais dessus »/est-ce que je peux t’embrasser ?. Ça voulait dire que j’aurais aimé avoir un rapprochement physique avec toi mais je ne penses pas que c’était approprié de te dire ces choses, vu que tu ne semblais pas à l’aise avec cela.

Quand je suis partie avec le petit projet de faire du vélo avec Josianne et Laurent, je le faisais entre autre pour moi mais aussi pour toi. Je m’étais donnée ce petit défi. Je suis toujours dépendante de ma voiture, en général, et de redécouvrir le vélo et de faire un trajet que je suis habituée de faire, me donnait de la motivation. J’étais dans une intensité qui me rendait heureuse. Et lorsque tu m’as proposé/nous a proposé de dormir au Moulin, je me suis dit que c’était l’occasion de te dire les sentiments que j’avais. Cependant, comme je ne connaissais pas l’ambiance au Moulin ni comment trop me comporter avec toi, parce que parfois, c’est difficile car je ne sais pas si ce que je dis as du réel sens pour ta personne. Bon, tu me l’as confirmé, tu m’as dis que j’avais laissé des traces et que je te faisais du bien psychologiquement et que je t’aidais dans la construction de ta personne. Bref, en discutant avec toi autour de la table de la cuisine, samedi matin, je t’ai trouvé encore plus beau et ça a augmenté mon attachement envers ta personne, mais je crois, que je n’ai pas vu que ce n’était pas réciproque.J’étais sincère dans mes sentiments amoureux envers toi. Ce qui m’a attiré chez toi, c’est surtout ta capacité d’écrire et de te dévoiler aussi facilement, soit ta capacité à être authentique et à t’assumer dans ton genre, que tu sois timide ou non, confiant ou pas. L’attirance physique est venue après. Bien que tu te dévoiles assez facilement et qu’il est facile pour toi, en terrain connu, de parler de ce qui te passionne, de ton histoire ou de tout autre sujet qui te passe par la tête, je n’ai pas su voir les signes duquel cette relation était seulement amicale. J’ai interprété certains de tes messages sur Couchsurfing comme des signes d’intérêts amoureux alors que ceux-ci n’en étaient peut-être pas. Avec cette intensité, j’ai eu l’impression de connecter avec toi. Ça me rappelait une relation amoureuse que j’ai eu avec une personne dans le passé. J’avais l’impression d’avoir une connexion (au sens relationnel) avec toi alors qu’au fond, comme tu l’as dis souvent dans tes messages, tu est comme ça avec les voyageurs/voyageuses ou tout le monde qui est dans ton environnement proche.

Est-ce que tu as ressenti une pression sociale venant de ma part ?

J’aurais dû valider avec toi dès le début, lorsque j’ai commencé à avoir des sentiments envers ta personne, au sens amoureux, ce que je n’ai pas su faire car j’étais entrée dans une phase de séduction. Ma façon « de séduire » un homme, du moins, le type d’homme que je croyais avoir vu en toi, c’est d’utiliser l’écriture et d’être moi-même, de dire les choses comme elles viennes. Je suis d’un « tempérament » direct. Je dis les choses quand je le sens. Parfois, ce n’est pas toujours approprié pour la personne, surtout si ça peut faire vivre de l’anxiété. Je ne connais pas ton passé amoureux, si ce n’est ce que tu m’as dévoilé samedi et je ne m’avancerai pas là-dessus non plus. C’est une partie de toi qui t’appartient.

Je crois aussi t’avoir placé sur un piedestal, faisant en sorte, que cela créait une pression et une interminable envie de regarder mes messages sur Couchsurfing. Je ne regrettes en rien nos échanges mais je crois que je vais prendre du recul.

Cependant, je n’ai peut-être pas pris le temps de « valider » avec toi avant d’essayer de t’embrasser. Le fait de savoir que tu m’as placé sur un piedestal, m’a étonnée. Peut-être par manque de confiance en moi ou encore parce que j’étais un peu trop obsédée par ta personne, je me suis dit, comment peut-il me placer sur un piedestal ? Je suis une personne normale, comme tu l’as écris précédemment. Mais saches, Pierre-Luc, que même, si tes propos sur la Corolla ou encore ce qui s’est passé en fin de semaine, ne feront pas de toi une mauvaise personne. Oui notre conversation au Moulin m’a bouleversé. Je ne te caches pas que j’ai pleuré mais je crois avoir de bons amis sur qui compter et avoir appris certaines choses de ta personne ou de ton mode de vie. Au fond, c’est peut-être mieux de rester ami, si c’est encore possible, bien sûr et ce, sans intention amoureuse vu que ce n’est pas réciproque.

Je crois que chaque être humain a le plein potentiel de rendre heureux une femme ou un homme, que ce soit par l’écrit ou le simple partage d’une crème glacée sur une table d’un moulin. Un jour, si tu le souhaites et ce, avec ta couleur à toi, ta personnalité et ta chaleur humaine, je suis sûre que séduira une personne, puisque dans mon cas, c’est arrivé et ce sans, que tu fasses des « stratégies de séduction ».

Si ça t’arrive un jour, et je te le souhaites, parce que des rencontres comme toi, ça peux changer la vie d’une personne, enfin bref, ça a changé mon histoire à moi et ma compréhension des relations humaines. Je crois sincèrement que tu as le potentiel de séduire, à ta façon, une personne et être en couple ou juste avoir une femme dans ta vie sans engagement. Je te souhaites plein de bonheur de ce coté-là.

Je ne remet pas en question les conversations que j’ai eu avec toi mais je crois avoir vu des signes « d’amour » là où il n’y en avait pas. J’ai l’impression que tu te dévoiles aussi facilement, bien que timide, à des voyageurs ou à des personnes qui viennent vers toi sans jugement. Je ne cherches pas non plus à diagnostiquer quoi que ce soit chez toi mais j’ai lu sur certains sujets comme les jumeaux, la timidité et d’autres sujets et ça m’a aidé à prendre conscience de ton mode relationnel avec les autres.

Je ne sais pas si mon message est compréhensible, si tu as des questions n’hésites pas mais bon on peux rester ami si tu le souhaites encore, parce qu’au fond, j’apprécie quand même cette correspondance par courriel et ta présence lorsque je te rencontres.

Bonne soirée/nuit vu qu’il est 3 h du matin.
Laurie


Bonjour Laurie,

Moi aussi je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit, car moi aussi j’étais en train de t’écrire. Hier, sans que je ne dise rien, un ami proche a été assez habile pour repérer que des tourments me trottaient dans la tête. J’ai consacré mon après-midi et ma soirée à faire quelque chose que je réussi mieux que d’autres, sois l’aider à réaliser ses rêves de menuiserie. Apprendre à quelqu’un, comme bien d’autres choses, ça s’apprend, et grâce à quelques bons apprenti comme lui, je le fais de mieux en mieux. Et entre les coups de rabots, les consignes de sécurité et autres conseils d’usage, qu’ils ne faut jamais hésiter à répéter encore, encore et encore, lui, tel un sage bien que plus jeune que moi, m’a tranquillement partagé la façon dont lui avait vécu les joies et les défis que je vis présentement. Échanges qui m’ont fait le plus grand bien. Tout comme te lire ce matin d’ailleurs. Je t’ai écris dans mon cher Moulin, comme toujours sans Wi-Fi, donc sans savoir si tu m’avais écris, si tu étais en train de m’écrire ou si tu allais m’écrire. Tes messages ont toujours transpiré la sincérité, tu m’as écris sans doute sans savoir précisément ce qui me trottait dans la tête, donc même s’il y aurait beaucoup à dire sur ce que tu viens de me transmettre, je commence tout d’abord, dans le même esprit, par te transmettre ce que je t’ai écrit hier et cette nuit, moi aussi sans pouvoir savoir ce qui te trottait dans la tête, tel quel, sans retouche aucune. Voilà!

Merci et bonne journée,
Pierre-Luc

Le voici donc:

Bonjour Laurie,

Je t’écris parce je me demande vraiment dans quel état tu es. Ici, on n’a même pas réussi à allumer les potineux et taquineux, la ribambelle du Moulin a rapidement réoccupé les lieux avec sa vie normale, Gabriel-le-guide-de-Kayak, sans savoir, m’a comme toujours présenté à ses amis de passage comme le grand séducteur de la place avec mes crèmes glacées et mes biscuits maisons qui charmeraient toutes les voyageuses selon ses dires, Daniel a repris sa place à la table avec son Devoir et ré-allumé la Radio à Radio-Canada sans trop porter d’attention à l’émission du moment, ‘’Parasol et Gobelet’’ et sa question du jour : ‘’Vous souvenez-vous de votre premier French? ‘’. Ben tiens, j’men souviens comme si c’était hier que je me suis dit!

Et moi, bien, j’ai essayé de travailler, mais j’ai pas vraiment réussi, l’esprit du manuel de ce monde qui visiblement, n’en est pas toujours un, était un peu trop occupé pour combiner des angles combinés et construire des boîtes étanches pour Bicois II. Ou peut-être est-ce simplement que je sentais plus un besoin de réparer des trucs brisés… Je me suis finalement lancé dans une valeur sûre, je me suis mis les mains à la pâte pour la confection de biscuits, question d’avoir au moins une réussite dans ma journée et ramener tranquillement mon rythme cardiaque à la normale. Je me trouve tellement bête parfois, je regarde à rebours nos messages et je me rend compte que c’était écrit GROS COMME ÇA et pourtant j’ai rien vu venir. Tellement que dans mon avant-dernier message, j’avais senti le besoin de revenir sur mon fameux ‘’entre l’apéro et le latte du matin’’, de peur que ma poésie passe mal et que tu y vois plutôt des propos un peu trop cru à ton goût. Et au Vieux Théâtre me voilà qui était tout fière de te garantir un dortoir sans séduction où tu pourrais profiter d’une nuit tranquille à dormir sur tes deux oreilles. C’est dire à quel point j’étais à côté de la plaque! Après plus de six mois de correspondances, il m’aura fallu cette note au bout de mon lit pour que, vraiment tard, j’allume finalement. Et encore, jusqu’à ‘’la tentative’’, il restait malgré tout un petit 1% de doute dans mon esprit. Et si tout ça n’était qu’une autre belle grosse taquinerie bien ficelée comme certains de mes amis et moi savons si bien le faire entre nous? Dans l’éternel manque de confiance en moi qui me caractérise, tout paraissait possible… sauf la joyeuse réalité.

Je dis souvent que mes co-voiturages, autobus et trains sont indispensables dans ma vie parce qu’une fois que j’ai acheté un billet, prêt pas prêt, je dois foncer et y aller, même si je ne sais pas précisément jusqu’où l’aventure me mènera, comment je vais en revenir ou si je trouverai un toit pour telle et telle nuit. Alors qu’avec une belle voiture en ordre, le réservoir plein, prête à partir, qui m’attend dans la cour, je peu toujours repousser un peu mon départ, encore et encore, et ne jamais partir. Je ne parle pas ici de ma peur du volant. Tout ça n’est qu’une image pour illustrer mes éternelles tergiversations qui me paralysent dans bien des sphères de ma vie, si ce n’est dans mes épopées voyagères pour lesquelles j’ai trouvé un remède. Dans une autre sphère de ma vie, peut-être es-tu l’équivalent (désolé de cette comparaison matérielle) de cette belle voiture au réservoir plein prête à partir.

Je me moque parfois un peu du culte de la routine-et-de-l’habitude-parce-c’est-efficace de Daniel, mais sans doute que moi aussi, malgré une vie un peu singulière, je me laisse parfois bercer par le confort d’une certaine routine vélo-boulot-bateaux. Je pense que j’ai parfois besoin de surprises, de contraintes, d’électro-chocs, comme ce que j’ai vécu samedi. J’admire ceux qui, comme toi, malgré une timidité à temps partiel, sont capables en certains moments d’audace et de foncer tête baisser, sans se soucier pendant deux jours du lendemain. Alors oui, zut, je ne dirai pas le fameux mot tant répété, mais tu monte encore un peu plus dans mon estime et je te regarde là-haut de tout bas il me semble. Alors ne t’en fait pas, je le répète, sans doute avais-je besoin de ce genre de moment de folie. Mais sans doute n’avais-tu pas besoin que je te fasse subir ces moments de doute et d’angoisse. J’ai l’impression que tu n’as rien gagné au change alors que moi, outre ce petit goût de babine de Laurie attrapé au passage, sensation qu’essayait de décrire quelques minutes avant l’ami français, j’ai eu droit à quelques leçons de cette fameuse école de la vie. Je me trouve bien égoïste. Dans mes doutes, pour ne pas dire ma défensive ou même ma fuite, je me dit maintenant que j’ai pu te faire douter de toi même, de ta capacité à user de ta force de charme au-dessus de la moyenne, chose qui est je t’assure toujours intacte. Bref, que j’ai été terriblement blessant. Mes excuses.

Pierre-Luc

Bonjour Laurie,

Pour tout te dire du début, quand je suis bien bien tard finalement arrivé à Saint-Fabien, jeudi soir, et que j’ai stationné cette vétuste camionnette pleine de reliques de spectacle juste à côté d’une Corolla argentée, je me suis dit tiens, je ne suis peut-être pas venu pour rien et je pourrai au moins repartir avec un câlin-gratuit-et-peut-être-plus. M’embrasser dans l’cadre de porte, avec comme public mes amis les plus taquins parmi les taquins, même dans ce lieu qui symboliquement nous uni, effectivement, ça aurait sans doute pas été reçu avec l’attention mérité par le peut-être un peu trop romantique que je suis. Si tu m’avais pisté jusqu’au balcon, les deux pieds dans un environnement Pierre-Luc avec la vue sur un environnement on ne peut plus Laurie juste à nos pieds, on tombe autrement plus dans un champ de possibles, mais bon, de toute façon, ce soir là, je sais pas si ça paraissait, mais moralement, je filais pas trop trop. Disons que j’étais bien mélancolique d’avoir manqué tout de ce spectacle secret qui m’avait été ébruité et qui était certainement celui que je tenais le plus à voir de toute la saison. Au moins, cette fois, parce que j’avais rempli mon rôle ‘’d’Alexandre St-Pierre amateur bénévole’’ avec brio pour un autre spectacle (Halte du Patrimoine) qui me tenait aussi à cœur et non simplement par tergiversation, mauvaise gestion de mon temps et ma carte du club des rendez-vous manqué comme je le fais si bien, yé , c’était au moins ça. Mais aussi, je me sentais vraiment bizarre à me retrouver dans cette ambiance de disco dansante où toi tu semblais être comme un poisson dans l’eau, à espérer que ça ne finisse pas, alors que moi, je me sentais tellement pas à ma place, avec en plus tout le monde qui me demande pourquoi je danse pas. Il y avait bien quelques ringards comme moi dans un coin qui ne dansait pas, mais malgré eux, je trouvais qu’on était tellement les deux extrêmes en ce lieu. À côté de toute cette créativité qui explosait de partout et en particulier de toi, je me suis trouvé tellement ennuyant. Je me suis demandé si j’avais autre chose à offrir que de la crème glacée maison et des beaux yeux bruns. D’autres folies que les folies du printemps des Folles Farines. Si je pouvais aspirer au titre de comète ou de sa trajectoire… J’étais quand même un peu content d’être là car il y avait là plein de gens que j’aime, mais une fois la tournée de politesse terminé, j’ai rapidement senti le besoin de partir, de simplement profiter des quelques rythmes d’un Vieux remplit de jeunes qui percolaient dans les rues avoisinantes, de tourner un peu en rond dans un village que j’aime plutôt que d’avancer de quelques pas en avant… Et quand j’ai eu bouclé ma boucle, j’ai vu une Corolla qui filait son chemin pis que je l’aurais pas mon câlin, à toujours l’attendre au dessert plutôt qu’à le demander en entrée!

Bon, je m’éparpille, mon but était d’écrire au sujet de ce qui se passe dans mon cœur et ma tête… (à suivre…!)

Pierre-Luc

Trois lettres…

Correspondance de N. M. à A. – adolescence, 1987

Lettre 1
 
Salut A. comment sa va moi sa va très mal parce que je sui rentré à l’institu Saint-Georges.
Il mon faite rentre sur observation et je conte revenir a Alma ver les débu février et si je ne suis pas revenu ver les débu février suposément ver milieu avril que je reviendrai pour de bon.
 
Ma mère a du te dir que je suis rentré à l’institu. Je me sui jure sur ta tête que je ne frais plus de (yol?) et maime que jai desider darrêter la drogue.
 
Silvou plait atten moi avec impassience. Mes ne parle pas de sette lette a ta mère sa serè mieu pour elle. Jespère que tu ma compris sur le sujet de ta mère sa risquerai de nous donner des troubles a nous deux.
 
                       merci
                       N. M.
                       (dessin d’un cœur) Je taime
 
 

Lettre 2
 
Allos mon amour comment sa va, moi sa va papir. Je mannui de toi et jai âte de te revoir parce que je me suis aperçu que je taime.
 
 
Et tout les soi je panse a toi et mainme que je rêve a toi. A tu resu la lette que Guy ta donner avant sel là. Si tu veux mécrir tu na qua jetter un cou d’oeuil en bas de la feuille.
 
Jemerai beaucoup qua mon retour qu’on frais une fête et a sette quil ni ai que nous deux. Je t’inviterai chez moi ou on irrai manger dans un restaurent.
 
Tu naurai qua me le dir dans la lette si tu veux. Si tu mécri pas allors je vais savoir ce que sa veux dire. ET sa sera dommage, je conte sur toi pour mécrire.
 
Si tu veux mapeler, apelle moi a ce xxx-0456
numero de téléphone et demende N. M.
.
 
Je te donne la dresse si tu veux mécrire.
 
l’adress ——- bégin chicoutimi

 
 
Lettre 3
 
Salut A.
                                                            
 
 
Moi sa va pas trop pire, et je trouve le temp très très long sens toi. Sur ta première lettre tu me demande si jais slacker la cok « oui » e tu va être très surprise car jais arrêter complettement je fume que la cigarette et du « H ».
 
Si tu veux prendre un conseille de moi pren seulement du « H » mais abuse pas, par que jais pas envi de te voi tout le jour bien stonn.
 
Moi sais la même routine tout les jours, travail la semaine et la fin de semaine. Je fume un petit peu mai pas gros.

Je bois surtout mai sa j’abus un petit peu trop mais en tout ca se nai pas de la cok.
 
Bon, pour la petite soirée à Pâques je suis dacore pour sa et on vireras une galère a nous deux. On s’achèteras un ou deux gm. de « H » pis un bonne 12 de Bleu et bien (rature) sur le plus essensiel.
 
envoi moi un photo de toi s.v.
 
            Je t’aime
            (signature)
            xxxxxxxx et même plus, si tu veux bien sur. 

Le Bal de la cité

Alice et Sandrine, 2016
Maquette d’exposition – images de Alice Boutten et texte de Sandrine Vachon
Alice vient de Lille, en France, et Sandrine de Rimouski. Elles sont toutes deux dans la vingtaine.

J’ai posé une valise
Sur le pas de ma porte
Des vêtements pêle-mêle, un appareil photo
Et la somme de mes nuits blanches
 
J’ai posé une valise
Sur le pas de ma porte
Pourtant je ne sais pas encore
Si je suis prête
 
Comment savoir quand l’heure sera venue
De disparaître?
 
 
Le froissement d’un sac en papier
Sur mes genoux sagement fermés
Une bouteille d’eau pour éteindre le feu
Brûlant au creux de mon ventre

Les yeux fixés sur la route
Tu ne me parles pas
 
 
Je voudrais tendre la main
Effleurer la courbe de ta joue
Et mettre au bout de mes doigts
Toutes les vagues qui me renversent
 
Tu ouvres la fenêtre
Le vent s’engouffre à l’intérieur
Le ciel est lourd et j’ai peur
Que l’acier ne crève les nuages
 
 
Tu avances devant moi
Tu ne te poses aucune question
Tu sais exactement là où tu vas
Mes pas hésitent, mon corps chancelle
 

Devant la porte, tu t’arrêtes
Je ne sais pas si je pourrai
Tu me regardes et ton sourire
Éclaire les ombres, efface les doutes
 
 
J’aurais dû le faire depuis si longtemps déjà
Mais je crois
Que je t’attendais
 
 
Mes vêtements s’empilent sur le carrelage
Je m’agrippe au métal froid du robinet
Les frontières se brouillent déjà
Entre celle que je suis et celle que je serai
 
 
Bientôt j’oublierai mon corps tel qu’il était
Avant que l’amour ne le touche
 
 
Je t’entends approcher
Je ferme les yeux
Le temps se suspend et
Ta main effleure délicatement mon épaule
Je n’ose plus bouger mais
Tes lèvres cherchent mon cou et
Ma respiration s’accélère

Tu me plaques contre toi
Tes seins contre mon dos
Et nous restons immobiles
Pour que le temps grave notre image

Vois-tu ton corps qui se dessine
Dans la buée des vitres?
Tes cheveux mouillés s’enroulant
Sur la peau laiteuse de ta nuque?
L’eau coulera et emportera tout
Les mots, les masques
Incrustés dans la peau
Toutes mes années de mensonges
Seront lavées par le sel de tes baisers
Et par mes pieds qui se crisperont
Sur la porcelaine blanche
 
 
Tu prends ma main dans la tienne
Tu m’entraînes lentement vers le lit
L’ampoule de la lampe grésille
Et mes certitudes s’éteignent
Une à une
 

Combien de femmes se sont-elles aimées
Derrière les remparts de cette ville?
Dans le silence des maisons de pierre
Et la crainte obscure d’un châtiment?
Dis-moi
Combien de femmes corsetées enfermées
Jusqu’à ce qu’elles étouffent jusqu’à ce qu’on les croie folles?
 

Tu poses ta main sur ma bouche et tu ris doucement
Chut! Les voisins vont nous entendre!
Si tu savais comme j’ai besoin qu’on m’entende
Caresse-moi encore, touche-moi jusqu’au centre
Là où personne, jamais, n’a réussi à me toucher
 
 
Je veux que les clochers s’effondrent, je veux
Fissurer le mortier qui retient les pierres ensemble
Je veux
Effacer tout ce qui va de soi, tout ce que l’on accepte
Tu seras aimée d’un homme, petite
Il te protégera
Tous ces mensonges qui s’infiltrent dans la chair
Jusqu’au creux de nos jouissances tous ces mensonges
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants
 

Je te laisserai m’entraîner
Bien au-delà de toutes mes frontières
Tu es mon dedans, tu es mon envers
Mon miroitement
Ma nuit de pleine lune
 
Je n’ai jamais vu cette ville sans toi
Elle existe uniquement dans ton regard
Je n’ai jamais été une autre femme que celle-là
Celle que les passants observent à la dérobée
Parce qu’elle tient dans sa main
La main d’une autre femme
 
Tu ne pourras pas toujours me guider
Dans le labyrinthe des rues de la cité
Mais ce soir tu me soulèves ce soir
Ta peau sera mon sanctuaire
 
 
Aime-moi

Libère-moi dans cette volée de marches
De nos ancêtres auxyeux de pierre
Robes empesées, collets montés
Cœurs palpitants sous la dentelle
Dévale les sillons creusés par la pluie
Des brassées de linge trempé sur une corde
Soulève les souches ensevelies dans la glaise
Défriche-moi, essouffle-moi
Déclenche l’éclatement des molécules d’oxygène
Asphyxiées dans mes poumons cimetières
Reprends tout ce que je sais de mon histoire
Réécris-moi
Un mot à la fois
Sur les lignes bleues de mes veines
 
 
J’ai posé une valise
Sur le pas de ma porte
Il y a des chemins
Qu’on ne peut faire en sens inverse
 
 
J’ai posé une valise
Sur le pas de ma porte
Je ne connais plus la femme
Qui vit ici